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Jtak
263 Lyre Nationale (La), ou
1789; 4815, 1830. Dédié à la
jeune France. Paris, chez V Edi-
teur, 1831, 1 vol. in- 12, cart. bleu
de l'époque. Portraits.
Odes, hymmes, dithyrambes, chants
guerriers et civiques inspirés par la
révol. de 1830 et que l'ancienne police
avait défendus. Bel ex.
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XF iïSù/CU
NATIONALE.
BJBUOTHÊOUE S, J.
U$Fonialim
«O-CHAMIUY
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SE TEOUTE AUSSI , CHEZ
Louis Janet, rue Saint-Jacques, n° 59;
Mabcilly , rae Saint- Jacques, n° 10 ;
Caillot, rue Saint- Andrë-des- Arts , n° 5? ;
V e Demoraine , rne du Petit-Pont, n° 18;
Levavasseub, ) .
.. } auPalais-RoyM;
Delauwat, J j *
Chatet , place du Palais-floyah
PARIS, IMPRIHEUIK DE A. BBLIN,
rue dt» Mathurin» S.-J., n. i^.
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NATIONALE,
on
1789, 1815, 1830,
SBBIB*
A LA JEUNE FRANCE,
AUX GARDES NATIONALES DU ROYAUME,
Recueil complet des Odes, Hymnes, Dithyrambes, Citrate
guerriers et civiques, que la glorieuse Révolution de i83o •
inspirés a tous nos Poètes lyriques, ou que l'ancienne polie*
avait défendus.
chez l'éditeur, rue dauphine, n° 33.
M. DCCC. XXXI.
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LOUIS, PHILIPPE C
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LOUIS-PHILIPPE r
Nos pleurs coulaient encor, même après la victoire, , :
Pour nos fils enlevés sur le seuil de leur gloire ,
Pour les blessés mourans au cri de liberté !
Quelle est donc la fanfare et les salves de joie
Qui viennent ranimer notre cœur attristé ?
Comme un arc-en-ciel pur, quand au loin il déploie
Des nuages pâlis l'éclat ressuscité...
Et ces cris , et ce nom , électrisant la foule ,
Qu'un peuple entier bénit , devant qui se déroule
Le drapeau qui fait fuir notre nouveau Tarquin ?
D'Orléans , d'Orléans , seul tu pus nous comprendre ;
Règne , car pour régner tu n'avais qu'à reprendre
Ton habit de républicain!....
Quand la France apportait une gloire nouvelle ,
Il lui fallait un roi qui fût aussi grand qu'elle ;
Un roi grand d'avenir, immense à son départ , f
A qui Dieu sur le front eût imprimé sa a flamme ,
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Un roi q*ô^l?yft une vaste ^flamme
De nos palmes couverte , et dît : « J'en ai ma part. »
Va donc , toi , le premier des citoyens de France ;
Sur notre sang versé que ton règne commence !
Ce sang comme un engrais , fécondant nos sillons ,
Sera l'huile qui baigne une tête royale...
Mais dédaignant de Reims la pompe monacale,
Roi des Francs , sois sacré par nos vieux bataillons.
ÀLFABU DB8BMA.RTS.
dby Google
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LAFAYETTE.
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LAFATETTE.
Imitons Làfàtbtïe : à l'époque où nous sommes ,
Quel exemple plus beau s'offre parmi les hommes?
H conserva sans tache , et dans sa pureté ,
Sous les divers pouvoirs sa mâle liberté.
Quand l'homme aux grands exploits dont le monde s'étonne ,
De l'affût d'un canon s'élança sur le trône ,
Lataybttb, resté loin de ses courtisans,
Pour l'autel du pays réserva son encens :
Le vieillard immortel n'a point courbé la tête ,
Et juillet lui donna son plus beau jour de fête.
Que son nom glorieux échauffe en notre cœur
Deux sentimens sacrés : la Patrie et Phormeur.
ThXODOR* VlLLElYlVC.
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i
4789;
LE8 ROIS.
• ':,Mf)-.
ODE.
"■,'.'; v . ■ % *.
Si l'homme dut avoir un maître r ; r. .
Le seul qui fut digne 4e i'çtw y . .> .
Le seul qui mérita de seconder, le* f}feu£ ,
CVjsJt un $3ge,roi 4e Jiu> T i^ême m
Et qui de tout l'éclat do»f jl ■^W'£ L AW$W*'»
N'emprunte rien au diadème.
Mais ce mortel su^W ej jurte> "
Ce monarque vraiment apg&ste, .
Refusa d'un vain rang Je dangereux' honneur ;
Et sa gloire seRajl Jétrie , »
S'il eût pu consentir aufu*e»tcibo»he*r
De commander à la patrie.
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S LA LYRE
Ainsi la force aux mains sanglantes ,
L'orgueil aux brigues insolentes ,
Conquérons de la terre , en devinrent les rois
Ainsi leur cace criminelle ,
A son trône de fer sut enchaîner des lois
- Qui n'auraient tonné <jue sur elle.
De là ces publiques furies ,
Ces prodiges de barbaries ,
Néron , Galigula , ces monstres couronnés ,
Dont la rage en crimes féconde ,
Pour frapper d'un seul coup les peuples consternés ,
N'eût voulu qu'une tête au monde.
Possesseur aveugle et bizarre
Du champ public dont il s'empare ,
Au lieu de cultiver, le despote détruit :
C'est le Canadien sauvage ;
Il coupe l'arbre au pied pour en cueillir le fruit :
Sa jouissance est lé ravage.
Mais si l'encensoir fanatique
Joint à la hache despotique , '
Jure de l*univers l'esclavage éternel ;
C'est alors que la race humaine,
Sous le poids écrasant du trône et de Tant»!,
Rampe et meurt en baisant sa chaîne.
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NATIONALE. S
Tel on voit l'animal utile >
Qui , traçant un sillon fertile ,
Engraisse à ses dépens son maître et son bourreau :
Sous le joug il use sa vie 5
Et pour fruit de sa peine , il meurt sous un couteau ,
Et de la main qu'il a nourrie.
O toi que la pourpre environne !
Ne vante point l'éclat du trône ,
Si tu le dois au sang d'aïeux usurpateurs ;
Hais si par un libre suffrage
Tes peuples l'ont donné , ces peuples bienfaiteurs
Doivent-ils craindre leur ouvrage?
Rois, déposez votre tonnerre :
Implorez l'amour de la terre ;
Renversez , détruisez ces exécrables tours,
Ces repaires du despotisme;
Et sur leurs noirs débris élevez pour toujours
Un autel au patriotisme.
Pourquoi cette guerrière élite ?
Pourquoi ce fer du satellite ,
Qui place la terreur entre le peuple et vous?
Ah ! vos craintes sont une offense :
Entourez-vous de coeurs; monarques, aimez-nous :
L'amour sera votre défense.
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4 UkLVU
Voulez-vous méritei ¥ empire ?
De l'humanité qui soupire
Calme» , sécher le* pleurs t craignez de perdre un jouï !
Condamnés à l'orgueil du trône >
A forée de vertus > et de soins , et d'amont ,
Rois , expiez votre couronne.
i
Malheur au roc inaccessible
Dont la cime aride et terrible ,
De sa hauteur stérile épouvanté les yeux !
Gloire à ces montagnes fécondes
Qui semblent n'élever leur tête dans lés ciettx *
Que pour mieux prodiguer leurs ondes !
Loin des oreilles souveraines ,
O vous , dangereuses cyrènes" ,
Vous qui les chatouillez de softs adulateurs !
Et toi » vérité noble et Sainte ,
Perce à travers la foule et l'entens des flatteurs ;
Parle sans détour et sans crainte.
Qu'à ta voix frissonne et palissé
Ce lâche et perfide Narcisse ,
Des passions du maître , esclave Sans pudeur ,
Qui de la couronne éclipsée
Emprunte effrontément une vile splendeur,
Prix infâme du caducée !
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NAÏIONALË.
Brise les cachets tyrantoiuues
De ces oppresseur* po&fcmes ,
Du pâle citoyen noctufttie* ennemis !
Si leur vengeance est légitime ,
Qu'à la sainte èfctrté du flambeau 4e Thétois ,
Elle ose frapper sa victime !
Qu'à son tour sok Jugé I
Ce juge affreux qui te blasphème
Et souilla tre^fougutemps la pureté des lois 2
Que la justice réparée
Soit du bonheur publie -et du trou* des liais
La base éternelle et sacrée !
Eteins les guerres homicides î
Que le souffle des Enméaàk*
Ne fasse plus rUgir les bronzes enflammés !
Ferme ces bouchée effrayantes
Qui hâtaient le courroux des souverains-armés
Et leurs réponses foudroyantes 1
Il est de ces vainqueurs sautages
Dont le char traîne les ïavage* f
Rois dévorant leur peuple -au milieu Àe» combats :
Mais il en est dont la faiblesse
Laisse à pas indolent descendre leurs étais
Dans les tombeaux de la tnolkase.
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6 LA LYBE
Au sein des nymphes d'Amathonte ,
Voyez-les endormis sans honte ,
Sacrifier leur gloire aux lâches voluptés ,
Et d'amour esclaves suprêmes ,
Sur le front insolent des plus viles beautés,
Humilier leurs diadèmes.
Le trône n'a pu les absoudre ;
Ils avaient usurpé fa foudre,
Et de l'encens des dieux enivré leur orgueil :
Biais frappés d'une mort impure ,
Ils vont au lieu funèbre où le ver du cercueil
Attend sa royale pâture.
O rois ! vos passions sinistres
Ont en vain de lâches ministres :
Vos crimes sous le dais en vain sont adorés :
Craignez les dieux , craignez ma lyre ;
Craignez l'affreux remords ! sous vos lambris dorés %
Il vous atteint et vous déchire.
Autant l'univers les abhorre ,
Autant cet univers adore
Marc-Aurèle , Trajan , Louis douze et Titus ,
Et ce Henri, de qui la gloire
Fit monter sur un trône entouré de vertus
La Bienfaisance et la Victoire.
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NATIONALE. 7
Ah ! parmi les règnes tragiques ,
Les jours sangla» ou léthargiques
Qui firent des humains l'opprobre et les malheurs,
S'il naît de ces âmes divines ,
S'il luit un règne heureux , en essuyant ses pleurs ,
Cybèle sort de ses ruines.
Ainsi quand d'horribles nuages
Sur les mers soufflent les naufrages,
Et lancent sur nos bords les vents , l'onde et les feux >
Parmi les éclats du tonnerre ,
Si quelque doux rayon fend l'Olympe orageux ,
Il console un moment la terre.
Ecouchàrd Debruk.
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LALYttE
LES ÉTATS-GÉ^ERAlTt.
ÔÛfe.
terril X7&9.)
Lyre de Pyndare et d'Àlcée ,
Des héros noble volupté , .
Tu languis , muette et glacée ,.
Au fond d'un envieux Léthé !
Squl, dans aes nfcilles poétiques,
Le Brun , sur tes cordes antiques ,
Module ses doctes chansons :
Mais, dans nos jours pusillanimes,
Est-il encor des cœurs sublimes,
Dignes d'applaudir à tes sons ?
Ils veulent de ton harmonie
Eteindre les brûlans accords :
Ils veulent au libre génie
Oter sa fougue et ses transports !
Ils disent à l'aigle rapide :
Avilis ton oeil intrépide ,
Fixé sur l'astre radieux :
Ne va plus au sein des nuages ,
dby Google
NATIONALE.
Te jouer parmi les orages ,
Et porter la foudre des dieux !
Quand sur les vainqueurs d'Olympie , .
Planait le cygne de Dircé,
Peut-être à quelque oreille impie
Son chant parut-il insensé.
S'il n'eût méprisé leurs murmures ,
Qu'importait aux races futures,
Pise , ses chars et ses coursiers ?
Rois de Gatane et d'Agrigente ,
Par lui votre olive indigente
Se change en immortels lauriers.
Par lui , sous un mont qui l'accable ,
Sous d'inaccessibles volcans ,
Gémit la fureur implacable
Du plus horrible des Titans.
De sa poitrine hérissée ,
La cendre et la flamme élancée ,
La nuit , embrase au loin les airs ,
Quand le monstre au fond de ce gouffre ,
Sur un lit de rocs et de soufre ,
Retourne ses flancs entr'ouverts.
O lyre , des temps souveraine ,
Si tu revivais sous mes doigts ,
Jusqu'en sa prison Souterraine,
Je ferais entendre ma voix.
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10 LA LYRE
Au son de ma voix menaçante ,
Bouillonnerait de lave ardente ,
L'Etna par Vulcain dévasté :
Je livrerais à sa furie
Tout ennemi de la patrie ,
De la paix , de l'égalité.
Vous qui portez l'humble prière
Jusqu'au trône de l'éternel !
Vous à qui la vertu guerrière
Transmit un éclat immortel !
Gardez ces nobles privilèges ;
Mais quittez des droits sacrilèges
Nés sous des règnes oppresseurs ;
A ce peuple qui vous contemple
Donnez un magnanime exemple ;
Méritez enfin vos honneurs !
Laissez la noblesse vénale ,
Fille récente de Plutus ,
Défendre cet or qu'elle étale
Au lieu de gloire et de vertus.
Mais vous, favoris de la Gloire !
Mais vous , enfans de la Victoire ,
De cet or détournez les yeux.
C'est par le fer, par la vaillance ,
Par leur sang , vengeur de la France ,
Que s'ennoblirent vos aïeux.
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NATIONALE. il
Sous des; enseignes belliqueuses ,
Ralliant leurs vassaux épars ,
Quand de leurs tours impérieuses
Ils volaient aux dangers de Mars,
Affranchis des impôts vulgaires ,
Leurs biens , noblement tributaires ,
S'honoraient d'un impôt guerrier :
Aussi généreux qu'intrépides ,
Des soldats étaient leurs subsides ;
Leur unique prix , un laurier.
Aujourd'hui Cybèle et Neptune
Vous offrent d'autres prix encor :
Mars est amant de la Fortune ;
Ses palmes ont des rameaux d'or.
Aujourd'hui la Paix elle-même
Fait payer cher au diadème
Le faste indolent qui vous suit ;
Un peuple innombrable et (facile
Cultive un champ , pour lui stérile ,
Dont vous recueillez tout le fruit.
Quels feux s'échappent du Téhare?
Noirs complots ! coupables excès f
Français ! quoi ! votre main barbare
S'est baignée au sang des Français !
Dieux ! quelles fureurs vous animent !
O des tyrans qui vous oppriment ,
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fft LA LYRE
Instrument aveugle» et sourds !
Flots mouvans qu'agite et qu'entraîne
Le souffle lointain de la haine ,
Et le vent orageux des cours !
Qu'au nom d'un bienfaiteur suprême ,
Se taise l'intérêt jaloux !
Autour de ce roi qui vous aime.
Heureux Français» rassemblez-vous;
Depuis les rive* fortunées ,
Qui des Alpes aux Pyrénées ,
Dominent sur les flots amers,
Jusque» aux bords, où ma patrie
Se joint à l'antique Neu$trie ,
Pour commander fi d'autres mers !
Venez au soc patriotique
Unir le glaive et l'encensoir,
Et former un pouvoir unique
Des nœuds clç ce triple pouvoir !
Nation long-temps asservie !
Reprends là liberté , la vie , '
Dans tes comices solennels i
Qu'aux yeux de l'Europe étonnée ,
Repose enfin ta destinée
Sur des fondemens éternels '
Giuçuipi.
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NATIONALE.
LA LIBERTE.
J'ôte bien moins que je ne donne
A l'autorité des bons rois ;
Et si je leur diète des lois,
L'amour , dont je les environne ,
Est l'ornement de leur couronne ,
Et le sûr garant de leurs droits.
De ces fois par qui tout prospère ,
Le monarque tient sa grandeur ;
A leur pouvoir que je révère ,
Chacun 1 des siens doit son bonheur ;
Et plus ma conduite est austère',
Moins je sors de mon caractère ,
Plus mon empire a de douceur.
C'est ainsi qu'à tous je suis chère ;
Mais je ressemble à la pudeur ,
Et la tâche la plus légère
Me rav& honneur et fcveur,
* De ce moment , plus 4e puissance ,
Plus de sceptre , plus d'attributs ,
Et , sons le nom de la licence ,
Je rentre, par mon imprudence,
Dans les fers que j'avais rompus.
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*ft LA LYRE
L'ASSEMBLEE NATIONALE,
DITHYRAMBE.
1790.
Toujours battus desvénts, assiégés par l'orage,
Durant la sombre nuit les Français çgaarés, , ((
Courant de naufrage en naufrage, , K i
Perdaient les droits les plus sacrés.
Par le choc éternel des intérêts contraires ,
Des préjugés rivaux et des lojs arbitraires-,
Le sein de notre empire est encore agité : t (
Mais, vainqueur des noires tempêtes , ,, _
Bientôt va briller sur nos têtes ; ; , /. •
Le jour de la Justice et de la liberté., . ;
Aux généreux accofds^malyreâccouéùmée,
Frémit de son repos, et volant sous me^ «Joiç*?,
D'un zèïe heroîqner animée , ,.:_.;
Brûle de s'unir à ma voix.
Vous tous , ô mes rivaux , amans de l'harmonie,
La Liberté , si noble et si chère au génie ,
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NATIONALE. 15
A iirait-elle pour vous des charmes impuissans?
Dans ces fêtes patriotiques ,
Pourquoi suspendre vos cantiques ?
A qui réservez-vous vos immortels accens ?
Si Ton doit caresser l'audace et l'insolence ,
Des idoles de cour chanter les vils succès ,
O Muses ! gardez le silence ,
Taisez-vous , lyre des Français.
Eloignons tous ces grands de nos divins mystères :
Assez d'autres sans nous seront leurs tributaires j
Qu'ils méritent l'éloge avant de l'obtenir;
Et n'allons point , flatteurs sinistres ,
Valets des rois et des ministres ,
Déshonorer nos chants devant tout l'avenir.
O vous ! qui détestez l'orgueil et la bassesse ,
Du nom de Liberté remplissez vos écrits :
Instruisez , éclairez sans cesse
Un peuple de la gloire épris.
Anéanti long-temps, sans droits, sans équilibre;
Qu'il comprenne à la fin ce que c'est qu'être libre ;
De l'erreur, des abus , soyez , soyez vainqueurs :
Qu'aux jeux sacrés de Melpomène ,
Les traits de la grandeur humaine
Courent en vers brûlans s'imprimer dans les cœurs.
Ah ! faut-il voir encor dans les temps où nous sommes ,
Sons des chefs orgueilleux , des peuples sans fierté ?
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16 LA LYRB
L'esclavage détruit les hommes;
Us sont grands par la Liberté.
Mais si quelque Français , ame impure et flétrie ,
Méprise ton saint nom , vierge de la patrie ,
Qu'il vive dans l'opprobre , et meure abandonné ;
Et que la cendre du perfide ,
Gomme une cendre parricide ,
Répande , au gré des vents , un air empoisonné.
Ton aspect réjouit le mont le plus sauvage ,
Au milieu des rochers enfante les moissons;
Par toi , le plus affreux rivage
Rit environné de glaçons.
L'immortelle Nature à ta voix est soumise ;
Par toi , le jour pesant qui luit sur la Tamise ,
Eclaire un peuple heureux , actif, intelligent ;
Sans toi , divinité chérie ,
Le beau climat de l'Hespérie
Sous d'opulens rayons ftffre un sol indigent.
Le fils du grand Pépin , roi plus grand que son père ,
De tes droits abolis fut le restaurateur ;
Sous le gouvernement prospère
D'un conquérant législateur,
On vit au champ de Mai s'assembler nos ancêtres ;
On vit le peuple Franc , ses nobles et ses prêtres,
Tons enfans de l'état et son commun soutien;
Et le roi de l'Europe entière ,
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NATIONALE. ftf
Plein de leur ame libre et fière ,
N'était au milieu d'eux qu'un premier citoyen.
Mais bientôt à la force unissant l'artifice ,
De ce roi fortuné les enfans malheureux
Laissèrent tomber l'édifice
Construit par ses soins généreux.
Le glaive et l'encensoir, rivaux du diadème ,
Partageaient avec lui la puissance suprême ;
Le peuple fut contraint d'humilier son Iront t
Ramper devint sa seule étude;
Et de sa triple servitude ,
La nation perdue esa chérir l'affront.
Tombe le souvenir de ces temps sacrilèges !
Tombe de nos tyrans la vile ambition !
Fuyez , injustes privilèges,
Droits fondés sur l'oppression !
Fuyez , disparaissez des cités de la France ,
Antiques préjugés des siècles d'ignorance «
Qui, loin de la vertu, supposiez la grandeur !
Périsse l'orgueil despotique ,
Qui , de la majesté publique ,
A si long-temps noirci l'immortelle splendeur !
Les sublimes vertu» et les dons du génie,
Sur des mortels choisis versés à pleines mains ,
Par une distance infinie
Les ont sépares des humains.
3.
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18 LA. LYRE
L'existence ordinaire est de quelques journées :
Ces. favoris du Ciel ont d'autres destinées ;
Ils vivent consacrés a l'immortalité ;
Et leur éloquence enflammée,
Soutien de la terre opprimée ,
Réclame , au nom de tous , la sainte égalité.
Mais d'autres , étalant les trésors , la naissance ,
D'autres, se nourrissant d'un imbécile orgueil ,
A leurs fils léguant la puissance
Vont trouver la honte au cercueil.
Des superstitions, ministres fanatiques,
Du trône usurpateur, complices despotiques ,
Brigands toujours vendus aux brigands couronnés,
Ils voudraient retenir la terre
Dans l'esclavage héréditaire
Où dormirent long-temps les peuples enchaînés.
Courage ! éveillez-vous , citoyens de la France ;
Ne vous flétrissez point aux yeux de l'univers :
Mettez en vous votre espérance ;
Connaissez et brisez vos fers.
N'imitez point, Français, ni vos faibles ancêtres,
Qui , trahissant le peuple et lui croyant des maîtres ,
De l'auguste nature ont ignoré la voix ;
Ni le délire frénétique
De ce peuple de la Baltique ,
Par un choix solennel esclave de ses rois.
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NATIONALE. 19
Asservis comme nous, comme nous d'âge en âge ,
Sous un sceptre insolent, les Anglais abattus,
N'avaient qu'un stérile courage
Et d'insuffisantes vertus.
Leurs destins ont voulu qu'un monarque imbécile ,
Au sein de nos remparts vînt chercher un asyle ;
La nation quittée a reconquis ses droits ;
Et déjà, depuis cent années,
Dans ses campagnes fortunées,
L'abondance a fleuri sous l'ombrage des lois.
O Franklin , Washington, grands compagnons de gloire .
O vous ! à qui la Grèce eût dressé des autels ,
Vous à qui la sévère histoire
Paîra des tributs immortels !
Je ne m'enivre point d'un espoir chimérique ;
La Liberté qui luit aux champs de l'Amérique ,
Eclaira près de vous les regards des Français ;
Et bientôt des récits fidèles
Vont annoncer à nos modèles
Les fruits de leur exemple et nos heureux succès.
Le Russe et l'Ottoman , l'Afrique plus grossière ,
Presque tous les humains sous le joug abrutis,
Au sein d'une antique poussière ,
Baissent leurs fronts anéantis.
Tout sera libre un jour : un jour la tyrannie ,
Sans appui, sans états, de l'univers bannie ,
Ne verra plus le sang cimenter ses autels ;
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20 LA LYRE
Et des vertus,. mère féconde ,
La Liberté , reine du monde ,
Va , sous d'égales lois , rassembler les mortels.
Où donc est ce pouvoir grossi par tant de crimes ?
Où donc est', dirent-ils, ce monstre audacieux?
Ses pieds touchaient aux noirs abîmes;
Son front se perdait dans les cieux.
Il osait commander : les peuples en silence ,
De ses décrets impurs adoraient finsolence ;
Le monde était aux fers : le monde est délivré ;
Et l'auteur de son esclavage ,
Vomi par l'infernal xivage ,
Dans le fond des enfers est à jamais rentré.
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NATIONALE* M
LA MARSEILLAISE.
Musique de l* Auteur.
Allons enfanB de la patrie ,
Le jour de gloire est arrivé ;
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé, {bis.)
Entendez-vous danB les campagnes ,
Mugir ces féroces soldats P
Ils viennent jusque dans vos bras
Egorger vos fils , vos compagnes.
Aux armes ! citoyens ;
Formez vos bataillons ;
Marchez , marchez ,
Qu'un sang impur abreuve vos sillons.
CHOEUR.
Marchons, marchons,
Qu'un sang impur abreuve nos siHons.
Que veut cette horde d'esclaves ,
De traîtres, de rois conjurés?
Pour qui ces ignobles entraves ,
Ces fers dès long-temps préparés? [bis.) ' .
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LA LY*E
Français, pour nous, ah! quel outrage,
Quels transports il doit exciter !
C'est nous qu'on ose méditer
De rendre à l'antique esclavage !
Aux armes , etc.
Quoi ! des cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers ?
Quoi ! ces phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers? (bis.)
Grand Dieu ! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient
De vils despotes deviendraient
Les maîtres de nos destinées ?
Aux armes, etc.
Tremblez, tyrans, et vous perfides,
L'opprobre de tous les partis !
Tremblez ! vos projets parricides
Vont enfin recevoir leur prix, {bis.)
Tout est soldat pour vous combattre.
S'ils tombent , nos jeunes héros ,
La terre en produit de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.
Aux armes , etc.
Français , en guerriers magnanimes ,
Portez ou retenez vos coups;
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NATIONALE. 25
Epargnez ces tristes victimes
A regret s'armant contre nous, (bis.)
Mais ces despotes sanguinaires ,
Mais le» complices de Bouille ,
Tous ces tigres qui sans pitié
Déchirent le sein de leur mère
Aux armes , etc.
Amour sacré de la patrie ,
Conduis , soutiens nos bras vengeurs !
Liberté , liberté chérie ,
Combats avec tes défenseurs ! (bis.)
Sous nos drapeaux que la Victoire
Acooure à tes mâles accens ;
Que tes ennemis ëxpirans
Voient ton triomphe et notre gloire!
Aux armes ! citoyens ;
Formez vos bataillons ; ' "'.'
Marchez, marchez,
Qu'un sang impur abreuve vos sillons.
chobu^. )
MarchoW, marchons, " < •"
Qu'un sang impur abreuve nos sillons.
Rouget de l'Isli.
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Si LA ttKB
LE SALUT DE L'EMPIRE.
Air connu.
Veillons au salut de l'empire ,
Veillons au maintien de nos droits ,
Si le despotisme conspire >
Conspirons la perte des rois;
Liberté* liberté 1
Que tout mortel te rende hommage !
Tyrans , trembles ,
Vous allez expier vos forfaits.
Plutôt la mort que l'esclavage »- ,
C'est la devise des Français. .
Du salut de notre patrie
Dépend celui de l'univers ;
Si jamais elle est asservie ,
Tous les peuple» sont dan» hé foriL;
liberté 1 liberté!
Que tout mortel te rende hommage !
Tyrans , tremblez ,
Voue allez expier vos forfaits ,
Plutôt la mort que l'esclavage ,
C'est la devise des Français.
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KAXUKfALE. l«
Ennemis de la tyrannie ,
Paraisses tout, armez vos bras.
Du fond de l'Europe avilie ,
Marchez avec nous aux combats ;
Liberté ! liberté !
Que ce nom sacré nous rallie.
Poursuivons les tyrans ,
Punissons, punissons leurs forfaits;
/Nous servons la même patrie ,
Les hommes libres sont Français.
Anontmb.
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86 LA ITBE
LE CLUB DES AMIS DES PRIVILÈGES.
1792.
LE PRÉSIDENT. :••,.' '
Vénérables prélats , illustres chevaliers ,
Nobles dames, abbés, intègres conseillers,
Vous tous qui m'écoutez, je ne viens pas vous peindre
Nos maux, présens et ceux que nous avons à craindre s
Vous les connaissez tous. Deux ans déjà passés ,
Les esclaves se sont contre nous courroucés ;
Nous avons vu la France, autrefois si soumise ,
Ebranler a la fois et le trône et l'Eglise ,
Astreindre à des devoirs ses prêtres et son roi.
Que n'avons-nous pas fait pour ramener la foi ?
Rappelez-vous , messieurs, nos chefs vers les frontières
Appelant à grands cris les forces étrangères,
Les protestations de tous les parlemens ,
Des vrais et seuls prélats les pieux mandemens ,
Leurs sermons fraternels, leurs lettres pastorales,
Leur conduite à la cour, et leurs saintes cabales ;
Le ciel a fait toujours échouer nos projets :
Mais , sans me rebuter de nos mauvais succès ,
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NATIONALE. 27
En voua voyant ici , je sens l'espoir renaître :
Le jour de la vengeance est arrivé peut-être.
De ce club entre nous gardons bien le secret ;
Nos ennemis bientôt en sentiront l'effet ,
Sans voir d'où part le coup qui les frappe et* les blesse.
Employons tour à tour et la force et l'adresse :
Ne précipitons rien , ramenons par degrés
Les biens que nous pleurons. Les esprits égarés
Reconnaîtront bientôt que , grâce à nos ancêtres ,
Nous sommes ici-bas faits pour être leurs maîtres.
Oui , mes amis , bientôt , et j'aime à m'en flatter ,
On verra de nouveau les grands se disputer
L'honneur d'être à la cour les favoris des princes ;
Les parlemens, qui vont incessamment rentrer,
Seront assez prudens pour tout enregistrer ;
Les prélats de retour, dans chaque diocèse,
Pourront bénir, prêcher , ordonner à leur aise ;
Et pour récompenser notre soumission ,
Le saint-père levant son interdiction ,
Remettra les Français au nombre des fidèles ,
Et nous assurera les palmes étemelles.
ON CONSEILLER.
Gomme l'a très-bien dit monsieur le président ,
Procédons par degrés. Le mal le plus urgent
Est sans doute, messieurs, le défaut de justice.
Il est donc à propos d'ab^d qu'on rétablisse
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2$: JLALY1E
Les tribunaux , surtout les cours de parlement.
Les procès, dira-t-on, finissent cependant;
Tandis qu'on assoupit les uns dès leur naissance,
D'autres sont assez bien jugés à l'audience.
Sans la forme, messieurs, qu'importe l'équité?
Ces jugement sont tous frappés de nullité.
va kimi.
Mais la religion est d'une autre importance :
Le mal presse ; songez qu'en bonne conscience ,
On se doit aujourd'hui priver des sacremens;
Baptême , mariage , ordres , enterremens ,
Tout est nul de la part de ces prêtres coupables,
Mangeant les revenus des pasteurs véritables.
Ils sont pieux , ils ont du zèle , des vertus,
Dit-on : le beau mérite ! en sont-ils moins intrus P
De la religion que l'amour nous enflamme ;
Oubliez vos procès , et songez à votre âme.
Rendez-nous nos couvens , nos riches prieurés ,
Nos évêchés surtout, et puis vous songerez
Ensuite à prononcer des jugemens en forme.
UN MARQUIS.
Mais tout cela , messieurs > demande un temps énorme ;
En attendant qu'on ait église et tribunaux ,
Si l'on rétablissait quelques droits féodaux ?
LB CONSEILLE*
Ah! monsieur le marquis, citaient des injustices;
Nous serons obligés à quehJKs sacrifices ;
c^a
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NATIONALE. »
Et , puisqu'avec le peuple 11 faudra composer ,
Pour obtenir le reste , il y faut renoncer :
Moi , j'en fais de bon cewir la cession entière.
LE MAftOUIS.
Parbleu ! je le crois bien ; vous n'avez point de terre.
Allez , petit robm , la féodalité
Des grands seigneurs terriens est la propriété ;
Cette propriété , qui vient de nos ancêtres ,
Valait mieux que la vôtre et que celle des prêtres.
l'abbé et d autres prêtres décriant :
Ah!
*e raisiniiiT.
Si vous disputez , disputez donc plus bas.
l'abbé*
Nous contester nos droits ! mais vous n'y pensez pas î
Quelle propriété plus sainte et mieux acquise
Que celle de nos biens ! biens qui , grâce à l'Eglise ,
Plus spécialement au Ciel appartenaient,
Et que de père en fils les prêtres possédaient.
LE MARQUIS.
A rétablir nos droits le parlement s'oppose ,
Et sur le même ton , le clergé prend la chose !
Et moi, je vous soutiens que l'on a fait fort bien
De supprimer des corps qui n'étaient bons à rien ,
Etablis seulement pour juger nos affaires ,
Qu'ils ne pouvaient juger qu'avec leurs secrétaires.
3
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50 LA LYRE
Que les moines d'ailleurs étaient tous fainéans ,
Les prélats débauchés , les docteurs ignorans ,
Nous scandalisant tous de leurs mœurs dissolues ,
Aux dépens des curés à portions congrues.
l'abbb.
Et moi , je vous soutiens que Ton a fort bien fait
De supprimer votre ordre. Est-il juste, en effet,
Que grâces au hasard d'une illustre naissance ,
Un lâche ou bien un sot soit maréchal de France ?
Et nous faut-il enfin laisser battre aujourd'hui ,
Parce que son aïeul , qui valait mieux que lui ,
Contre nos ennemis eut jadis la victoire?
LE CONSEILLER.
Oui , vous avez raison ; et monsieur peut bien croire
Qu'il ne plaidera plus près d'aucun tribunal ,
Pour la perception d'aucun droit féodal.
LE PRÉSIDENT.
Il faut donc rétablir. ...
l'abbb.
Le clergé.
LE MARQUIS.
La noblesse.
LE CONSEILLER
Les parlement.
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NATIONALE. 81
UN NOBLE.
Non pas, messieurs, le droit d'aînesse.
un commis.
La gabelle. .
LE PRÉSIDENT. .
Un moment , messieurs ! accordons-nous.
l'abbb.
Vous étiez des fripons.
LE CONSEILLER.
Et vous donc, qu'étiez-vous?
le marquis aux nobles qui f entourent.
Mes amis , secondez l'ardeur qui me transporte :
Quand la raison se tait , que la force remporte ;
Ne délibérons plus , et sur ces gaillards-là ,
Tombons à coups de sabre.
UN HOMME RAISONNABLE qui Se tTOUVC là 0/1 fie SOU
comment.
Holà ! messieurs , holà !
Calmez-vous. Si le peuple est quelquefois extrême ,
Convenez qu'à présent vous agissez de même.
Je sais qu'on ne doit point insulter aux vaincus ;
Mais vous prouvez très-bien que vous viviez d'abus.
Soyez en paix , avant de nous faire la guerre.
Voulez-vous écouter un avis salutaire ?
Tenez , restez-en là ; conformez vous au temps ,
Et cessez d'apprêter à rire à vos dépens.
Picard.
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M 1ALTBC
DEVOE&S D'UN ROI.
ftAGMENT.
O du pouvoir suprême incroyables abus !
L'onde paie aux tyrans de servtles tributs ;
Le feu même est esclave, et l'air à peine est libre.
Quoi ! tes balances 4'or ont perdu l'équitthae ?
Ciel juste ! Ciel vengeur i sur quel mont escarpé
Veux-tu me rendre enfin mon empire usurpé P
De tout mortel qui naît la terre est le partage :
Doi*>je trouver des fers sur mon propre héritage?
Eh ! qu'importe de vivre à qui vit enchaîné ?
Quand , sous un voile épais , l'œil est emprisonné ,
Que lui sert tout l'éclat dont l'Olympe se dore P
Déesse des grands coeurs, Liberté que j'adore «
Eh ! que n'as-tu plongé dans l'horreur des enfers
Le premier qui reçut ou qui donna des fers ?
L'homme à l'homme est égal. O mortelle infamie !
L'homme a reçu de l'homme une chaîne ennemie;
L'un vendit l'univers par trop de lâcheté ;
L'autre , plus lâche encor, crut l'avoir acheté.
De quel droit , trahissant les droits de la nature ,
Trafiquaient-Us le monde et la race future P
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Sur le choix de née fera étaan ■ noua consultée ,
Nous, de si loin encore par k joug inauatés? ■ <
Non , non , tons les mortels ont nne ame rivale»
Quoi ! du ver an ver raine il est* un intervalle t.. .
Quoi ! le reptile a dit au reptile étonné : "■
Sois esclave , obéis à oe fraat couronné?
Je règne. Ainsi parlait êm. faîte de son herbe r
Plein de fange et d'orgueil , un insecte superbe. '
Oui , le métier dé roi veut , pour apprentissage ,
La leçon du malheur et le conseil du sage.
Si , dans son sein de fer, la dure adversité
Ne sevra quelque temps un prince trop flatté ,
Il flétrit ses aïeux , fl usurpe le trône.
C'est en vain que , paré d'une triple couronne ,
A des peuples tremblant il impose sa loi ,
S'il n'a point fait d'heureux , il n'est pas encor roi.
La voilà l'huile sainte , et l'infaillible marque
Qui doit seule à nos yeux consacrer un monarque !
Le trône a ses devoirs ; le plus fier potentat
N'est que l'agent du peuple , et l'homme de l'état.
Quand sur un bouclier, dans les champs de la gloire ,
Nos pères belliqueux , ces fils de la victoire ,
Elevaient un soldat en invoquant les cieux ,
Ce roi t né leur égal , eut-il d'autres aïeux
Que son coeur et son bras, ses vertus, son courage?
D'une .gloire étrangère il aurait fui l'outrage ;
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54 . LA LYM NATIONALE.
Il devint bob. ancêtre , et son autorité
Eut le dépôt des lois et de la liberté ;
De ses devoirs sacrés s'il a perdu la trace ,
S'il n'a d'autre vertu que l'orgueil de sa race ,
Qu'il ose remonter sur l'antique pavois ,
Et de nos fiers aïeux redemander les voix.
Leurs ombres frémiraient de se donner pour maîtres ,
Ces rois ^ui n'ont de roi qu'un trône et des ancétsea»
Tyrans , disparaissez ! malheur au souverain
Dont l'orgueil s'appuîrait sur un sceptre d'airain !
Un roi serait plus grand s'il voulait moins prétendre ;
Si, plus digne du trône , il osait en descendre ,
Citoyen couronné , roi sans garde et sans cour,
Monarque par la loi , souverain par l'amour
Ecouchard Lb Baun .
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♦ — — — — — — — •tfffyfy— — — — — ,
LES SOUVENIRS D>U1¥ FRANÇAIS.
Ai» : Te ■onrpm-fcu.
Je me souviens des beaux joui* de la France,
A ses enfans disait un vieux soldat,, âi ,
Que ranimait une faible espérance '. • '•.;
Blâmable aux yeux de plus d'un potentat ;
Je me souviens <jue) dans des temps d'alarmes <
De notre gloire, aVides. partisans, ■<
Pour son soutien nous ayons pris les armes :
Ces souvenirs délassent mes vieux ans.
Je me souviens , enfans , de la bataille
Qui se donna dans les champs de Valmy ,
Et je crois voir , criblé par la mitraille ,
Fuir devant nous l'orgueilleux ennemi.
Je vois aussi tous ces preux d'Italie ,
Vaincus deux fois par nos vieux vétérans.
Avec Désaix je parcours la Syrie :
Ces souvenirs délassent mes vieux ans.
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* LALTRK
Ah! l'heureux temps, où plus d'une victoire
A de nos bras attesté le succès !
Comme on brillait des rayons de la gloire !
Ou était fier alors d'être Français.
L'Europe a vu nos phalanges terribles
Faire pâlir le front de ses tyrans.
Ah ! lequel!* temps. I noua éttoni invittcibles :
Ces souvenirs délassent mes vieux ans.
Je me souviens d'Eylau, de Katisbonne;
Mais le vainqueur , hélas ! où le chercher P
Par sa valeur il obtint la couronne ;
Son trône un jour se change eft un rocher.
La Liberté , déesse de la France ,
Voudrait en vain consoler ses enfans
J'aime 4 penser à nos jours de vaiMancet
Ces souvenirs délassent mes vieux ans.
Robsrt, de Triel.
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NATIONALE. 57
LE VIEUX DRAPEAU.
Ai a : Elle aime à rire, elle aime à boire.
De mes vieux compagnons de gloire
Je viens de me voir entouré.
Nos souvenirs m'ont enivré ;
Le vin m'a rendu la mémoire. ^
Fier de mes exploits et des leurs ,
J'ai mon drapeau dans ma chaumière ;
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Il est caché sous l'humble paille
Où je dors pauvre et mutilé ;
Lui qui , sûr de vaincre , a volé
Vingt ans de bataille en bataille.
Chargé de launers et de fleurs ,
Il brilla sur l'Europe entière ;
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs ?
Ce drapeau payait à la France
Tout le sang qu'il nous a coûté :
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96 LA LYRE
Sur le sein de la Liberté
Nosiils jouaient avec sa lance.
Qu'il prouve encore au* oppresseurs
Combien la gloire est roturière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Son aigle est resté dans la poudre ,
Fatigué de lointains exploits.
Rendons-lui le coq des Gaulois ,
Il sut aussi lancer la foudre.
La France , oubliant ses douleurs ,
Le rebénira , libre et fière..
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs ?
Las d'errer avec la Victoire ,
Des lois il deviendra l'appui.
Chaque soldat fut , grâce à lui ,
Citoyen aux bords de la Loire.
Seul il peut voiler nos malheurs;
Déployons-le sur la frontière.
Quand secoûrai-je la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs?
Mais il est là , près de mes armes ;
Un instant osons l'entrevoir.
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NATIONALE.
Viens mon drapeau ! viens mon espoir !
C'est à toi d'essuyer mes larmes. *
D'un guerrier qui verse des pleurs
Le ciel entendra la prière.
Oui , je seeoûrai la poussière
Qui ternit ses nobles couleurs.
P. J. de Bbrànger.
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40 LA LYRE
LA FRANCE EN 1Ô16.
Facit indignatio versuro.
Où suis-je ?.. Qu'ai-je vu ?.. Les voilà donc ces princes
Qu'un sénat insensé rendit à nos provinces ;
Qui devaient , oubliant qu'ils sont du sang des rois >
Citoyens couronnés , régner au nom des lois ;
Qui venaient , disaient-ils , désarmant la victoire ,
Consoler les Français de vingt-cinq ans de gloire.
Ils entrent ï... avec eux la vengeance et l'orgueil
Ont du Louvre indigné franchi l'antique seuil.
Ce n'est plus le sénat , c'est Dieu , c'est leur naissance,
C'est le glaive étranger qui leur soumet la France.
Ils nous osent d'un roi reprocher l'échafaud ;
Ah ! si ce roi , sorti de la nuit du tombeau ,
Armé d'un fer vengeur , venait punir ce crime ,
Nous les verrions pâlir aux yeux de leur victime.
De leurs nobles aïeux , enfans dégénérés ,
Ils invoquent en vain les noms chers et sacrés ,
Ils se disent en vain les fils de Henri quatre :
S'ils l'étaient, ils sauraient pardonner et combattre;
Ils auraient du malheur entendu les leçons ,
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NATIONALE. 41
Et du champ de l'exil rapporté de grands noms (1).
Ah ! si Napoléon sous un joug despotique
Avait assujetti la liberté publique ,
Il fallait , éclairant la foi de ses guerriers ,
Le forcer d'abdiquer son sceptre et ses lauriers;
Mais il ne fallait pas , en brisant ses entraves
Que nous cachaient du moins les palmes de nos braves,
A des fers plus honteux tendre aussitôt les mains ;
Et cherchant dans l'exil de nouveaux souverains ,
Rendre de notre sort les suprêmes arbitres
Ceux qui n'ont au pouvoir d'autres droits, d'autres titres
Que les troubles civils qu'ils nous ont suscités ,
Les complots d'Albion et nos champs dévastés.
Tu n'as que trop payé ta fatale imprudence ,
France ! ô mon pays !... Victorieuse , immense ,
Et riche des tributs de vingt peuples divers ,
Naguère tu marchais reine de l'univers ;
Les chefs-d'œuvre des arts embellissaient tes villes ,
Tes fils étaient nombreux , tes champs étaient fertiles ;
L'étranger, obligé d'admirer ta valeur ,
Etait encor forcé d'admirer ta splendeur,
Alors qu'à ses regards ton heureuse industrie
Etalait des travaux qu'ignorait sa patrie :
Ces ports, ces monumens, ces routes , ces canaux ,
Ces ponts lancés sur l'onde , et ces arcs triomphaux ,
(i) Un seul mérite d'en être excepté, M. le duc d'Orléans, qui,
jeune encore , versa son sang pour une patrie qu'il quittait à regrçU
4-
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42 LA LYRE
Qu'on eût cru de la paix le loisir et les charmes ,
Et qui de toutes parts naissaient au bruit des armes.
Quel changement , ô ciel l sous un sceptre de plomb
Le Français abattu courbe humblement son front ;
Il ne se souvient plus qu'il fut vainqueur et libre ,
Que ses aigles volaient du Niémen au Tibre ,
Et qu'il a le premier , brisant un joug fatal ,
Des révolutions arboré le signal.
C'est peu de lui ravir sa puissance et sa gloire ,
D'exiler ses drapeaux du champ de la victoire,
D'ordonner aux guerriers d'oublier leurs exploits;
On voudrait même encor qu'au mépris de ses droits,
Il s'avouât vingt ans criminel et parjure ,
Foulant aux pieds les lois , outrageant la nature ,
Et qu'il ne se crût libre et sage et glorieux ,
Que du jour où Louis reparut à nos yeux,
Et rentra sans rougir, au palais de ses pères ,
Escorté d'étrangers teints du sang de nos frères.
Cet odieux cortège on eût pu l'oublier;
Au joug d'un prince faible on eût pu se plier;
Mais , hélas ! dans sa cour ce n'est plus lui qui règne ,
Ce n'est pas lui qu'il faut qu'on révère et qu'on craigne ;
C'est d'Artois , des galans imbécile doyen,
Incapable de mal , incapable de bien ,
Au pied des saints autels abjurant ses faiblesses,
Et par des favoris remplaçant ses maîtresses ;
iy Artois dont rien ne pent réveiller la vertu ,
Que vit fuir Quiberon sans avoir combattu ,
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NATIONALE. 43
Et qui , s'il était roi , montrerait à la France ,
Des enfans de Clovis la stupide indolence.
C'est Berri que l'armée appelait à grands cris ,
Et qui lui prodigua l'insulte et le mépris ;
Qui , dès ses jeunes ans , puisa dans les tavernes
Ces mœurs , ce ton grossier qu'ignoraient nos casernes.
C'est son frère , avec art , sous un masque imposteur ,
Cachant de ses projets l'ambitieuse horreur,
Qui, nourri par son oncle aux discordes civiles,
En rallume les feux en parcourant nos villes ;
Ce Thersite royal qui ne sut à propos '
Ni combattre , ni fuir , et se croit un héros.
C'est , plus perfide encor , son épouse hautaine ,
Cette femme qui vit de vengeance et de haine ,
Qui pleure , non des siens le funeste trépas ,
Mais le sang qu'à grands flots elle ne verse pas ;
Ce sont ces courtisans , ces nobles et ces prêtres,
Qui tour' à tour flatteurs et tyrans de leurs maîtres ,
Voudraient nous ramener au temps où nos aïeux
Ne voyaient, n'agissaient, ne pensaient que par eux.
Ceux qui de la terreur nous reprochent les crimes ,
Devraient-ils à leur tour faire aussi des victimes ?
Devraient-ils, surpassant de coupables excès,
Laver aussi leurs bras dans le sang des Français ?
Et cependant on ose , est-ce insulte ou délire ,
Appeler paternel ce tyrannique empire ,
Dont Tibère lui-même aurait été j aloux .
On proclame des rois le meilleur , le plus doux ,
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44 LA LYRE
Un prinee qui punit même alors qu'il pardonne (1),
Qui laisse à des bourreaux le soin de sa couronne.
A sa voix , à la voix des princes de son sang ,
Tout ce qui fut en France et généreux et grand,
Nos meilleurs citoyens , nos héros et nos sages ,
Proscrits , persécutés ; sur de lointains rivages
Vont traîner leur vieillesse et pleurer leur pays.
Bien plus heureux que nous , ils ne sont pas trahis
Dans leurs ressentimens par des amis parjures ;
Ils ne sont pas vaincus , brisés par des tortures ,
Contraints de se livrer eux-mêmes à la mort.
Oui , sous ce règne affreux soupirer est un tort ,
Parler , un attentat ; et chérir sa patrie ,
Accorder quelques pleurs à sa gloire flétrie,
C'est dévouer sa tête aux fers des tribunaux ,
Où siègent tout sanglans des Tin ville nouveaux (2),
Où l'innocence trouve , assis au rang des juges ,
Ses ennemis mortels , des traîtres , des transfuges ,
Dts généraux de cour vieillis loin des combats ,
Ardens persécuteurs des vertus qu'ils n'ont pas.
Tu tombas sous leurs coups, jeune Labédoyère !
Ton âge , ta valeur , les larmes de ta mère ,
Rien n'a pu te sauver. Et toi , rival de Mars ,
D'Elcbingen , dont la foudre , au milieu des hasards ,
(i) L'exil, les condamnations a mort, les catégories, les persécu-
tions locales, etc., etc.
(a) Les conrs pi é votait».
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NATIONALE. 41$
A respecté cent fois les lauriers et la gloire ,
Qui ne devais périr qu'au sein de la Victoire ,
Que l'Europe admirait jusque dans nos revers ,
Avili , dégradé , chargé d'indignes fers,
Tu péris loin des bras armés pour ta défense ,
Léguant à nos guerriers ta gloire et ta vengeance.
Mais la France plaintive à tatat de cruautés
Ne peut-elle opposer ses pairs, ses députés?
Ses députés ! sans doute à leurs sermens fidèles ,
Et de nos droits sacrés actives sentinelles ,
Ils pourraient d'un seul mot renverser nos tyrans ;
Mais de nos libertés ses parjures garans (i)
Sont vendus à la cour; avec elle ils intriguent, /
Contre nos intérêts avec elle ils se liguent ;
Que dis-je ! des bourreaux ils blâment la lenteur,
Et le sang coule à peine au gré de leur fureur.
Pour enrichir un prêtre et .solder des complices,
Leurs lois du malheureux dépouillent les hospices.
Lui disputent le lit qui le doit recevoir ,
Et de son dernier pain lui ravissent l'espoir.
Et quoi ! n'a-t-on pas vu cette assemblée entière
Se lever furieuse et frémir de colère ,
Apprenant qu'une femme (1), au péril de ses jours,
Des jours de son époux a prolongé le cours ;
Qu'aux plus cruels refus opposant son audace ,
Et forçant la victime à lui céder la place ,
(i) La Chambre de i8( 5.
(a) L'héroïque madame de La Valette.
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40 LA LYRE
Cette femme , à qui Rome eût dressé des autels ,
Osa braver la mort sous ses couteaux mortels !
C'est trop long-temps, Français, courber, obéissantes,
Sous un joug odieux vos têtes triomphantes;
C'est trop long-temps , plongés dans un lâche sommeil ,
D'un long ressentiment enchaîner le réveil ,
Souffrir que vos sueurs, vos moissons, vos richesses
S'épuisent en festins, en indignes largesses,
Attisent l'incendie allumé contre vous ,
Et de vos ennemis nourrissent le courroux.
Donnez , donnez enfin l'essor à votre haine.
Dans vos yeux irrités de leur chute prochaine ,
Déjà vos oppresseurs lisent l'arrêt fatal.
La France impatiente appelle le signal ,
Implore l'heureux jour qui séchera ses larmes.
Du fond de leur cachot s'élanceront aux armes
Tous ceux que la vengeance y laisse vivre encor.
La veuve, l'orphelin, de ses vœux , de son or,
Secondera le bras qui vengera la cendre
De l'époux adoré , du père le plus tendre.
Le sang de nos guerriers a lassé l'échafaud ;
De leurs frères tombés sous le fer du bourreau
Us brûlent d'apaiser les ombres indignées ,
De rendre a leur pays ses hautes destinées.
A notre délivrance ardens a concourir ,
Ils veulent avec nous triompher ou mourir.
Ne balançons donc plus , levons-nous , et , semblables
Au fleuve impétueux qui rejette les sables,
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NATIONALE. 47
La fange et le limon qui fatiguaient son cours ,
De notre sol sacré rejetons pour toujours
Ces tyrans sans vertu , ces courtisans perfides ,
Ces chevaliers sans gloire et ces prêtres avides ,
Qui , jusqu'à nos exploits ne pouvant se hausser ,
Jusques à leur néant voudraient nous abaisser.
Gollachb ,
Professeur an Collège Charlemagoe.
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46 LA LYRE
KLÉBER.
CHANT NATIONAL
Il végétait , homme obscur et vulgaire :
La Liberté le prenant par la main :
«c Suis-moi , dit-elle , et le dieu de la guerre
«c Va te frayer un immortel chemin. »
A cette voix son ame se révèle ;
Plus de pensers, de vœux irrésolus :
Son cœur frémit d'une audace nouvelle;
La France compte un grand homme de plus.
Son œil de flamme , et sa noble stature ,
L'ont signalé parmi tous ses égaux ;
Leur choix l'appelle à sa gloire future.
Pour s'acquitter il en fait des héros.
Bientôt, brillant d'ardeur, de renommée ,
Gomme un lion il s'élance aux combats :
La mort qu'il brave accourt , et , désarmée ,
En murmurant s'enfuit devant ses pas.
Le Rhin , la Sambre , et la Meuse et la Loire ,
L'aigle tremblant , ces léopards si fiers,
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NATIONALE. 49
Cent fois l'ont vu couronné par sa gloire ,
Ou plus terrible encor dans ses revers.
Aux autres preux sa valeur réunie ,
Frappa d'effroi le farouche Osmanlis.
Chef souverain! ce que put son génie,
Vous l'attestez , champs d'Héliopolis !
i
Déjà ses lois à l'Egypte conquise
Rendaient la vie , et l'espoir et la paix.
Le fanatisme , au poignard qu'il aiguise ,
A dévoué des jours pleins de bienfaits;
Le brave tombe. Aux paternels rivages
Des bords du Nil , sa chute retentit.
La France pleure , et du sein des nuages ,
A ses regrets l'ombre auguste sourit.
O Liberté ! que tes élans sublimes
Ont enfanté de vertus , de héros !
Quel noble sang ! quelles grandes victimes
Ont consacré ta cause et tes drapeaux !
Ton char , en vain , pour ma triste patrie ,
Semble un moment dans sa course arrêté.
Le siècle marche , et l'avenir nous crie :
Des lois , des lois ! liberté ! liberté !
Rouget db l'Isle.
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SO LA LYRE
LES VÉTÉRANS.
AVRIL 1818.
Naguère en des temps de douleur
Ou méconnut nos vieux services;
Et nous cachions nos cicatrices,
Fiers témoins de notre valeur.
On poursuivait par des injures
Les vainqueurs d'Ukn et d'Iéna^.
On disait , comme à des parjures ,
Ils étaient là.
Oui , nous étions là pour l'honneur ,
Non pour un chef, mais pour la France ;
Toujours armés pour sa défense ,
Aux jours de gloire et de malheur.
Appui de cette auguste mère ,
A sa voix notre sang coula.
Dans sa grandeur, dans sa misère»
Nous étions là.
Tous nos braves ne sont pas morts ,
Il en reste un débris fidèle ;
dby Google
NATIONALE. „ * fl
Et la France qui les appelle
Les verra peu nombreux , mais forts.
Monumens de la vieille armée ,
Devant qui le monde trembla,
Four soutenir sa renommée ,
Nous sommes là.
Pour servir notre souverain ,
Faut-il , dans un péril extrême ,
Venger le peuple qui nous aime ,
Punir l'ennemi qui nous craint ;
Ah ! de l'honneur la voix chérie
Jamais en vain ne nous parla :
Remparts vivans de la patrie ,
Nous étions là.
Cependant aux socs nourriciers
Suspendant nos glaives terribles ,
De l'état citoyens paisibles,
Cédons le poste des guerriers.
Mais si la France , si la gloire
Disaient : Enfans , êtes-vous là ?
Répondons par une victoire :
Oui , nous voilà.
P. J. DE BÉ RANGER.
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K2 LA LYRE
LA COLONNE.
Salut , monument gigantesque
De la valeur et des beaux arts ,
D'une teinte chevaleresque
Toi seul colore nos remparts ;
De quelle gloire t'environne
Le tableau de tant de hauts faits!
Ah ! qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la colonne.
Avec eux la gloire s'exile,
Osa-t-on dire des proscrits ;
Et chacun vers le champ d'asyïe
Tournait des regards attendris.
Malgré les rigueurs de Bellonne ,
La gloire ne peut s'exiler ,
Tant qu'en France on verra briller
Des noms graves sur la colonne.
L'Europe qui dans ma patrie
Un jour pâlit à ton aspect,
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NATIONALE. 35
En brisant ta tète flétrie ,
Pour toi conserve du respect ;
Car des vainqueurs de Babylone >
Des héros morts chez l'étranger ,
Les ombres , pour la protéger ,
Planaient autour de la colonne.
Anglais , fiers d'un jour de victoire ,
Par vingt rois conquis bravement ,
Tu prétends , pour tromper l'histoire ,
Imiter ce beau monument.
Souviens-toi donc , race bretonne ,
Qu'en dépit de tes factions ,
Du bronze de vingt nations
Nous avons formé la colonne.
Et vous , qui domptez les orages ,
Guerriers , vous pouvez désormais
Du sort mépriser les outrages ;
Les héros ne meurent jamais.
Vos noms , si le temps vous moissonne ,
Iront à la postérité ;
Vos brevets d'immortalité
Sont burinés sur la colonne.
Proscrits sur l'onde fugitive ,
Cherchez un destin moins fatal ;
Pour moi , comme la sensitive ,
Je mourrai sur le sol natal ;
5.
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*4 LA LTflUB
Et si la France tin jour m'ordonne
De chercher au loin le bonheur ,
J'irai mourir au champ d'honneur ,
Ou bien au pied de la colonne.
Emile Debrïaux.
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NATIONALE. gg
BERTRAND
AU TOMBEAU DE SON GENERAL.
STANCES.
1820.
Avant de quitter le rivage
Où dort pour jamais un héros ,
Bertrand , près du rocher sauvage ,
A sa tombe adresse ces mots :
C'est donc là que le dieu des mondes
A vu ses beaux jours se flétrir !
Sur un roc , au milieu des ondes ,
Le sort le condamne à mourir.
Ah ! donnez-lui , compagnons de sa gloire,
Seulement une larme , un regret par victoire,
Et plus que lui , jamais Français ,
N'aura coûté de pleurs et de regrets.
Aprçs^ avoir contraint la terre
A trembler vingt ans sous ses pas ,
Ici le rival du tonnerre
Put forcé d'enchaîner son bras.
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S6 LA LYRE
Après avoir lancé sa foudre ,
J'ai vu l'oiseau de Jupiter ,
Ici , presque réduit en poudre ,
Courber un front jadis si fier.
Ah ï donnez-lui , etc.
Celui qui, du haut des colonnes.
Forçait les rois à se cacher ;
Celui qui donnait des couronnes ,
A pour tombe un creux de rocher.
Celui qui balançait Dieu même ,
Etant le vainqueur des vainqueurs f
Tombe loin de son diadème ,
N'a plus d'autels que dans les cœurs.
Ah! donnez-lui, etc.
Du moins on a vu les provinces
A ses pieds brûler leur encens ;
Il eut pour esclaves des princes ,
Et des rois pour ses courtisans.
Partout où grondait le tonnerre ,
Les peuples venaient l'adorer ;
Il est rentré dans la poussière ,
Et moi seul ose 4e pleurer.
Ah ! donnez-lui , etc.
Moi qui partageai son martyre >
A l'Europe qui l'acheta ,
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NATIONALE. 87
Couvert de son sang , j'irai dire :
« Vous que sa gloire épouvanta ,
« Ètes-vous contens de l'épreuve
« Qui l'a plongé dans le cercueil ?
« Et permettez-vous que sa veuve ,
« Son fils et moi portions son deuil ? »
Ah ! donnez-lui , etc.
Lorsque sonna sa dernière heure ,
Un nuage obscurcit mes yeux ,
Et dans la céleste demeure ,
J'aperçus tous nos demi-dieux.
Tous ces preux qu'en France on regrette
Tendaient les bras à ce héros ;
Et la mort , planant sur sa tête ,
Pleurait sur les coups de sa faux.
Ah ! donnez-lui , etc.
Du grand homme que je regrette ,
Refusant tout bienfait nouveau ,
Je ne veux qu'une violette
Qui croisse au pied de son tombeau.
Avec moi j'emporte ses armes ;
Nul monarque n'y touchera :
Encor couvertes de mes larmes,
Un jour son fils les portera.
Ah ï donnez-lui , etc.
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*ft LA LYRE
Adieu , dernier espoir des braves !
Le Destin me dicte la loi
D'aller vivre au sein des esclaves
Qui jadis rampaient devant toi ;
Mais quand finira ma carrière ,
Que Von m'accorde dans ce lieu ,
Près de sa tombe , un peu de terre ,
C'est là mon seul et dernier vœu.
Ah ! donnez-lui , etc.
AlfOSTMS.
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NATIONALE. »»
LE VILS DU GBANB HOMME.
1820.
Astre Baissant levé sur un empire ,
J'entrevoyais l'horizon des grandeurs...
Ma bouche à peine essayait un sourire ,
Des courtisans épiaient mes faveurs.
Tout , à l'envi , d'un avenir prospère
M'offrait déjà les rêves enchantés ;
Et , jeune aiglon , sous l'aile de mon père ,
Je me jouais jles foudres redoutés.
Sur nous bientôt ces foudres éclatèrent ,
( Le sort lassé nous gardait son courroux ! )
Et sous le joug soudain se révoltèrent
Les rois vaincus et les peuples jaloux...
Pour un enfant c'est un hochet frivole
Qu'un sceptre illustre ! il ne l'estime rien.
On me berçait prinee du Capitale,
Je m'éveillai sur le roc Tarpéien.
L'aigle captif s'affranchit ; il traverse
Les champs français par son nom seul frayés ,
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60 LA LYRE
Et d'un coup d'aile , en son essor disperse
Les rois d'un an , de son vol effrayés.
Il ne fallait , pour consommer sa gloire ,
Qu'un jour heureux ! mais il ne l'obtint pas :
Il avait tant fatigué la Victoire ,
Qu'elle ne put doubler pour lui le pas.
11 fit des rois : il leur parlait en maître ,
Et du grand homme ils étaient les vassaux ;
Il fit des rois : pourquoi daigna-t-il l'être ?
Qu'est-il besoin de titres au héros ?.. .
L'un d'eux conserve encor son diadème »
Soldat français , monarque aventureux ;
Et lui , déchu de l'empire suprême ,
Ne m'a légué qu'un rêve douloureux !
Du roi des airs à ce ciel sans limite
Quand on ravit l'essor audacieux ,
Il sent frémir son aile qui s'agite ,
Et son regard cherche l'astre des cieux.
Qu'il dut souffrir , en son ame profonde ,
Le grand captif qu'avait trahi le sort !
Que le géant qui mesurait le monde
Fut à l'étroit , de l'exil à la mort !
D'un demi-dieu je tiens mon origine :
Tant de grandeur est un poids sur mes jours;
Le souvenir de leur source divine.
Plein d'amertume , empoisonne leur cours.
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NATIONALE. 61
L'obscur mortel obtient ce qu'il espère ,
Dans sa famille il trouve le bonheur ;
Et de pleurer au tombeau de mon père ,
Vulgaire enfant , j'aurais eu la douceur.
De mes destins démentant la mémoire ,
Chargé d'un nom si long-temps envié ,
Feuillet perdu de cette grande histoire ,
Fils d'un héros , je languis oublié !
On lui succède, et nul ne le remplace :
Unique en soi , type à jamais brisé ,
Il a régné sans aïeux et sans race ;
Son sceptre gît sur un roc déposé.
! si jamais la France hospitalière
Revendiquait les restes du héros,
Qu'avec amour la colonne guerrière
. Tressaillirait en consacrant ses os !
Mais , colossal , son débris se partage :
De cet Atlas (sort déplorable et beau ! )
Deux mondes ont recueilli l'héritage ,
L'un sa colonne» et l'autre son tombeau.
Nestor de Lamarque.
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62 LA LYRE
LE SACRE DE CHARLE8-LE-SIMPLE.
MAI 182».
Air du Beau Tristan.
Français que Reims a réunis,
Criez : Montjoie et Saint-Denis !
On a refait la sainte ampoule ;
Et , comme au temps de nos aïeux ,
Des passereaux , lâchés en foule ,
Dans l'église volent joyeux.
D'un joug brisé , ces vains présages
Font sourire Sa majesté.
Le peuple crie : Oiseaux , plus que nous soyez sages ;
Gardez bien votre liberté.
Puisqu'aux vieux us on rend leurs droits ,
Moi je remonte à Charles Trois.
Ce successeur de Charlemagne ,
De Simple mérita le nom.
Il avait couru l'Allemagne
Sans illustrer son vieux pennon ;
Pourtant à son sacre on se presse :
Oiseaux et flatteurs ont chanté.
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NATIONALE. 63
Le peuple crie : Oiseaux , point de folle allégresse ;
Gardez bien votre liberté.
Chamarré de vieux oripeaux ,
x Ce roi , grand avaleur d'impôts ,
Marche entouré de ses fidèles ,
Qui tous , en des temps moins heureux ,
Ont suivi les drapeaux rebelles
D'un usurpateur généreux.
Un milliard les met en haleine ;
C'est peu pour la fidélité.
Le peuple crie : Oiseaux , nous payons notre chaîne ;
Gardez bien votre liberté.
Aux pieds de prélats cousus d'or ,
Charles dit son Confiteor.
On l'habille , on le baise, on l'huile;
Puis, au bruit des hymnes sacrés,
Il met la main sur l'Evangile.
Son confesseur lui dit : «< Jurez ;
« Borne , que l'article concerne ,
a Relève d'un serment prêté. »
Le peuple crie : Oiseaux , voilà comme on gouverne ;
Gardez bien votre liberté.
De Charlemagne , en vrai luron ,
Dès qu'il a mis le ceinturon ,
Charles s'étend sur la poussière.
a Roi , crie un soldat , levez-vous !
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64 LA LYRE
— « Non , dit Tévêque, et par saint Pierre
y h Je te couronne : enrichis-nous. x
« Ce qui vient de Dieu vient des prêtres.
« Vive la légitimité ! »
Le peuple crie : Oiseaux , notre maître a des maîtres ;
Gardez bien votre liberté.
Oiseaux , ce roi miraculeux
Va guérir tous les scrofuleux.
Fuyez , vous qui , de son cortège ,
Dissipez seuls l'ennui mortel ;
Vous pourriez faire un sacrilège
En voltigeant sur cet autel.
Des bourreaux sont les sentinelles
Que pose ici la piété.
Le peuple crie : Oiseaux , nous envions vos ailes ;
Gardez bien votre liberté.
P. J. DE BÉRANGER.
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NATIONALE. 64
LE REVEREND PERE ANGE
DE IMONTROUGE
AU GENERAL DE L'ORDRE A ROME.
EPITRE
QUI «'A PAS TROUVÉ d'iMPBIMIUR EN l8a5.
Que d'un œil paternel Loyola te regarde !
Que Jésus te conserve en sa très-sainte garde !
Révérend père , ô toi , qu'au trône ultramontain
Associa jadis un bienheureux destin ;
O toi qui tiens du ciel de sacrés privilèges ,
Pour régner sur les rois comme sur les collèges ,
Permets que de Montrouge , asile de tes lois ,
Un fils indigne élève une timide voix ,
Et du pieux dessein qu'attend la Providence
Livre à ta sainteté l'entière confidence !
Non ; ton cher La Mennais , dans dix in-octavo ,
N'a pas d'un plan si vaste illustré son cerveau ;
C'est notre ange gardien , c'est l'esprit qui m'inspire;
Puisse mon faible bras relever notre empire !
6.
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66 LA LYRE
La Vierge en soit bénie ! Ignace est triomphant !
La France nous accuse , et Bonald nous défend !
Et quoi ! complice affreux d'une feuille imprudente ,
Monsieur Z** (i) nous poursuit de sa prose mordante ,
Et deux journaux (2) proscrits, à vingt mille abonnés,
Dénoncent nos forfaits par Dieu même ordonnés.
Et quoi ! la haine active et l'avide avarice
Font gémir jour et nuit la presse accusatrice !
Bien plus , ce bon Tartufe , au dévot caractère ,
Vient subir tous les soirs l'outrage du parterre ;
Tandis qu'heureux phénix , de ses cendres sorti ,
De puissance et d'honneurs , Ignace est investi ;
Et, roi dépossédé , va sur l'esprit immonde , *
L'encensoir à la main , reconquérir le monde !
Du prophète déjà le texte s'accomplit;
De nos bataillons noirs l'univers se remplit ;
Mais de l'impiété l'exécrable démence .
Contre le doux Jésus prêche une ligue immense ,
Et du vieux Port-Royal héritant tout l'orgueil ,
De la jeune Sorbonne apprête le cercueil.
Attendrons-nous , grand Dieu ! satellites du pape ,
Que d'un' nouvel exil un parlement nous frappe?
Ne sommes-nous donc plus les confesseurs des rois ?
Oui , le jour est venu de ressaisir nos droits :
(1) Hoffmann, rédacteur du Journal des Débats,
(a) Le Constitutionnel et le Courrier frairçaia. Voir leur proce*
de tendance.
Digitize^by G00gle
NATIONALE. «f
Sans allumer la foudre aux mains apostoliques ,
Ecrasons l'indévot sous nos pieds catholiques ;
Et retrempant nos bras dans un sang ennemi ,
Nous fêterons encor la Saint-Barthélémy !
Avant que de Satan , l'éternelle malice
Eût de l'imprimerie inventé l'artifice ,
Et , pour nourrir l'enfer de ses tristes moissons ,
De la science au loin répandu les poisons,
Epaississant la nuit d'une crasse ignorance ,
Les saints du paradis se partageaient la France ,
Et même de François , les ignobles troupeaux ,
Des sueurs du vilain s'engraissaient en repos ;
Le respect entourait nos riches monastères ,
De l'antique savoir muets dépositaires;
A l'aspect révéré d'un frater noir ou blanc ,
Le serf à deux genoux se courbait en tremblant ;
Et le noble payait de sa fortune entière
L'honneur d'aller pourrir en froc au cimetière.
Malheur à l'imprudent qui de la Trinité
Abordait sans frémir la triple obscurité !
L'Albigeois , qu'on grillait en pompe , an bruit de» psaumes
Descendait tout rôti dans les brûlans royaumes.
O mœurs du bon vieux temps! combien nous vous aimons !
On ne savait pas lire , on allait aux sermons ;
Le roi même au lutrin entonnait une antienne ,
Et la pourpre couvrait l'humilité chrétienne.
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68 LA LYRE
Tout changea dès que l'homme eut appris à penser :
Vers la nouvelle aurore il osa s'élancer ;
Et son œil , affranchi de la nuit coutumière ,
S'essaya par degrés à fixer la lumière.
Encore de gros legs nous advenaient souvent ,
Et pour gagner le Ciel on fondait un couvent.
Enfin Luther parut , noirci d'encre et de crimes ; .
Calvin nous dépouilla de respects et de dimes ;
Jansénius forma tous ses dogmes pervers.
Que Quesnel , in-quarto , sema dans l'univers ;
Pascal , d'un fiel amer empoisonna sa plume ;
Arnauld sut nous lancer , par mois , un lourd volume ;
Voltaire , à soixante ans , cet ante-christ vainqueur ,
Fatigua Loyola de son rire moqueur ;
Diderot , D'Alembert , une secte hardie ,
Nous écrasa du poids de l'Encyclopédie ;
Montesquieu.... Mais pourquoi redemander des pleurs
Au souvenir récent de nos longues douleurs ?
Les méchans ont du Ciel épuisé l'indulgence :
Par un Bies irœ, saluons la vengeance.
Si l'image de Dieu , dans ce siècle indompté ,
Peut à l'abri des lois penser en liberté ,
Nous espérons en vain à la France chérie
Rendre des temps pusses l'heureuse barbarie ,
Et dans Paris désert , fonder, par charité ,
De l'inquisition le trône ensanglanté.
dby Google
NATIONALE. , «9
L'avenir nous promet une victoire aisée ;
Dans le secret des cœurs , exilons la pensée ,
Enchaînons de son vol l'essor indépendant.
Franchet qu'à l'Institut attache un zèle ardent ,
Déjà de la police armant la vigilance ,
Offre à Dieu cet argus qui comprend le silence ;
Franchet veut qu'à l'index l'Evangile soit mis (i) ,
Et par ses soins Moïse au pilon est promis.
Courage ! l'imprimeur, qu'un dur arrêt menace ,
Se brouille avec le JVain (a) que défiait Ignace.
De la sainte Genlis les écrits inspirés
Alongeront encor les orateurs sacrés ,
Et ses romans moraux , miracles littéraires ,
Pourront catéchiser les petits séminaires.
Le frère ignorantin , par décret propagé ,
Etale fièrement son chapeau protégé ,
Et d'une robe noire , admirez le prestige !
Conduit à la vertu l'enfance qu'il fustige'.
De Pigault sous nos coups l'éditeur succomba ;
Par ordre nous allons ruiner vingt Barba (3) ;
Et le grand Valéry , que l'amour de Dieu presse ,
Souscrit pour Charles x aux Crimes de la Presse (4). ,
(i) Procès de l'Erangile Touquet.
(a) Procès du Nain.- Jaune.
(3) Le brevet de Barba retiré.
(4) Fameux livre jésuitique publié che* Potey,
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TO LA LYRfi
Le saint-office en France ! à sublime projet ,
Qui de vingt millions grossira le budget !
O Benoîts députés, dont l'appétit austère
Voit , sans changer jamais , changer le ministère ,
Vous qu'à sa sainte table engraisse Peyronnet,
Au nom du saint-office opinez du bonnet ;
Qu'un vote charitable indemnise les moines ;
Un jour vous bénirez la chère des chanoines.
Que de saint Dominique , apôtre de Thémis ,
Le glaive infatigableen ta main soit remis ;
Que Bellart , dont Montrouge a conquis la belle ame ,
Du bûcher de Dolet ressuscite la flamme.
Franchet , à l'œil de lynx , l'effroi des huguenots ,
De la Sainte-Hermandad peuplera les cachots.
Et, beau dévot de cour, Sosthènes régira
Avec les mêmes lois Montrouge et l'Opéra.
Par avance abrogeant l'édit qui nous exile ,
La vieille cour nous ouvre un glorieux asile ;
Je vois des directeurs renaître les beaux jours :
Les dévotes et Dieu nous aimeront toujours.
La France à notre joug pieusement se livre :
Quand pourrons-nous brûler l'auteur avec son livre !
Daigne , par le latin d'un bref officiel,
Mon père , intéresser à la cause du Ciel
Ce ministre absolu que Saint-Acheul protège ,
Qui promet à l'autel le sang du sacrilège ,
dby Google
NATIONALE. 7|
Ce Mazarin gascon , dont l'inquiète ardeur
Et de larmes et d'or eimente sa grandeur.
Qu'un arrêt du conseil nous venge et nous rassure ;
Qu'il livre les journaux au fer de la censure ;
Et tremblent les Courrier (i) dont les ris indécens
Ont ébranlé son Louvre et nos cloîtres naissans.
Que Villèle demande à son esprit fertile
Une certaine loi, dont la rigueur utile
Décime des auteurs le peuple criminel,
. Et prépare à la presse un sommeil éternel.
Eblouis ses regards d'un trésor d'indulgences ; .
Menace ses refus des célestes vengeances ;
Achète ses bienfaits au prix du paradis....
Mais qu'importe le Ciel à ces Crésus maudits ,
Dont Plutus est l'idole , et la Bourse le temple ,
Et qui , Barème en main , de Law suivent l'exemple ?
Eh bien ! forçons Villèle à défendre Jésus,
Et que Satan travaille au bonheur des élus.
De saint Pierre vieilli laissons dormir la foudre ,
Oublions notre emploi de damner et d'absoudre ;
Pas d'inutiles brefs ni de mandemcns vains ,
Contre un plebs imbécile artifices divins.
Villèle se riait de ces âmes gothiques :
La crainte nous rendra ses secours hérétiques ;
Son sort à nos destins se lira désormais ,
Car l'Eglise, il le sait , ne pardonne jamais.
(i) Paul-Louis ConrrieV-, assassine.
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72 LA LYRE
Un cri de désespoir , que la France répète ,
Sur son trône d'argile appelle la tempête ;
Rome , des trois pour cent , peut reculer l' affront. .
Mon père , du succès ton zèle nous répond.
Puissions-nous , descendant des palais aux chaumières,
Sous le manteau d'Ignace étouffer les lumières !
Paul Lacroix.
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NATIOMVlE. 75
AVANT. PENDANT ET APBES.
1813. ' •
Aik : Je sub fie natif de Ferrare. .
Je sais né natif d'un village
Où j'étais coq en mon jeune âge ,
Jouant , buvant , grugeant , chassant ;
En ces temps-là c'était avant.
La débauche allait joliment.
J'étais bon pour le gaspillage ,
Habile à manger le fermage ,
Mais l'esprit n'était pas mon fort ;
Quel pauvre homme j'étais d'abord ! {bis.)
Un beau jour les gens de la ferme ,
Lassés de ne point voir de terme
Aux sottises de leur gérant ,
Je fus chassé du bâtiment ;
En ce temps-là c'était pendant.
Alors j'allai de ville en ville ,
Mendier du pain, un asile.
Courage ne fut pas mon fort ;
Quel pauvre homme j'étais encor ! (bis.)
7
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74 jMunru
Mais le hasard me favorise ;
Je me retrouve, avec surprise ,
Maître de mes anciens guérets.
Jftïta mol tout a flût de» progrès*,
En ce temps que Ton nomme après.
Le diable vieux se .lait ermite ;
De roué je me fais jésuite ;
Les repoaoixs , c'est là mou fort :
Quel pauvre homme je suis encor !
Akoktmi.
■ »: j.>,.;: ,:j:i[ .i ' v - *i *» l ' *
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NATIONALE. ¥*
il i i i , i Bgescagatt:
DEMENCE SE CHARLUS X.
1927.
Air : Excusez , si je vous, dérange.
Un jour, le roi , qui se fait vieux,
A son lever, quelle indécence !
Tint des propos séditieux ,
Dont la cour blâma la licence.
Je feux , disait-il , mettre en bat
Ce ministère malhonnête j
Le trois pour cent ne me plaît pas...
Et chacun s'écriait tout bas :
Sa Majesté n'a plus sa tête.
Loin de moi , lâchés conseillers ,
J'ai déjà trop lait de sottises;
Débarrasse* mes escaliers,
Allez pourrir dans mes églises.
Du péehé j'aimais k douceur ;
Lorsqu'à me damner je m'apprêta ,
Je ne veux plus de confesseurs ,
De jésuites .et de censeurs...
Sa Majesté n'a plus sa tête.
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.76 LA LYH£
Qu'on ne me parle désormais
Des émigrés , ni de la presse ;
J'annulle et supprime à jamais
Le timbre avec le dtéif d'aînesse ;
Au diable et le pape et les sots ,
Et la Sorbonne et la Gazette,
Le jubilé , puis les dévots ,
Les capucins et les cagots...
Sa Majesté n'a plus sa tête.
Guerre à Mahmoud , guerre au turban ,
Le sort des Hellènes m'attriste ;
Victoire : dût le Drapeau Blanc
Me traiter de bonapartiste ,
Marchons, suivez-moi, vieux guerriers!.,
Délivrons Corinthe et la Crète : (
Je qukte cerfs et lévriers '
Pour voler aux chasips-des lauriers...
Sa Majesté n'a plus sa tête.
Assez long-temps j'ai méconnu
Le mérite de nos grands hommes ;
Trop d'intrigans ont obtenu '
Des rubans et de larges sommes. :
Que les beaux arts, pour les venger,
Aient une récompense honnête ;
De chaîne», loin de le charger,
Que l'on décore Béranger...
Sa Majesté n'a plus sa tête.
dby Google
Je veux renvoyer de chez moi ,
Peyronnet, Viilèle et Corbière;
Qu'ils partent ! je veux être roi ,
Et gouverner à ma manière.
Je veux ouvrir un libre aceèsf,
Même à la pensée indiscrète ;
Je veux et la charte et la paix ,
Je veux le bonheur des Français...
Sa Majesté n'a plus sa tête.
Attribué à P. J. de Beranger.
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78 LA LYtoK
LE SACRILEGE.
1827.
Aim : F«ud*U verto.
Enfin la palme est au clergé !
L'agneau sans tache est enragé.
J («».:
-N'envions rien à nos ancêtres ,
Ni la dîme , ni les fagots ;
Le diable a , par la voix des prêtres ,
Soufflé nos députés cagots.
Enfin la palme est au clergé ! \ (b)
L'agneau sans tache est enragé, j
On a su nous prouver en forme
Qu'on avait tué le bon Dieu;
A commettre ce cas énorme
On risque maintenant gros jeu.
Enfin la palme est au clergé !
L'agneau sans tache est enragé.
J (**•)
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A genoux , nation mutine !
Les chambres , d'accord se trouvant,
Ont dit : Vite à la guillotine
Les assassins du pain vivant.
Enfin la palme est au clergé ! •
L'agneau sans tache est enragé, f * ''
On voit à ces notables marques
Que nous marchons à reculons;
Pour sceptres bientôt leï monarques
Ne tiendront que des goupillons.
Enfin la palme efit ara clergé ! I .
L'agneau sans tache est enragé ! (
Aux ultramontains rien n'échappe ;
Montrouge va toujours son train ;
Dans peu les majestés en chappe
Chanteront gaiment au lutrin :
Enfin la palme est au clergé ! I ,, . *
L'agneau mhs tache est enragé. J ^ ls ''
V. Darthenay.
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40 . .M^IWfr
■ ■ i , m m a b i ri.jn i . i l
LÇS NOVEMBRISEUftS,
IMPROVISATION LYRIQUE
DEDIEE A LA COJJR ROYALE DE PARIS.
I '' 1827. ■ <»> *
Oui, de la Charte déchirée
Je ramasserai les lambeaux; . . , „ ■ t ,
Oui , devant la France éplorée ,
Je veux les accuser de leurs forfaits nouveaux !
Eh quoi! lorsque la Renommée
Proclame avec transport le nom de Navarin ,
Quand le front ténébreux de la Grèce opprimée
S'éclaircit aux rayons d'un plus heureux destin ;
Sons le pâle reflet qu'il emprunte à la gloire
Couvrant de ses complots et la ruse et l'orgueil ,
Un pouvoir ennemi veut aussi sa victoire :
France , ta l'apprendras par le sang et le deuil !
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NATIONALE. SI
Déjà de l'auguste pairie
Par les décrets d'un jour usant la dignité ,
Il voudrait, contre la patrie,
Y trouver le rempart de tant d'iniquité.
Vains efforts cependant !.... Qu'il garde ses alarmes !
La France le condamne , et n'a plus qu'une voix :
La France entière est sous les armes ,
Elle est sous les armes des lois !
La force ne saurait consacrer l'injustice ,
L'injustice qui tremble en essayant ses coups ,
Qui de la vengeance propice
Hâte les pas tardifs et grossit le courroux !
Elle est lente , il est vrai, mais n'en est pas moins sûre.
Le sang assez long-temps coula de la blessure :
Il fume , il crie encore , et doit être Vengé !
La bacbe des bourreaux ne peut dans sa racine
Du grand arbre des lois consommer la ruine ;
L'honneur français enfin se relève outragé !
Vous osez vous nommer les protecteurs du trône ,
Et dans le sang français vous trempez la couronne ,
Et vous nous commandez les malédictions !
Agens novembrisburs des discordes civiles ,
La terreur, près de vous, évoque dans nos villes
Le spectre ensanglanté des révolutions ! ! !
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8ft LALYWe
A ce fantôme vain de votre monarchie
Vous soufflez les fureurs qu'enfante l' anarchie;
Des fils de saint Louis vous souillez l'étendard....
Par ces assassinats , nés de vos barricades ,
Préludez aux beaux jours promis aux dragonnades:
Les jésuites prendront leur croix et leur poignard.
La garde citoyenne eût prévenu, le crime :
Elle n'est plus. Pour vous tout devient légitime ,
Par votre impunité vous êtes enhardis.
N'attristez point le cœur d'un monarque paisible ,
Et ne rapprochez plus , par un forfait horrible »
Les jours de CharlesnNeuf des jouis de Charles-Dix !
Il ne souffrira point que sa puissance auguste
Se déshérite en vous du nom sacré de Juste :
Ses yeux seront ouverts sur ses vrais ennemis....
Nous opposons , couverts d'une invincible égide ,
Le calme à vos excès , les lois à l'homicide ,
Au glaive des tyrans le glaive de Thémis !
Nestor os Lamarqvb.
dby Google
NATIONAL*.
LAI8SEZ-LE& PASSER.
CHANSON.
1888.
Gênez le ruisseau qui circule ,
Il s'enfle et devient un torrent ;
Persécutez le ridicule ,
Vous le renforcez à l'instant j
Riez de sa course éphémère,
Et bientôt il Ta s'éclipser :
Laissez-le faire ,
Laisseî-le passer.
Voyez l'ultra <(ui se démène
Au fond de son petit castel ,
Pour ramener l'espèce humaine
Aux beaux jours de Charles-Martel ;
Il brandit sa vieille rapière
Qui ne saurait plus vous blesser :
Laissez-le faire,
Laissez-le passer.
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84 LA LYRE
Ce prélat de haute naissance
Dit que le Ciel est outragé
Depuis que le tiers de la France
N'est plus dans les mains du clergé ;
S'il prêche l'ignorance en chaire ,
N'allez pas vous en courroucer :
Laissez-le faire , . _
Laissez-le passer.
De nos jours l'hydre despotique
S'épuise en efforts superflus
Pour tenir sous le joug antique
Les peuples qui n'en veulent plus ;
Le temps , mieux que notre colère ,
Suffira pour les terrasser:
Laissons-la faire ,
Laissons-la passer.
Loin de vexer la triste engeance
Qui fait la guerre a la raison ,
Attendons avec patience
Les effets de* l'instruction.
Quand le peuple lit et s'éclaire ,
Le règne des sots doit cesser :
Laissons-les faire ,
Laissons-les passer.
Chafoware , de Genève.
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NATIONALE. 8»
LE SIECLE ET LA POESIE.
FRAGMENT.
1828.
. . |. . . K .
Ils ne sont plus ces temps où le Français léger,
Se courbant sous un joug qu'il n'osait pas juger,
Pour repousser ce roc qui retombait sans cesse ,
Faisait de la gâîté son unique déesse ;
Rien ne pouvait fixer son esprit inconstant ;
Courbé sous les impôts il payait en chantant ,
Et se croyait vengé lorsque , dans sa colère ,
Il avait d'un couplet puni le ministère.
Plus tard nous avons vu , par l'amour enchaînés,
Nos auteurs tout à coup vers son temple entraînés ,
Fatiguer les échos de leurs tendres alarmes :
Ce n'étaient que soupirs et qu'amoureuses larmes ,
8
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86 LA LYftE
Heureux quand la beauté dont ils étaient épris
Voulait bien accueillir le bouquet à Chloris ;
Alors leur nom , vainqueur du temps et de l'orage ,
Du flot rongeur des ans croyait braver l'outrage ,
Et contre un madrigal en tous lient répété
Ils escomptaient vivans leur immortalité.
Du sein de cette foule inerte et ridicule
Sortirent cependant nos modernes Tibulle ;
Par le goût épuré , leurs chants voluptueux
Dépouillèrent l'amour d'un jargon fastueux.
Loin d'être recherché , leur chant ne fut que tendre,
Et du cœur échappé notre cœur put l'entendre...
Qui de nous , les suivant dans ces rians bosquets
Qui courbaient autour d'eux leurs feuillages discrets ,
Heureux de leur bonheur, triste de leurs alarmes,
N'a senti dans ses yeux couler de douces larmes ,
Sans pouvoir distinguer , palpitant de désir ,
Si ces larmes étaient de peine ou de plaisir ?
Pourquoi, si gracieux , si tendres, si faciles ,
Leurs accens charment-ils nos oreilles dociles?
C'est que du temps qui fuit, accompagnant le cours,
Dans un siècle galant ils chantaient les amours ,
Et qu'ils ont su trouver , loin des routes tracées ,
Pour de nouveaux objets de nouvelles pensées.
Ainsi qu'eux an passé ehassant le souvenir ,
Dans le sein du présent puisons notre avenir.
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NATIONALE. 87
Gomme uji torrent de lave, au travers de notre âge
Les révolutions ont marqué leur passage ,
Et le siècle attristé demande en ses douleurs
D'énergiques accens et d'héroïques pleurs.
Chantons donc , mais non plus sur la lyre amollie
Que Tibulle accordait aux genoux de Délie ;
Bannissons de nos chants les amours trop usés
De ces dieux qu'aux Romains les Grecs ont imposés.
Non que je nie ici les grâces dont Homère
Sut jadis revêtir leur foule mensongère ,
Mais ce char d' 4pollon classiquement traîné
S'est déjà trois mille ans dans les cieux promené.
Jupin depuis ce temps à l'Olympe préside ;
Neptune règne en paix sur la plaine liquide ;
Et par-delà le Styx l'implacable Pluton
Livre les grands forfaits aux serpens d'Alecton.
Assez profondément ils ont marqué leur trace
Sur ce globe inconstant où tout change et s'efface.
11 est temps d'oublier leur Parnasse fictif ;
L'époque est sérieuse et veut du positif.
Détrônant des neuf Sœurs la famille éternelle ,
Notre siècle a vu naître une muse nouvelle ;
Et debout au sommet du Pinde déserté ,
Elle a dit : Chantez-moi , je suis la Liberté ï
A cette même yokx qui grondait sur la France ,
Jadis un peuple entier , soupçonnant sa puissance >
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88 LA LYRE
Se leva tout-à-coup, et déniant leurs droits,
Sous les débris du trône il écrasa; les rois.
Si le bruit imposant de leur chute rapide
N'a pas frappé ton cœur comme un écho stupide ,
Poète, prends ta lyre, et, Child-Harold nouveau ,
A ce vaste incendie allumant un flambeau ,
Porte tes pas errans jusqu'au fond des abîmes
Où des tyrans d'un jour entassaient leurs victimes :
De la nuit du tombeau traîne leur souvenir
Devant le tribunal où siège l'avenir.
Là, dans tes jugemens qu'approuvera l'histoire,
Distribue à chacun l'infamie ou la gloire ;
Exaltant dans tes vers un noble assassinat,
Suis le fer de Corday jusqu'au cœur de Marat ;
De son pouvoir rival évoque le complice ,
Peins-le pâle et tremblant à l'aspect du supplice ,
De ses bras enchaînés suppliant le bourreau ;
Puis oppose soudain à ce hideux tableau
Ces fiers républicains dignes des jours antiques ,
Qui saluaient la mort de chants patriotiques.
Mais si les échafauds dressés de toutes parts
De leurs reflets sanglahs fatiguent tes regards,
Porte-les vers ces champs où plane la victoire.
Là , le sang coule aussi , mais versé par la gloire ;
Là , serrant avec nous un éternel lien ,
Fier du nom de soldat , un prince citoyen ,
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NAVHHfALE.
A Jemmape , à Valmy , rangé sous nos bannières T
De l'univers surpris nous ouvre la barrière.
Vois-tu plus loin grandir dans la poudre des camps
Ce jeune homme vieilli par ses combats fréquens?
Seul parmi ces guerriers que son génie étonne ,
Il sait où là victoire a caché sa couronne.
Porté sur un pavois élevé par ses mains ,
César , il nous rendra l'aigle des vieux Romains,
Et révélant soudain ses volontés hautaines,
De l'or des nations nous forgera des chaînes.
Vois-tu sa main passer sur son front soucieux ,
Et ses sourcils pensifs s'abaisser sur ses yeux ?
Gomme le montagnard fier d'une double vue ,
Par lui dans le lointain sa gloire est entrevue ,
Et sans cesse rêvant le pouvoir souverain ,
H nous courbe en espoir sous son sceptre d'airain.
Des hauteurs où la France au Piémont s'allie
Son regard affamé dévorait l'Italie ,
Quand soudain devant lui , triste et le front voilé ,
D'un empire détruit le spectre mutilé
Se dressa lentement , et , secouant ses chaînes ,
Fit entendre à lui seul des paroles humaines ;
Et l'on dit que le soir , lorsqu' autour des foyers
La flamme du bivouac rassembla les guerriers ,
8.
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t* LAL1HB
Le soldat qui veillait sur la tente isolée
Où de Napoléon la paupière accablée
Implorait du sommeil le repos d'un moment ,
L'entendit exhaler un long gémissement,
Et révélant en sauts une terreur soudaine ,
Dans un cri déchirant murmurer « Sainte-Hélène !
AxBXANDlt* Dll M à S.
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mnoNALE. ti
JE RENONCE A LA SATIRE.
CHANSON.
1888.
Ai» : JBscoms , a» j« Ton» démgc*
L'art des vers est un sot métier;
Surtout pour l'auteur satirique ;
S'il abreuve le monde entier
Du fiel de sa muse caustique ,
Toute médaille a son revers :
Le monde à son tour le déchire ;
On lui voit expier ses vers
Par l'infortune ou dans les fers....
Ah ! je renoncé à la satire, (bis,)
Eh ! que dis-je ? la vérité ,
L'honnête homme doit-il la taire ?
Son coefer , l&ehement contrasté , '
Subirait un joug volontaire !
Il irait, humble et caressant ,
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:92 , :* IA LYRE
Dire au fanatisme en délire :
« Tu veux demeurer tout-puissant,
« Je le vois , bien qu'en frémissant ,
« Et je renonce à la satire. » (bis.)
■ f - t ? - * ;■/**" ' \ i-
Ce temps n'est plus, temps trop heureux ,
Où l'on voyait le peuple en France
Gémir sous le poids ténébreux
D'une brute et crasse ignorance.
Ah ! c'est un bien horrible abus ,
Que nos paysans sachent lire !
Esprits faux , encroûtés , obtus , \
Ne nous faites plus ces rébus ,
Et je renonce à la. satire, {bip.) , ;
Du génie et de son flambeau
Chaque siècle est le tributaire ;
Du fond même de son tombeau ,
Un grand homme éclaire la terre.
Dans mille ans encor ses écrits
S'imprimeront, pourront se lire......
Mais cette plaie a bien son prix :
Obscurantins , cessez vos cris ,
Et je renonce à la satire, (bis.)
a A quoi sert à nous , grands seigneurs,
Leur commerce ou leur industrie ?
Du vilain payons les sueurs;
Nous seuls composons la patrie. »
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NATIONALE. 95
— « Le commerce est pour les états
Ce qu'est au corps l'air qu'il respire.
Anes titrés , portez vos bâts ,
Mépxisez-nous , soit; mais tout bas,
Et je renonce à la satire. » (bis.)
Charles Malo.
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94 LA LYRE
LES JÉSUITES AU PANTHEON-
1829.
Toi qui naguère as mêlé sous tes dômes
L'hymne de gloire au chant de liberté ,
O Panthéon! temple de nos grands hommes!
Je te revois , disait un déporté.
J'entre , et de Rome , hypocrite émissaire ,
Quel fils d'Ignace, à l'œil sombre et fervent,
Du Vatican , vagabond janissaire ,
Prêche le meurtre au nom du Dieu vivant ?
C'est Mutins (i) , fameux dans nos annales;
Ce terroriste , armé contre la croix ,
Disait au peuple , aux jours des Saturnales :
« Frappez au cœur les prêtres et les rois. »
Foulant nos fils écrasés sous la pierre ,
Et niant Dieu sur le trône brisé ,
En desservant l'autel de Robespierre ,
Il encensait Marat divinisé.
(i) Personnage connu, sons le nom de Mutiu» Scévola dans la ré-
volution.
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NATIONALE. f
Mais dans le choc des discoïdes civiles ,
Quand thermidor après des jours d'horreur
Vit le tyran que servaient les Thhmlles
Précipité du char de la terreur ,
On rejeta Mutins à Cayenne :
Là , dans les fers , il feignit des remords ;
L'odeur du sang ramena cette hyène
Qui parmi nous vient déterrer les morts.
Dès-lors prêchant de nouvelles doctrines ,
Il a du ciel embrassé le parti ;
Couvert de fange, engraissé de rapines,
L'ancien bourreau passe pour converti .
L'œil pénitent, au sortir de la chaire ,
Au tabernacle il prie agenouillé ;
Et l'eau bénite a lavé sous la haire
Le sang des rois dont je le vis souillé.
« C'est toi, lui dis-je, en quittant cette enceinte,
« Toi qui cinq ans dans nos clubs as tonné !
« Du Ciel , dit-il , vengeons la cause sainte ,
« Vengeons les rois, le peuple est détrôné ï »
L'humble servant de la sainte milice
D'un pas dévot prend alors son chemin ,
Quand des replis de son large cilice
Tombe un poignard échappé de sa main.
« Pourquoi ce fer ? — Le Vatican l'emporte ,
« Reprit le fourbe à ce brusque propos :
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9» LA LYRE
« Ou Robespierre ou Loyola , qu'importe !
« Je sers toujours sous les mêmes drapeaux ;
« Nous régnerons , notre place est au Louvre :
« Ou jacobins ou soldats de la croix ,
« Dans tous les temps , la robe qui nous couvre
« Cache un poignard pour en frapper les rois »
Latoïjr.
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NATIONALE. 97
LE DINDON ET LES CANARDS.
GLOUSSEMENT LYRIQUE.
1" MAI 1850.
Air du vaudeville du Code et l'Amour.
LE DINDON.
Bons canards, mes amis intimes,
Je ne viens plus vous lanterner;
Non , intéressantes victimes ,
On ne vous verra plus caner.
L'âge d'or gagnera la foule ,
Et vous pourrez , par conséquent ,
Mettre au pot chaque jour la poule
CHOEUR DE CANARDS.
Quand ? quand P quand ? quand ? etc.
LE DINDON.
Votre quand m'a bien l'air d'un doute :
Seriez-vous donc des saints Thomas ?
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08 &ALYHE
Canards , ah ! redoutez la route
Que suit l'incrédule ici-bas !
Je le tiens de mes sœurs les pies ,
Vous aurez , du Ciel débarquant ,
Dés altotoéttes totales rôties. . . . . '
CHOEUR DE CANARDS.
Quand ? quand ? quand ? quand ? etc.
LE DINDON.
Quand?.... Pour le moment je l'ignore ;
Mais c'est sous peu , foi dé dindon.
A propos , vous aurez encore
Le choix de votre marmiton;
Afin de n'avoir nul reproche ,
Pour traiter un homme marquant ,
On ne vous mettra plus en broche. . * . .
CHOEUR DE CANARDS.
Quand? quand? quand? quand? etc.
LE DINDON.
Nos robes noires , je l'avoue ,
Cachent des galan* déliés ;
Nous n'irons plus Caire la roue
Auprès de vos tendres moitiés.
Partant , plus dé regards profanes ,
Plus de tartufe délinquant :
Vous n'aurez que de chastes canes
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■■— ■ ^■**- [r -
ivahohale.
CHŒUR DE CANARDS.
Quand ? quand ? quand ? quand ? etc.
LE DINDON.
Vous pourrez barboter sans cesse
Sur les mares , dans les ruisseaux ,
Et la liberté de la presse
Suivra les canards sur les eaux.
Vos pattes pourront tout écrire ,
Sans craindre un juge mordicant ;
Vos larges becs pourront tout dire....
CHOEUR DE CANARDS.
Quand ? quand P quand ? quand ? ete.
Sténographié dans une basse-conr , d'après la méthode du jésuite
Bougeant, par
Justin Cabassol.
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100 LA LYRE
LE DUC DE REISGHTABT
A SCHOENIVBRUNN.
POÈME LYRIQUE.
JUIN 1850.
C'est l'heure où les cités sont pleines de silence ,
Où le pauvre endormi reprend ses rêves d'or;
L'heure où l'œil de la nuit dans les airs se balance ,
Où la pensée au Ciel s'élance ;
L'heure où les empereurs ne dorment pas encor.
Il en est un... Pensif au bord de sa fenêtre ,
Son œil croit voir au loin passer l'esprit des morts.
Il est seul ; il attend que le sommeil pénètre
Dans le palais qui le vit naître ;
Il attend : l'insomnie est souvent du remords.
Son peuple ne sait pas s'il repose ou s'il veille :
Sur un tapis de pourpre où l'art jeta des fleurs ,
Il marche ; un souvenir qui semble né la veille
Dans son sein d'empereur s'éveille ;
On dirait que ses yeux veulent verser des pleurs.
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NATIONALE. MH
Souvent en longs soupirs se presse son baleine.
Le bruit d'un grand trépas a troublé sa raison ;
Et son esprit , des mers perçant l'immense plaine ,
Voit le captif de Sainte-Hélène
Gomme un géant de feu grandir à l'horizon.
Napoléon est mort !... ô destinée amère !
Quel grand destin perdu renferment ces trois mots \
Mort privé de son fils qu'on priva de sa mère J...
Et du haut d'un trône éphémère ,
Les rois à sa grande ame ont mesuré ses maux.
Mort enfin !... Et depuis que ce bruit le rassure ,
La crainte qu'il n'a plus se change en repentir ;
Quoiqu'il sente à son front sa couronne plus sûre ,
Son deuil se fait une blessure
De chacun des tourmens du colosse martyr.
Lui , dont l'aigle eut pitié dans sa triple victoire ,
Lui , que laissa régner le. pardon du héros ,
Lui , si fier d'élever sa fille expiatoire
Au lit du géant de l'histoire,
Au jour de ses malheurs, fut un des rois-bourreaux.
Il marche , en attendant que le sommeil lui vienne ;
Il marche , et le passé le presse à chaque instant.
Puisqu'il fut un ingrat , il faut qu'il s'en souvienne :
Voilà qu'aux noirs clochers de Vienne ,
Debout , se dresse encor le fantôme éclatant.
9-
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Il se détourne en vain : l'immortelle victime
Passe dans son palais avec des traits ardens.
Il veut fermer ses yeux pour fuir l'ombre sublime !...
Mais son ame , témoin intime ,
Bien plus terrible encor la retrouve en dedans
Au seuil impérial quel pas soudain résonne ?
Son trouble s'en accroît, on vient... Est-ce une erreur?
L'ame ou la paix n'est point au moindre bruit frissonne.
Dans le palais il n'est personne
Qui puisse entrer si tard , si ce n'est la terreur.
On frappe... ouvrira-t-il?... Une voix douce et tendre ,
Une voix jeune appelle... est-ce un esprit ?...Oh ! non.
L'empereur reconnaît l'accent qu'il vient d'entendre.
Il ouvre... impatient d'attendre
Un enfant... Quel est-il ?... qui ne sait pas son nom ?
C'est le nom le plus grand qu'aucune langue humaine
Ait jamais prononcé parmi les plus beaux noms !
Ce nom, dont tout un monde est l'éternel domaine ,
Ce nom que chaque jour ramène
Plus grand qu'il n'est sorti des bouches des canons !
Qu'il est beau, cet enfant aux y eux bleus pleins de larmes!
Quel air de majesté dans ses traits languissaus \
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NATIONALE. 468
Une grande pensée , en ses jeunes alarmes ,
Agite son front plein de charmes ;
Quel chagrin a germé sons ce front de dix ans P
Sire , je viens à vous... et dans son sein qu'il presse-
L'enfant se précipite avec de longs sanglots.
Je viens enfin livrer , sire , à votre tendresse
^ Le secret du poids qui m'oppresse ,
Puisqu'on dit qu'il est mort par-delà tant de flots.
Oh ! parles-moi de lui ; c'est en vous que j'espère ;
Nul ne veut me répondre et détourne son front.
Quand je veux demander s'il eut un sort prospère ,
Tout pâlit au nom de mon père.
Vous aussi !...le nommer est-ce donc un affront'?
Oh ! je vous en supplie , à vos pieds que j'embrasse ,
Quel fut , quel fut mon père , et qu'est-il devenu?
Dans mon esprit , frappé d'un bruit sourd de disgrâce ,
Un passé confus se retrace ,
Et je ne sais de quoi je me suis- souvenu. " '"'
Est-ce la douce erreur de quelque rêverie ? >
Bien loin , dans mon enfance , il me semble qu'un jour;
Parmi de grands guerriers , dans une autre patrie , '
Gomme dans des jours de féerie ,
J'habitais les splendeurs d'un magique séjour.
Ces casques aux longs crins, ces panaches sans nombre,
Ces sabres recourbés qu'on traînait à grand bruit ,
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itt4 LA LYRE
Ces cris d'un peuple entier, tout a fui comme une ombre ;
Et cet homme au front large et sombre,
Son blanc cheval , ma joie , est-ce un rêve détruit ?
Une couronne , un jour , pressait , je crois , ma tête ;
Qu'il me tarda bientôt d'en quitter le fardeau !
Vêtu d'or , je parus dans une grande fête ;
Et comme une voix de tempête
Le canon qui grondait fit trembler mon bandeau.
Tout-à-coup le soleil se perdit dans les nues.
Quel était donc cet homme , au regard flamboyant ,
Devant qui se courbaient toutes les têtes nues ,
Et que mes frayeurs ingénues
Retrouvaient au retour si tendre en me voyant?
Il me prit dans ses bras ,. parla d'une voix fière ,
Et m'offrit aux clameurs qui s'agitaient en bas.
Une larme , je crois, roula de sa paupière ;
J'entendis la marche guerrière ;
11 m'embrassa, partit... mais il ne revint pas.
Si c'était... oh ! parlez ! — Mon -fils, c'était lui-même ,
Lui dont le regard d'aigle au loin portait l'effroi.
—Il fut donc bien puissant ?— Un vaste diadème
Geignit dix ans son front suprême :
Il fut un empereur , et vous , son fils , un roi.
—Mon père un empereur! — Plus encor,un grand homme .
Son histoire est un cours de merveilleux succès.
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NATIONALE. 10*
C'est en tremblant toujours que l'Europe le nomme ;
Sa gloire tous fit roi de Rome.
— Son empire?— La France! — Ah! je suis donc Français !
Enfin , s'écria-t-il , tout fier de se connaître ,
J'ai retrouvé mon père ; ô bonheur imprévu !
Je suis fils d'un grand homme, et Français ; tout mon être
Se réveille et semble renaître ;
Que je l'aurais aimé , si je l'avais revu !
Soldat , sorti du peuple , il fut son propre ouvrage ;
Il fit de son épée un sceptre dévorant :
Tous les trônes d'Europe , en un commun naufrage ,
De son pied subirent l'outrage ,
Et son cheval de guerre y montait en courant.
Il semait sur ses pas des rois , soldats de France ,
Qui le représentaient sur leurs trônes d'un jour.
Il se fit de sa gloire une ardente souffrance ,
Et bientôt pour leur délivrance
Marchèrent tous les rois qu'il traînait à sa cour.
Ma fille fut donnée au nouvel Alexandre ;
Mais à régner sans vaincre il n'eut jamais vécu.
11 fallut de si haut le forcer à descendre ;
Et moi, contre un illustre gendre...
— Qui? vous !... combien de fois vous a-t-il donc vaincu?
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100 LA I/X1U5
— A, venger ses affronts toute l'Europe aspire ,
Dit le vieux empereur que fait rougir l'enfant.
Pfrrena , monarques , sort , tout contre lui conspire ; .
Il s'écroule avec son empire ,
Mais plus grand que jamais il tombe en triomphant.
Que de lâches clameurs à sa chute profonde !
Plus on a fait trembler , et plus on est haï !
Il descend, mais debout, dans l'abîme qu'il sonde:
Il eût encor vaincu le monde ,
Si de vieux compagnons ne Veussent point trahi l
Au fond de l'Océan , tout fumant de la guerre ,
Puissant dans son exil ainsi que dans ses camps ,
On le jette bien loin , sur un débris de terre,
A la garde de l'Angleterre
Qui commet sur un homme un meurtre de cinq ans.
Le noble enfant pâlit comme dans une offense ,
Et d'un rapide éclair son œil étincela.
Ce fat une douleur au-dessus de l'enfance.
Mon père , hélas ! mort sans défense !
Moins jeune qu'aujourd'hui si j'avais été là ï...
Mort détrôné , captif d'un ennemi farouche ï
Mon pauvre père , o ciel !...un héros, presque un dieu !
Sans un dernier baiser recueilli sur sa bouche ,
Sans mes pleurs au bord de sa couche ,
Lui si grand, sans famille à son suprême adieu !...
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NAYHJftALE. 107
Et ma mère... pourquoi ?... Sur sa lèvre altérée
Le respect arrêta des mots peut-être amers.
Me rendra-t-on jamais sa dépouille sacrée ?
Pour une plus douce contrée
Ses ossemens jamais passerônt-ils les tuetér
Que ne suis-je dans l'âge où Ton rompt ses entraves !
J'irais à son tombeau perdu sur un écueil !
Oh! que n'ai-je avec moi quelques uns de ses braves !
Vengeur de ses cendres esclaves,
Je suis son fils , j'irais délivrer son cercueil.
—Silence! enfant!... l'Anglais garde l'illustre proie...
J'aurais dû vous cacher le secret de vos jours.
Le sommeil vous attend ; allez.— Il le renvoie ,
Et depuis cette triste joie ,
Il n'en parla jamais , il y pensa toujours.
L. Belmostet.
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i08 LA LYRK
CONSEILS D'UN JESUITE
A CHARLES X,
1S JUILLET 1850.
Air : Mon pays avant tout.
Bon Charles-Dix , vous le voyez , la France ,
De vos penchans pour la religion ,
Se rit tout bas , et pousse l'insolence
Jusqu'à blâmer votre dévotion ,
En vous tournant même en dérision.
De vos amis , écoutez la supplique :
Quittez ce trône et ce peuple mondain
Pour vivre en paix , en pieux catholique ;
Ah! croyez-nous , faites-vous capucin, (bis.)
Fort prudemment , d'une chambre arrogante
Vous prononcez la dissolution ;
Eh bien ! voyez la France irrévérente ,
Sans partager votre indignation
Pour ces moteurs de la sédition ,
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NATIONALE. 109
Les nomme encore , ô comble d'infamie !
Pour vous venger d'un si cruel destin ,
Fuyez, fuyez , cette ingrate patrie,
Et, croyez-nous, faites-vous capucin. (&<*•)
Vous entendrez contre le ministère
Se déchaîner ces nouveaux députés ,
Et proclamer toujours qu'il est contraire
A nos besoins comme à nos libertés.
Ce n'est pas tout , ces tribuns exaltés
Dans leur ardeur , qui du bon sens s'écarte,
Vont demander , vous en êtes certain ,
Qu'on exécute à la lettre la charte :
Ah S croyez-nous , faites-vous capucin. {bis.)
Ces libéraux , cette maudite engeance ,
Que Dieu créa pour le malheur, des rois,
Vont sans pudeur bientôt mettre en balance
Votre pouvoir et leurs prétendus droits;
Pour vous déjà nous sommes aux abois.
Ces ennemis du trône légitime
Et des couvens qu'on vous doit , roi divin !
Vont demander qu'une loi les supprime : '
Hâtez-vous donc , faites-vous capucin. (bis.)
E. Mu on.
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tlO v *•* LTOB
VIVE IA CHAKTB>
CHANT FRANÇAIS.
S* JUILLET 1850.
O Liberté i sous ta bannière sainte ,
Qu'un même cri nous rassemble à jamais !
Elus du peuple , il garde votre enceinte :
Vive la charte ! est le cri des Français.
Puisque les rois ne veulent pas l'entendre ,
Dans le forum qu'il aille retentir:
Echo du peuple , apprends-nous à le rendre ;
Du tombeau même écoutez-le sortir.
O liberté ! etc.
O tôt qui Weurs pour cette noble cause ,
Bénis ton sort , la patrie est en deuil :
Vive la charte ! est ton apothéose ;
La Liberté veille sur ton cercueil.
O liberté! etc.
Vous l'entendez , vous tous , nobles victimes ,
Vieux combattans , punis de vos exploits;
dby Google
NATIONALE. Ht
Vous qui tenez aussi pour légitimes
Les droits du peuple , et la gloire , et les lois.
O liberté ! etc.
Guerriers que la tombe nous cacbe ,
Venez montrer à d'imprudens soldats
Ce front sans peur et ce glaive sans tache
- Que votre main n'agitait qu'aux combats.
O liberté ! etc.
D'un cri de naix malheur à qui l'offense ,
Soldats d'un jour, barbares sans danger;
Vous opprimez un peuple sans défense.
Jadis ce fer était pour l'étranger.
O Liberté! etc.
Attribué à P. J. de Bérangbr.
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U 2 LA LYRE
4830.
natr-i —
£A PABI8BENNE.
MARCHE NATIONALE.
28 JUILLET.
Musique d* Auber.
Peuple français , peuple de braves ,
La Liberté rouvre ses bras;
On nous disait : Soyes esclaves !
Noos avons dit : Soyons soldats !
Soudain Paris dans sa mémoire
A retrouvé son cri de gloire :
« En avant marchons
« Contre leurs canons ,
« A travers le fer , le feu des bataillons ,
« Gourons à la victoire. »
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NATIONALE. 113
Serrez vos rangs ; qu'on se soutienne !
Marchons ! chaque enfant de Paris
De sa cartouehe citoyenne
Fait une offrande a son pays.
O jours d'éternelle mémoire;
Paris n'a plus qu'un cri de gloire : etc.
La mitraille en vain nous dévore ;
Elle enfante des combattans :
Sous les boulets voyez éclore
Ces vieux généraux de vingt ans.
O jours d'éternelle mémoire î
Paris n'a plus qu'un cri de gloire : etc.
Pour briser ces masses profondes,
Qui conduit nos drapeaux sanglans ?
C'est la liberté des Deux-Mondes :
C'est Lafayette en cheveux blancs !
O jours d'éternelle mémoire !
Paris n'a plus qu'un cri de gloire : etc.
Les trois couleurs sont revenues ,
Et la colonne avec fierté
Fait briller à travers les nues
L'arc-en-ciel de la Liberté.
O jours d'éternelle mémoire !
Paris n'a plus qu'un cri de gloire : etc.
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114 LA LYBE
Soldat du drapeau tricolore ,
JtffeÉÉHP, toi qui Tas porté !
Ton sang se mêlerait encore
A celui qu'il nous a coûté.
Gomme aux beaux jours de notre histoire
Tu redirais ce cri de gloire : etc.
Tambours , du convoi de nos frères
Roulez le funèbre signal ,
Et nous de lauriers populaires
Chargeons leur cercueil triomphal.
O temple de deuil et de gloire ,
Panthéon, reçois leur mémoire !
Portons-les, marchons,
Découvrons
Nos fronts;
Soyez immortels, tous tous que nous pleurons,
Martyrs de la victoire !
Casimir Delavigme,
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NATIONALE. Il»
LE SOLDAT BLESSÉ.
29 JUILLET 1850.
Grands citoyens de la grande cité ,
Je suis mourant , prenez mes armes ;
Mais mon ruban , par mon sang acheté ,
Rendez4e-moi ! voyez mes larmes ;
Napoléon avant moi Fa porté.
Ma croix !... ma croix !... je la gagnai dans Vienne ,
Alors que sous cent mille bras
Tuiles , pavés , mitraille citoyenne ,
Semblaient devoir faire en éclats
Crouler sur nous la ville autrichienne.
Qui fut vainqueur alors ?... souvenez-vous
De tant de gloire , notre ouvrage.
Eh bien , hier , l'effroi nous glaçait tous ;
Hier, nous étions sans courage ,
L'Helvétien se battait mieux que nous.
Ne croyez point nos cœurs pusillanimes ;
Français, ne nous maudissez pas!
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116 LA LYRE
Des deux côtés d'héroïques victimes
S'offraient ; et parmi nous , soldats ,
Combien sont morts en citoyens sublimes !
Sous votre feu , sanglans et foudroyés ,
Les uns , le sourire à la bouche ,
Vous admiraient, sur leur arme appuyés ;
D'autres , déchirant leur cartouche ,
Laissaient tomber les balles à leurs pieds.
Ils ont fait plus encor pour votre gloire ,
Pour votre bonheur d'aujourd'hui ;
Nos ennemis jamais n'y voudront croire ;
Enfans , devant vous ils ont fui î
Qu'ils aient leur part dans la grande victoire.
Moi, vieux soldat , j'ai, vu nos. rangs s'ouvrir;.
Entre l'honneur et ma consigne...
Je n'ai point fui ; ça m'eût trop fait souffrir ;
Mais de vous pourtant je suis digne y
Car contre vous je n'ai pu que mourir.
Voici ma croix !... Votre main m'en décore \
Vive la France ï Adieu je meurs !
Mais , par pitié , ne puis-je donc encqre
Couvrir de baisers et de pleurs
Mon vieux drapeau, mon drapeau tricolore !.,
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NATIONALE. 117
Et le drapeau sur son front s'abaissa.
Un souvenir , doux comme l'espérance ,
Vint un moment suspendre sa souffrance ;
Le vétéran contre son cœur pressa
Ce vieux drapeau qui renaît pour l'histoire.
Tous deux semblaient se parler de leur gloire...
Bientôt la foule au loin se dispersa , ,
Il n'était plus!...
Sous la porte du Louvre
On a creusé deux tombes : d'un côté
Sont nos héros morts pour la liberté.
Ah ! qu'un trophée immortel les recouvre !
Mais ces soldats qui , même sous nos coups ,
En expirant faisaient des vœux pour nous...
Pas une fleur ! Pans des partis contraires
Nous avons eu des citoyens , des frères :
Si quelques uns , égarés un moment ,
N'ont pas heurté d'un refus légitime
L'affreux devoir qui commandait le crime ,
D'autres près d'eux sont tombés noblement.
Même à l'erreur , grand peuple , tu pardonnes !
Viens d'une palme orner leur monument.
Des deux côtés brilla le dévoûment ;
Tous les tombeaux demandent des couronnes.
X. B. Saintinb.
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118 LA LYRE
LE CRI D'UTVE FEMME.
Clermont-Ferrand, 3o juillet, midi.
Oui , la presse est brisée ! oui, l'urne électorale
Doit exhaler un vil encens !
Oui , du pacte juré par la bouche royale
Les lambeaux sont jetés aux vents !
Quel pouvoir a tenté cette œuvre colossale ?
Un débile vieillard , de lâches courtisans.
Vous ! tyran malheureux !... Ah ! le vaste génie
.. Qui fit tout plier sous sa main ,
Sur la France de paix , de liberté nourrie ,
N'eût point courbé son bras d'airain.
L'œuvre qu'il n'eût osé, vous l'avez accomplie...
La France sourit de dédain.
Mais au ris du mépris , sur la lèvre effleurée ,
Succède un cri terrible , un cri retentissant :
Résistons! Résistons!... Lutèce exaspérée
Ramasse les débris de la Charte sacrée ,
' Et les ramasse dans le sang !
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NATIONALE. 119
Dans le sang ? juste Dieu ! dans le sang de nos frères !
Fume , fume , sang irrité !
Sur ce pacte effacé par cent partis contraires
Retrace le mot liberté!
Cimente ses débris , et sur ses traits prospères ,
Brille pour l'immortalité !
Et moi, je couvrirai de parfums et de larmes
Ce. sang des martyrs de la loi -,
Je baiserai leurs pas , je bénirai leurs armes ;
O ciel l et pousserai vers toi
Des cris, des vœux ardens, puissans comme des charmes.
Des rois suprême roi.
Ah ! puisque ta rigueur a condamné mon ame
A végéter au sein d'organes affaiblis ,
Calme mon désespoir de n'être qu'une femme ,
Combats pour moi , grand Dieu ! Dieu ! réponds à ma flamme,
Rends libre mon pays !
Mme Elisabeth Cblnart.
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120 LA LYRE
SONNET.
29 JUILLET 1850*
Tout humides encor de rosée et de pleurs ,
Que le vent du matin vous porte et vous caresse ,
Jusqu'où Ton fête Emma , fraîches moissons de fleurs ,
Symboles passagers d'éternelle tendresse ;
Gomme au fond du désert une onde enchanteresse ,
Gomme un gentil sourire au milieu des douleurs ,
Gomme aux cris de la foule un doux chant de la Grèce ,
Gomme sur un ciel noir l'écharpe aux sept couleurs >
Jeunes sœurs du printemps, vous êtes apparues,
Dans le feu du mousquet et dans le sang des rues ,
Trouvant dans ce chaos je ne sais quels abris :
Ainsi quand les chagrins , sous qui l'ame est pliée ,
Ravagent tout en nous , l'amour , fleur oubliée ,
Rit dans un coin du cœur , caché sous des débris.
Emile Deschahps.
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NAftgVALE. 121
HYMNE BIT MtOWfEUR «ES PAVES.
Ai a : Faut d'ia vertu.
j
Ce sont des amis éprouvés ,
Crions tous : Vivent les pavés !
%-
Loin d'être dans les rétrogrades,
Les pavés sans distinction
(C'est prouvé par les barricades),
Etaient de Yoppôsîtiom
Ce sont des amis , etc. '
A leur ferme£i"£endoiis grâce ;
Ce sont eux qui nous ont sauwés. .■
Tous contre une odieuse race t
Avec nous ils se s#nt levé**
Ce sont des amis, eto, ■
Leur éloquence est de nature
A faire de Y impression ; ;
Les Suisses ont la tête dure ,
Mais ils ont senti la raison.
Ce sont des amis , etc.
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*22 IA Lt*E
Chacun saisit sans interprète
Leurs solides raisonnemens ;
On ne peut que baisser la tête
Devant de pareils argumens.
Ce sont des amis , etc.
Le Ciel compense toute chose ;
Monsieur Azaïs Ta prouvé.
Or, le Droit-canon , je suppose ,
A pour pendant le Droit-pavé»
Ce sont des amis , etc.
Et pourtant l'oublieuse foule
Les traite avec indignité ,
Et chaque jour aux pieds Ton foule
Ce sauveur de la liberté.
Ce sont des amis , etc.
Modestes après la victoire ,
Ils n'ont pas , de force ou de gré ,
Voulu pour eux toute la gloire ;
Ils n'avaient pas délibéré.
Ce sont des amis , etc.
Se sont-ils , sous le nouveau règne ,
Dans les antichambres pressés?
Beaucoup, sans qu'aucun d'eux s'en plaigne ,
Ne sont pas encor replacés.
Ce sont des amis , etc.
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NATIONALE. fj»
Bientôt leur gloire répandue ,
Animant leurs nobles rivaux ,
Partout la puissance absolue
Aura les pavés sur le dos.
Ce sont des amis , etc.
Et par eux au loin affermie ,
Liberté ! tu ne laisseras
Qu'aux lieux où Ton ne pave pas,
De refuge à la tyrannie.
Ce sont des amis , etc.
Philippe Eugène.
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124 LA LYRE
' ' -* —
ODE.
!•' AOUT 1850.
Malheur au souverain , despote héréditaire ,
Qui manque à ses devoirs et trahit ses sermens !
Malheur ! car tout un peuple , à la parole austère,
Dit à la royauté : « Tu mens ! »
Et le trône déchu s'écroule ; et la couronne
Perd tout l'éclat qui l'environne ,
Et l'écusson est renversé !
-Du crime au châtiment il n'est que peu d'espace :
C'est ainsi que toute erreur passe : —
C'est ainsi que Charle a passé !
Ils sont loin ces temps où les hommes
Du servage enduraient l'affront !
Nous qui savons ce que nous sommes ,
Peuple , nous portons haut le front !
Victorieuse multitude ,
Quand de cette noble attitude
Un grand peuple a pris l'habitude ,
Il marche avec sécurité.
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NATIONALE. 12*
Que dans l'esclavage on l'enferme ,
A sa honte il sait mettre un terme ,
Et , quand il veut , d'une main ferme ,
11 ressaisit «a liberté.
Qu'il est fort le grand peuple au vieil honneur fidèle
Dont la fierté s'émeut, généreux opprimé !
Qu'il est beau , de ses droits vivante citadelle ,
Quand il se lève tout armé !
Alors il faut qu'il meure ou qu'il triomphe ! — immense ,
11 s'ébranle , le peuple ! il s'ébranle et commence
A rouler ses cent mille voix !
Et le voilà bien grand de sa cause loyale ,
Lui qui n'a pour briser l'iniquité royale
Qu'à se presser autour des rois !
Hier encor , valets et traîtres
Disaient : « Nous ne céderons pas !
Ce peuple gardera ses maîtres!... * — »
Or, ce peuple n'a fait qu'un pas !
La tyrannie est écrasée !
Et sa puissance méprisée
Sert à la foule de risée ï
Ils sont chassés — et tous les leurs !
Et comme au temps du jeu de paume ,
Sur chaque tour , sur chaque dôme ,
Sur la spirale de Vendôme
Flotte l'écharpe aux trois couleurs !
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ftM LA Ï.TWB
Solennel châtiment d'une infâme espérance!
De quel front croyaient-ils, dictateurs maladroits,
Pouvoir impunément avilir notre France
Et nous priver de tous nos droits ?
Avaient-ils oublié qu'insolemment trompée
La France un jour tira Tépée ,
Et sortit de l'oppression !
Et, lorsqu'ils mi pesaient, ne pouvaient-ils comprendre
Qu'une seconde fois elle saurait reprendre
Sa dignité de nation !
La France èncor s'est réveillée
Entre les peuples endormis !
Sa main , qui ne s'est pas souillée ,
A désarmé ses ennemis !
Calme et grave dans sa conquête
A vaincre encor la voilà prête !
Le chêne vert orne sa tête ;
Le fusil sonne dans sa main.
Elle protège ! elle surveille !
Et fait concourir la merveille
De la victoire de la veille
Aux libertés du lendemain !
C'est ainsi que le juge , arbitre inexorable ,
Si quelque nouveau crime à ses pieds comparaît ,
De la hache des lois frappe le misérable ,
Et le flétrit de son arrêt !
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NATIONALE. 1*9
Paris s'est hérissé de fer dans sa colère !
De la justice populaire
Brille le glaive redouté :
Cour immense, et partout de frontières fermée ,
, Dont chaque garde est une armée ,
Et chaque juge une cité !
Et maintenant , bonne espérance !
Amis et frères, désormais,
Union et persévérance !
Nous sommes libres à jamais !
Sur nous , hier encore esclaves ,
'&* Sur nous , hommes nouveaux et graves ,
Descendent les regards des braves
Qui sont morts à notre côté :
Le vieil horizon se découvre ;
Une ère glorieuse s'ouvre ,
Et les fusillades du -Louvre'
Sont des salves de liberté !
Cordellisk Dblanouk,
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128 LA LYRE
LE CHANT DU VIEUX SOLDAT.
J'ai des balles , j'ai de la poudre ,
Le toccin sonne dans Paris ;
Viens , mon bon fusil d'Austerlitz ,
Sois sans pitié comme la foudre.
Et toi mon noble et vieux drapeau
Qui dormais sous mon lit de paille ,
Montre encor ton dernier lambeau
Que j'ai sauvé de la mitraille.
Je fesais bien de te garder ,
Noble drapeau , trésor du brave î
Sans me cacher comme un esclave
Je puis enfin te regarder.
J'ai des balles , j'ai de la poudre , etc.
Quel chant sublime ai -je entendu?
La Marseillaise !... la Victoire !
Ce vieux refrain nous a rendu
En un seul jour vingt ans de gloire.
Ah ! que ce chant de liberté
A déjà fait vibrer mon ame !
Je sens renaître en moi la flamme
Dont ces accords m'ont transporté.
J'ai des balles, j'ai de la poudre , etc.
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NATIONALE. 12»
Ils voulaient du sang , les tyrans !
Pour laver leurs honteuses taches ;
Ces taches depuis trop long-temps
Insultaient mes vieilles moustaches ;
Pour payer leur fatal retour
Ils ont voulu trahir la France :
Ils gouvernaient par la vengeance...
Nous nous vengeons à notre tour.
J'ai des balles , j'ai de la poudre , etc.
Adieu , ma femme ; et toi , mon fils ,
Viens avec moi, je veux Rapprendre
Gomme on se bat pour son pays ,
Quand on se bat pour le défendre.
A mes côtés tu resteras : '
Si quelque balle meurtrière
Dans le combat frappe ton père ,
Mon fils , tu me remplaceras.
J'ai des balles , j'ai de la poudre , etc.
En. Watwn.
•
1*6 LALTBE
LE REVEIL BU PEUPLE EN 1850.
Am du Réveil du Peuple de 1794»
Français , une horde hypocrite ,
A ses pieds foulant tous nos droits ,
Rêvait la liberté proscrite
Et le despotisme des rois.
Peuple chéri de la Victoire ,
Tu viens d'abjurer ton sommeil ;
Juillet a ranimé ta gloire
Aux feux brillans de son soleil.
Quels sont les conseillers sinistres
Qui des traités rompent la foi?
Dieu puissant , ce sont tes ministres
Unis aux ministres d'un roi !
Contre leur ligue sanguinaire
Le peuple a reconquis son rang ;
Et la France se régénère
Teinte d'un baptême de sang.
Quinze ans passés , l'aigle rapide
Tentait d'enchaîner l'Univers :
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Aujourd'hui le peuple intrépide
S'ékitce pour briser ses fers.
Devant les foudres de la guerre
Nul citoyen n'a reculé :
Tous ont méprisé son tonnerre ,
Et la terre seule a tremblé.
Quand , sous la honte qui les frappe ,
Tombent des princes fainéant ,
Fière du drapeau de Jemmape ,
Montre-toi , race d'Orléans.
Ralliés à cette oriflamme ,
Nous ^élevons sur le pavois :
La voix du peuple te proclame ,
Et du Ciel même elle est la voix.
Jules Maobik.
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152 LA LYRE
CHANT FUNEBRE.
DÉPOSA SUR LA TOMBE DES FRANÇAIS
MORTS POUR LA LIBERTE.
LE CORYPHÉE.
Venez en silence , mes frères,
Au pied de ces croix funéraires;
Venez , et courbez lès genoux
Avec une plainte éternelle ,
Une voix grave et solennelle
Vous dit : N'oubliez pas ceux qui sont morts pour vous.
LE CHŒUR.
Français , leurs mains ont brisé nos entraves ,
Ils dorment là jusqu'à l'éternité :
N'oubliez pas les veuves de nos braves !
Ils sont morts pour la liberté.
LE CORYPHÉE. *
Au cri de guerre de la France ,
Ils marchèrent à la vengeance.
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NATIONALE. 155
Ralliés tous au nom des lois ,
Autour de l'immortel symbole
Des hommes du Nil et d'Arcole ,
Ils ont , en un seul jour, égalé leurs exploits.
LE CHOEUR.
Français, etc.
LE CORYPHÉE.
Parmi ces illustres victimes ,
Héros, enfans, vieillards sublimés,
Tombaient en criant : Liberté !
On eût dit qu'à l'heure fatale ,
Sur leur face terrible et pâle ,
La mort n'osait graver son immobilité.
LE CHOEUR.
Français , etc.
LE CORYPHEE.
Et leurs enfans , dans l'infortune ,
Tramant leur prière importune ,
Mendîraient le pain des douleurs?
Non ! non ! leurs veuves sont nos mères;
Leurs enfans , amis , sont nos frères !
France ! adopte aujourd'hui ces familles en pleurs.
LE CHOEUR.
Français, etc.
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154 IA LYRE ^
LB CORYPHÉE.
Qu'ils aient un saint anniversaire !
Qu'en ee jour, à ses fils , le père
Dise , en montrant le saint drapeau
Sur la colonne de la gloire :
« Là bas on apprend la victoire ;
« On apprend à mourir auprès de ce tombeau ! »
LB CHOEUR.
Français , etc.
H. Martin.
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NATIONALE. I5ft
AUX ENFANS DE LA FRANCE.
ODE.
Rameaux couronnés de promesses ;
Jets féconds des siècles passés ,
Un jour parés de vos richesses,
Du poids de vos trésors lassés ,
Inondés de flots de lumière ,
Vainqueurs de la dent meurtrière
Des reptiles audacieux ,
Un jour vous doterez le monde
Des fruits dont votre tige abonde
Et vous grandirez jusqu'aux cieux !
C'est en vain qu'une secte aussi lâche qu'impie ,
Contre la jeune France armant la calomnie ,
Combat la liberté ;
Dans sa vaine fureur , insensée ! elle espère
Courber le siècle ardent qu'un nouveau jour éclaire ,
Sous son joug détesté.
Sorti de cette écume impure
Qu'un fleuve indolent et fangeux
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136 LA LYRE
Dépose , avec un sourd murmure ,
Sur les fleurs , objet de nos vœux ;
Groupé sous de froides ruines ,
Soufflant les guerres intestines,
Cet essaim d'ennemis pervers
Prétend , nous attaquant dans l'ombre ,
Voiler nos yeux du bandeau sombre
Dont ses yeux éteints sont couverts.
Mais stupide , impuissante , en sa haine débile ,
Que peut contre nos droits cette horde imbécille ,
Et son glaive et ses cris v
Croit-elle des vertus offrir un saint exemple ,
Et l'artiste peut-il bâtir un nouveau temple
Avec de vieux débris (i) ?
Il n'est plus le temps des alarmes ;
Oublions des jours trop amers ;
Effaçons la trace des larmes
Dont le malheur mouilla ses fers.
Quand s'égorgeaient d'indignes frères ,
Jadis dans le sein de nos mères
Nous avons, tressailli d'horreur :
Héros de la nouvelle France 1
Un siècle plus heureux commence ,
Il promet des jours de splendeur.
(i) Ces premières strophes étaient écrites en 1829.
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NATIONALE. 457
Pour abaisser l'orgueil d'une puissance inique ,
Vos mains savent briser un sceptre tyrannique
Comme un faible roseau ;
Vous prouvez que la France est stérile en esclaves ,
Et que la liberté chez ce peuple de braves
N'aura pas de tombeau.
Où sont les trois siècles de gloire
Qui balanceraient vos trois jours ?
Les temps futurs pourront-ils croire
Au temps qui précède leur cours ?
L'oppression , mère des crimes ,
Immolant de nobles victimes ,
S'abreuvait de sang répandu ;
Contre vos cœurs, exempts d'alarmes,
L'injustice tournait ses armes ,
Et vos armes ont répondu !
Que l'Europe nous prête une oreille attentive !
Voyant une famille errante , fugitive ,
Et bannie à jamais ;
Que les rois , convaincus du devoir des couronnes ,
Comprennent que Terreur précipite les trônes
Du plus haut des sommets !
Quarante ans n'ont pu les instruire
Ceux qui s'éloignent de nos bords ,
Ni les ruines.de l'empire ,
Ni nos voix , ni la voix des mort».
11.
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f ae LA LYRE
Leur étoile vient de s'éteindre ;
Dans le malheur il faut les plaindre :
Le pain d'exil leur est rendu.
Amour des Français , alliance ,
Repos , patrie , éclat , puissance ,
Ils ont tout joué , tout perdu !
Gomme les compagnons du pieux fils d'Anchise ,
Au but de vos travaux marchez avec franchise „
Unis et confondus.
Amis, la liberté veut une double histoire ;
Son autel se prépare : affermissez sa gloire
Sur vos nobles vertus.
Purs d'une odieuse licence ,
Rayonnans d'un bel avenir ,
Soyez forts de votre innocence ;
Votre ame peut s'épanouir.
Libres des chaînes féodales ,
Exempts des lois impériales ,
Dirigez vos coursiers brillans !
Que les beaux arts , que l'éloquence
Remplacent l'épée et la lance ;
Leurs combats ne sont pas sanglans.
Magnanimes rivaux , guerriers , peintres , poètes ,
Le jardin des lauriers a des routes secrètes.
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NATIONALE. iS9
Mais vous êtes nombreux !...
Si Ton en croit du moins l'ignorance et l'envie.
Venez, venez toujours ! le temple du génie
Est assez spacieux.
Sous ses immortelles colonnes ,
Ce dieu , tyran des cœurs choisis ,
À préparé plus de couronnes
Qu'il n'en donne à ses favoris. •
Légion de cygnes rapides,
Secouant vos ailes humides ,
Quand vous osez prendre l'essor ,
Loin de la voûte harmonieuse ,
La voix de la foule envieuse
Expire... et vous planez encor.
Enfans régénérés de la philosophie ,
Confidens glorieux d'une muse attendrie ,
Vos jaloux sont tremblans.
Pour blâmer le présent , vantant les noms antiques ,
Ces détracteurs voudraient, sous les lauriers classiques,
Ecraser vos talens.
Toujours de leurs poisons funestes
Les serpens vomiront le fiel ;
Toujours les modernes Orestes
S 'irriteront contre le Ciel ;
Toujours l'astre de la lumière
Sera maudit de la paupière
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140 LA LYRE
Du coupable en proie aux remords ;
Toujours blasphémera l'impie ;...
Mais jamais l'autel du génie
Ne croulera sous leurs efforts.
Plaignons-les ces Français étrangers dans la France !
Leurs cœurs se sont bercés d'une aride espérance ;
Et dans leur fol orgueil ,
Ils voulaient diriger la nef de la patrie ,
Au risque de briser cette nef rajeunie
Contre un perfide écueil.
O que vous êtes peu de chose ,
Tyrans couverts d'hermine et d'or !
Un moment , votre faste impose
Au vulgaire crédule encor.
Votre sceptre vain et fragile
N'est rien qu'un hochet inutile
Qui ne peut fasciner nos yeux ;
Sur vos fronts pèse la couronne ,
Et toujours la planche du trône
Fléchit sous vos pieds orgueilleux.
A votre avènement la lyre des poètes ,
La voix des courtisans , flatteurs bas , faux prophètes ,
Vous donnent l'avenir.
« Votre nom , disent-ils , tel qu'un astre dans l'ombre ,
« Sera légué sans tache à des siècles sans nombre ,
« Heureux de le bénir. »
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NATIONALE. 141
: Mais cédant au conseil perfide
De cette fange des palais,
Vous descendez d'un pas rapide
Dans un abîme de regrets.
Vous reniez , dans votre gloire ,
Le peuple qu'attend la victoire
Au jour qui punit l'oppresseur ;
De vos mains s'échappe l'empire
Et votre pourpre se déchire
Sous la dent du lion vainqueur.
Le bandeau de nos chefs, nous le donnons nous-mêmes
O Napoléon-Deux , Henri-Cinq , rois suprêmes
Par la grâce de Dieu !
Venez , venez ; aidés de vos droits de naissance ,
Au roi qu'elle a choisi redemander la France ,
Qui vous a dit adieu !
Celui dont la main protectrice
Tient l'étendard aux trois couleurs ,
Des lois répare l'édifice
Et tarit de trop longs malheurs ;
Celui dont le règne commence ,
D'artistes brillans d'espérance ,
De citoyens formait sa cour : .
Du joug la France était lassée ,
Déjà le vœu de la pensée
Le désignait à spn amour,
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Ml LA LYRE
Oh ! qu'il règne arec calme après tant de tempêtes ,
Après tant de joyaux tombés de tant de têtes,
Ce roi de notre choix !
Qu'il vive !... il est chanté par une chaste lyre
Qui , fière en ses élans et libre en son délire ,
Ne chante pas les rois!
Et vous , qu'une ambition vaine
Eloignait du sentier divin >
Que la piété vous ramène !
Rentrez dans votre humble chemin.
Priez, enseignez l'Evangile;
Pour vous notre terre fertile
N'a plus de palmes de martyr.
Ne croyez pas qu'on vous ravisse
Le droit de porter un cilice ,
Et d'aider le pauvre à mourir !
Reviens , Chateaubriand , reviens , ô Lamartine !
Du Dieu qui foudroya, l'éclair vous illumine.
Nous traînerons vos chars!
A notre beau pays offrez vos saintes armes ,
Célébrez sa conquête en donnant quelques larmes
Au sort de nos Stuarts?
Courage ! fils d'un nouvel âge ,
Courage , 6 mes contemporains !
Les zéphirs ont chassé l'orage ,
Votre avenir est dans vos mains :
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NATIONALE. 145
Renouvelez le» jours de Sparte ;
Sous les doux rayons de la Charte
Fertilisez les champs d'honneur.
Que jusqu'aux rives étrangères
Nos lois saintes et tutélaires
Versent la source du bonheur !
O que l'ancienne France et la France nouvelle ,
Aux autres nations offrant un beau modèle ,
Ne forment qu'un faisceau !
Puissions-nous voir enfin la vertu , la victoire ,
La foi , la liberté , le génie et la gloire
Sous le même drapeau !
Alors je briserai ma lyre ,
Victorieuse des complots
Qu'un farouche et triste délire
Fomente à l'ombre des tombeaux.
Le peuple au peuple d'un autre âge
Laissera pour riche héritage
Les conquêtes de son réveil ;
Et l'arbre immense de sa gloire
Eternisera sa victoire ,
Car il grandit sous le soleil!
Alphonse Le Flaguais.
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4 44 LA LYBE
CHANT NATIONAL.
Salut , drapeau de la patrie !
Guide toujours nos défenseurs.
Liberté , liberté chérie ,
Salut , salut à tes nobles couleurs !
Ils voulaient nous réduire en poudre ;
Il leur faut du sang et des pleurs !
Leur bras est armé de la foudre ,
Et pourtant nous sommes vainqueurs.
Où sont donc ces Français si braves ?
Criaient ces prétoxiens nouveaux !
Ils venaient chercher des esclaves ,
Ils n'ont trouvé que des héros !
Salut, drapeau, etc.
Soldats , laissez la tyrannie
Exhaler seule sa fureur.
Ne voyez-vous pas l'infamie
Où Ton vous a promis l'honneur?
Où cherchez-vous une victoire ?
Arrêtez, arrêtez, soldats
Vous ne marchiez pas à la gloire ,
Puisqu'un traître guidait vos pas.
Salut , drapeau , etc.
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NATIONALE. 14*
Ecoutez l'insolent ministre
Qui s'élève au-dessus des lois
Ecoutez-le ; sa voix sinistre
Va proscrire à jamais nos droits !
Insensé !.... Le Gel au parjure
Avait marqué , dans l'avenir ,
f Jn an pour préparer l'injure ,
A nous , trois jours pour la punir !
Salut , drapeau de la patrie !
Guide toujours nos défenseurs.
Liberté , liberté chérie ,
Saint, salut à tes nobles couleurs.
Saikt-Hilair*.
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146 LA LYRE
L'INSURRECTION.
FRAGMENT.
Voici ce que disaient les courtisans prophètes :
Voyez-là cette ville idolâtre des fêtes ,
Gomme aux jours décrépits de l'empire romain ,
Dans l'ivresse du cirque où son peuple se plonge ,
Chaque soir delà vie il s'endort, sans qu'il songe
A ses maîtres du lendemain.
Va , sylphe de boudoir , cueille ton jour frivole ;
Au magique Opéra que ton Phaéton vole
La nuit , portant au front deux phares allumés ;
Vante-nous tes Delta que la cascade arrose ,
Tes femmes de satin , de chair blanche et de rose ,
Et tes citoyens parfumés.
Ils ne sont plus ces jours où la voix de Camille
Convoquait la r volte au pied de la Bastille,
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NATIONALE. 147
La rouille a dévoré la pique des faubourgs.
Tout ce peuple abruti dort d'up pénible somme ,
Et Santerre aujourd'hui, sans éveiller un homme ,
Passerait avec ses tambours.
Osons tout , oublions leurs vieux anniversaires , *
Déployons sans effroi des rigueurs nécessaires ; .
Le trône de Saint-Gloud est bâti sur un roc ;
D'un Brumaire royal faisons naître l'aurore :
Si Paris se levait , il tomberait encore
Devant le canon de Saint-Roch.
Eh bien ! ils ont osé... Quand la lave voisine
S'apprête à secouer Agrigente et Messine,
D'abord la grande mer, par élans convulsifs ,
Pousse des flots huileux sur l'algue des récifs;
De bleuâtres vapeurs s'échappent du cratère ,
Et la voix d'un volcan gronde au loin sous la terre.
Tel bouillonnait Paris : les travaux et les jeux
S'arrêtent tout-à-coup sur un sol orageux ;
Un peuple entier , sorti des foyers domestiques ,
Ondule en murmurant sur les places publiques ,
Et partout sur les murs du splendide bazar
De prophétiques mots menacent Balthazar.
Et l'obscur artisan , héroïque Vandale ,
Arrache à nos palais l'enseigne féodale.
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448 LA LYRE
Paris se lève en bloc ! an signal assassin
Tout homme dans son cœur sent vibrer un tocsin;
Eternelle infamie au lâche qui s'absente !
Parmi les cris de mort de la foule croissante ,
Le bois , le plomb , le fer, les cailloux anguleux ,
Déchirent «a sifflant les uniformes, bleus ,
Débris dévastateurs, armes de la colère ,
Qui jaillissent par flots du volcan populaire.
Paris a triomphé ! que nos chants retentissent;
Que nos cœurs , que nos mains , que nos bouches s'unissent!
Quel songe de trois jours ! quel peuple ! quel réveil !
Notre étendard proscrit reluit sous le soleiL
Oh ! que sur les frontons , les lambris et les daBes ,
Subsiste à tout jamais le stigmate des balles;
Que de profanes mains tremblent de rétablir
Le mur qui s'écroula teint du sang d'un martyr ;
Que les troncs effeuillés des larges promenades ,
La poudre qui noircit les hautes colonnades ,
Les pavés protecteurs par le temps affermis ,
Que tout ait une voix contre nos ennemis !
Il faut des monumens élargis sur la base
Que l'œil de l'étranger contemple avec extase ;
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NATOMfcE. Mt
Il faut qu'en traits vengeurs l'historique burin
Cisèle un sarcophage aux quatre angles d'airain;
Afin que dans mille ans quelque roi s'épouvante ,
S'il voit de son palais cette page vivante ,
Ce grand jour ou Paris , tricolore géant ,
£n passant sur le Louvre y laissa le néant.
Baatu*lemy et Mbet.
i3.
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1*0 LA LYRE
A LA JEUNE FRANGE.
10 AOUT 1850.*
Frères! et vous aussi, vous avez vos journées !
Vos victoires , de chêne et de fleurs couronnées ;
Vos civiques lauriers , vos morts ensevelis ,
Vos triomphes , si beaux à l'aube de la vie ,
Vos jeunes étendards , troués à faire envie
A de vieux drapeaux d'Austerlitz !
Soyez fiers ! — Vous avez fait autant que vos pères !
Les droits d'un peuple entier,conquis par tant de guerres,
Voms les avez tirés tout vivans du linceul.
Juillet vous a donné , pour sauver vos familles ,
Trois de ces beaux soleils qui brûlent les bastilles :
Vos pères n'en ont eu qu'un seul !
Vous êtes bien leurs fils ! c'est leur sang , c'est leur ame
Qui fit vos bras d'airain et vos regards de flamme ! ,
Ils ont tout commencé : vous avez votre tour.
Votre mère , c'est bien cette France féconde
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NATIONALE. 151
Qui fait , quand il lui plaît , pour l'exemple du monde.
Tenir un siècle dans un jour !
L'Angleterre jalouse et la Grèce homérique ,
Toute l'Europe admire , et la jeune Amérique
Se lève et bat des mains , du bord des Océans.
Trois jours vous ont suffi pour briser vos entraves !
Vous êtes les aînés d'une race de braves ;
Vous êtes les fils des géans !
C'est pour vous qu'ils traçaient , avec des funérailles,
Ce cercle triomphal de plaines, de batailles ,
Chemin victorieux , prodigieux travail ,
Qui de France parti pour enserrer la terre
En passant par Moscou , Cadix , Rome et le Caire ,
Va de Jemmape à Montmirail !
Vous êtes les enfans des belliqueux lycées !
Là , vous applaudissiez nos victoires passées ,
Tous vos jeux s'ombrageaient des plis d'un étendard •
Souvent Napoléon , plein de grandes pensées ,
Passant, les bras croisés, dans vos lignes pressées,
Aimanta vos fronts d'un regard !
Aigle qu'ils devaient suivre ! aigle de notre armée
Dont la plume sanglante en cent lieux est semée ,
Dont le tonnerre un soir s'éteignit dans les flots ,
Toi qui les a couvés dans l'aire paternelle ,
Regarde , et sois joyeuse , et crie , et bats de l'aile i
Mère ! tes aiglons sont éclos ï
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m ht «m
h.
Quand notre ville épouvantée ,
Surprise un matin et sans voix ,
S'éveilla toute garrottée
Sous un réseau d'iniques lois,
Chacun de vous dit -en son ame :
« C'est une trahison infâme !
m Les peuples ont leur lendemain.
« Pour, rendre leur route douteuse ,
« Suffit-il qu'une main honteuse
« Change l'écttteau du chemin ?
« La parole éclate et foudroie
« Tous les obstacles impruden*.
« Vérité ! tu sais comme on broie
« Tous les bâillons entre ses dents !
« Un roi peut te fermer son Louvre ;
« Ta flamme importune , on la couvre ,
<t On la fait éteindre aux valets ;
« Mais elle brûle qui la touche ;
« Mais on ne ferme pas ta bouche
« Comme la porte d'un palais !
« Quoi ! ce que le temps nous amène ,
« Quoi ! ce que nos pères ont fait ,
« Ce travail de la race humaine ,.
« Ils nous prendraient tout en effet ?
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NATIONALE. I»
« Quoi I les lois ! la Charte ! chimère ?
« Comme un édifice éphémère
« Nous verrions , dans un jour d'été ,
« Crouler sous leurs mains acharnées
« Ton œuvre de quarante années ,
« Laborieuse liberté !
« C'est donc pour eux que les épées
« Ont relui du nord au midi?
« Pour eux que les têtes coupées
« Sur les pavés ont rebondi?
« C'est pour ces tyrans satellites
« Que nos pères , braves élites ,
« Ont dépassé Grecs et Romains ?
« Que tant de villes sont désertes ?
« Que tant de plaines , jadis vertes ,
« Sont blanches d'ossemens humains?
« Les insensés qui font ce rêve
• N'ont-ils donc pas des yeux pour voir ?
« Depuis que leur pouvoir s'élève ,
« Comme notre horizon est noir !
« N'ont-ils pas vu dans leur folie
« Que déjà la coupe est remplie ,
« Qu'on les suit des yeux en levant ,
« Qu'un foudre lointain nous éclaire ,
« Et que le lion populaire
« Regarde ses ongles souvent? »
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1*4 LA LYRE
III.
Alors tout se leva. — L'homme , l'enfant , la femme ,
Quiconque avait un bras, quiconque avait une ame,
Tout vint, tout accourut ; et la ville à grand bruit
Sur les lourds bataillons se rua jour et nuit.
En vain boulets , obus , la balle et les mitrailles ,
De la vieille cité déchiraient les entrailles,
Pavés et pans de murs , croulant sous mille efforts
Aux portes des maisons amoncelaient les morts.
Les bouches des canons trouaient au loin la foule ;
Elle se refermait comme une mer qui roule ,
Et , de son râle affreux , ameutant les faubourgs,
Le tocsin haletant bondissait dans les tours !
IV.
Trois jours , trois nuits , dans la fournaise ,
Tout ce peuple en feu bouillonna ,
Grevant l'écharpe béarnaise
Du fer de lance d'Iéna ;
En vain dix légions nouvelles
Vinrent s'abattre à grand bruit d'ailes
Dans le formidable foyer :
Chevaux , fantassins et cohortes
Fondaient comme des branches mortes
Qui se tordent dans le brasier !
Gomment donc as-tu fait pour calmer ta colère ,
Souveraine cité qui vainquis en trois jours?
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NATIONALE. ltttt
Comment donc as-tu fait , ô fleuve populaire , v
Pour rentrer dans ton lit et reprendre ton cours ?
O terre qui tremblais , ô tempête , ô tourmente ,
Vengeance de la foule au sourire effrayant ,
Gomment donc as-tu fait pour être intelligente ,
Et pour choisir en foudroyant ?
C'est qu'il est plus d'un cœur stoique
Parmi vous , fils de la cité ;
C'est qu'une jeunesse héroïque
Combattait a votre côté !
Désormais , dans toute fortune ,
Vous avez une ame commune
Qui dans tous vos exploits a lui.
Honneur au grand jour qui s'écoule !
Hier vous n'étiez qu'une foule ,
Vous êtes un peuple aujourd'hui !
Ces lâches conseillers de bassesse et d'audace ,
Voilà donc à quel peuple ils se sont attaqués !
Fléaux qu'aux derniers rois d'une fatale race
Toujours la Providence envoie aux jours marqués!
Malheureux qui croyaient dans leur erreur profonde
(Car Dieu les voulait perdre et Dieu les aveuglait)
Qu'on prenait un matin Ja liberté d'un monde
Comme un oiseau dans un filet !
N'effacez rien. — Le coup d'épée
Embellit le front du soldat :
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1*6 LA LYRE
Laissons à la ville frappée
Les cicatrices du combat.
Adoptons héros et victimes ;
Emplissons de ces morts sublimes
Les sépulcres du Panthéon.
Que nul souvenir ne nous pèse :
Rendons sa tombe à Louis-Seize ,
Sa colonne à Napoléon !
Oh ! laissez-moi pleurer sur cette race morte
Que rapporta l'exil et que l'exil remporte ,
Vent fatal qui trois fois déjà les enleva !
Reconduisons au moins ces vieux rois de nos pères.
Rends, drapeau de Fleurus , les honneurs militaires
A l'oriflamme qui s'en va !
Je ne leur dirai point de mot qui les déchire*
Qu'ils ne se plaignent pas des adieux de la lyre !
Point d'outrage au vieillard qui s'exile à pas lents !
C'est mue piété d'épargner les ruines.
Je n'enfoncerai point la couronne d'épines
Que la main du malheur met sur d<es cheveux blancs.
D'ailleurs , infortunés ! ma voix achève à peine
L'hymne de leurs douleurs dont s'alonge la chaîne.
L'exil et le tombeau dans mes chants sont bénis ,
Et tandis que d'un reçue on salûra l'aurore ,
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NATIONALE. 1*7
Ma poésie en deuil ira long-temps encore
De Saint-Hélène à Saint-Denis.
filais que la leçon reste , implacable et fatale ,
A ces nains , étrangers sur la terre natale ,
Qui font régner les rois pour leurs ambitions ,
Et , pétrifiant tout sous leur groupe immobile ,
Tourmentent accroupis, de leur souffle débile,
La cendre rouge encor des révolutions !
VI.
Oh ! l'avenir est magnifique !
Jeunes Français , jeunes amis,
Un siècle pur et pacifique
S'ouvre à vos pas mieux affermis.
Chaque jour aura sa conquête.
Depuis la base jusqu'au faîte
Nous verrons avec majesté ,
Gomme une mer sur ses rivages,
Monter d'étages en étages
L'irrésistible liberté !
Vos pères , hauts de cent coudées,
Ont été forts et généreux.
Les nations intimidées
Se faisaient adopter par eux.
Ils ont fait une telle guerre
Que tous les peuples de la terre
i4
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188 IA LYRE
De la France prenaient le nom ,
Quittaient leur passé qui s'écroule ,
Et venaient s'abriter en foule
À l'ombre de Napoléon !
Vous n'avez pas l'ame embrasée
D'une moins belle ambition :
Faites libre toute pensée
Et reine toute nation.
Montrez la liberté dans l'ombre
A ceux qui sont dans la nuit sombre ,
Allez , éclairez le chemin ;
Guidez notre marche unanime ,
Et faites vers le but sublime
Doubler le pas au genre humain !
Que l'esprit dans sa fantaisie ,
Suive d'un vol plus détaché ,
Ou les arts , ou la poésie, .
On la science au front penché !
Qu'ouvert à quiconque l'implore ,
Le trône ait un écho sonore
Qui , pour rendre le roi meilleur,
Grossisse et répète sans cesse
Tous les conseils de la sagesse ,
Toutes les plaintes du malheur !
Revenez prier sur les tombes,
Prêtres ! qui craignez-vous encor?
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NATIONALE. 189
Qu'allez-vous faire aux catacombes
Tout reluisons de pourpre et d'or ?
Venez. — Mais plus de mitre ardente ,
Plus de vaine pompe imprudente ,
Plus de trône dans le saint lieu !
Rien que l'aumône et la prière !
La croix de bois , l'autel de pierre
Suffit aux hommes comme à Dieu.
VII.
Et désormais, chargés du seul fardeau des âmes;
Pauvres comme le peuple , humbles comme les femmes ,
Ne redoutez plus rien. Votre église est le port ! —
Quand long-temps a grondé la bouche du Vésuve ,
Quand sa lave écumant comme un vin dans le cuve ,
Apparut toute rouge au bord ,
Naples s'émeut , pleurante , effarée et lascive ;
Elle accourt ; elle étreint la terre convulsive ;
Elle demande grâce au volcan courroucé ;
Point de grâce ! Un long jet de cendre et de fumée
Grandit incessamment sur la cime enflammée ,
Gomme un cou de vautour hors de l'aire dressé.
Soudain un éclair luit. — Hors du cratère immense ,
La sombre éruption bondit comme en démence.
Adieu le fronton grec et le temple toscan !
La flamme des vaisseaux empourpre la voilure ;
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160 LA LYRE
La lave se répand comme une chevelure
Sur les épaules du volcan.
Elle vient, elle vient , cette lave profonde
Qui féconde les champs et fait des ports dans Tonde.
Plages , mers , archipels , tout tressaille à la fois.
Ses flots roulent , vermeils, fumans, inexorables ,
Et Naple et ses palais tremblent plus misérables
Qu'au souffle de l'orage une feuille des bois !
Chaos prodigieux ! la cendre emplit les rues ,
La terre revomit des maisons disparues ;
Chaque toit éperdu se heurte au toit voisin ;
La mer bout dans le golfe et la plaine s'embrase ;
Et lés clochers géans , chancelant sur leur base ,
Sonnent d'eux-mêmes le tocsin !
Mais, — c'est Dieu qui le veut, —tout en brisant des villes,
Tout en bouleversant des vallons et des îles ,
En jetant bas les tours qu'il dévore en courroux ,
En remuant au loin et la mer et la terre ,
Toujours Vésuve oublie en son propre cratère
L'humble ermitage où prie un vieux prêtre à genoux !
Victor Hugo.
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NATIONALE. 161
LA PAMSE&NNE.
A» : Vrillons an saint de l'empire.
Eh quoi , notre terre est rougie !
Quel sang vient donc de la souiller ?
Après quinze ans de léthargie ,
Qui donc vient de se réveiller?...
Liberté (bis) , déité si chère à la patrie ;
Est-ce toi?. .Réponds-nous. . .Écoutons! (tu) Cest sa voix .
Aux armes ! plus de tyrannie ;
Peuple , va ressaisir tes droits.
L'étranger que solde la France
Vient nous frapper d'un plomb mortel '....
Est-ce là l'antique vaillance
Des frères de Guillaume Tell ?
LiBKWii (bis) ! quoi ! toujours des. monts de Yfltfaétie
Tes enfans (bis) viendrontriU pour étouffe» ta voix ?,..
Ils tombent... plus de tyrannie !
Le peuple a reconquis ses droits.
Pour l'artisan, au cri de France!
Les combats sont ks seuls, travaux r
14.
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162 LA LYRE
Sous ces poitrines sans défense
Palpitent des cœurs de héros.
Liberté (bis) ! vrais soldats , ils te donnaient leur vie.
Citoyens (bis) , avec calme ils observaient les lois.
Victoire 1... plus de tyrannie !
Le peuple a reconquis ses droits.
Mais tous ces bataillons informes ,
Quels guides vont les diriger?...
Voyez ces jeunes uniformes
Briller au plus fort du danger.
Liberté (bis) , quelle est donc ta puissance infinie !
Qu'ils sont grands ! (bis) ces enfans accourus à ta voix!
Victoire !... plus de tyrannie !
Le peuple a reconquis ses droits.
Et vous, dont la France s'honore,
Relevez ce front attristé ;
Reprenez votre luth sonore ,
Poètes de la liberté !
Liberté (bis) ! qu'à ta voix s'élance le génie !...
Les lauriers (bis) des beaux arts fleuriront sous tes lois.
Victoire ! . . .plus de tyrannie !
Le peuple a reconquis ses droits.
Mais que de pertes on déplore !
Combien de braves au cercueil 1
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NATIONALE. 16S
Àh ! notre drapeau tricolore
Est ceint d'une écharpe de deuil !...
Liberté (bis) dans les deux, leur nouvelle patrie
Que leur ombre du moins (bis) tressaille à nos exploits.
Victoire!... plus de tyrannie !
Le peuple a reconquis ses droits.
Etjbhnb Arago bt Dutbrt.
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14LYIC
LE SOLEIL DE LA UHËKTE.
STAHCE8 LUES AU THEATRE FRANÇAIS
LE 10 AOUT l83o.
Le printemps et Tété passaient tristes et sombres ,
Chaque matin du soir semblait garder les ombres ;
Sur nous pesaient des jours glacés et pluvieux ,
Sur nous pesait un despote odieux ,
Àù retour d'une chasse apprêtant l'esclavage ;
C'est de Saint-Cloud qu'est descendu l'orage...
Mais c'est là qu'il retourne et retombe irrité ; '
On s'arme , nous avons conquis nos destinées ,
Et le Ciel par torrens nous verse la clarté.
Qu'il fut brillant et beau , dans ces grandes journées ,
Le Soleil de la liberté !
Se fiant aux apprêts que leifr puissance étale ,
Ils disaient en signant leur foudre électorale :
« Le peuple est fasciné par un espoir trompeur ,
« Il est sans chefs, un soldat lui fait peur ;
« Traînant sur le pavé , qu'un sabre retentisse ,
« Il va céder... Oui ! qu'on l'anéantisse !
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NATIONALE. 165
« Tel est le bon plaisir de son maître irrité. »
Mais le peuple , levant ses mains désenchaînées ,
Crie aux armes , s'élance et meurt avec fierté.
Qu'il fut brillant et beau , dans ces grandes journées ,
Le Soleil de la liberté !
Qu'avec rapidité le Français se réveille I
Ah ! comme ils combattaient ces bourgeois qui, la veille,
Travaillaient à gagner le pain de leurs enfans !
Leur belle mort nous laissa triomphans...
Ne pleurons pas ! respect à leurs mânes sublimes !
Car un dieu juste a reçu ces victimes
Dans le sein paternel de son éternité ;
Et frappant des vaincus les hordes consternées ,
En couronnant nos fronts de gloire et de clarté ,
Il combattait pour nous , dans ces .grandes journées,
Le Soleil de la liberté !
De ces jours de combats quels beaux jours vont éclore '
Salué par nos cris , le drapeau tricolore ,
D'Orléans , Lafayette , est passé par vos mains ,
Le voyez-vous , ministres inhumains !
Vos lois n'armeront plus le frère contre un frère.
Il est tombé le pouvoir arbitraire ,
Témoin ce vieux drapeau par vous ensanglanté.
Ce grand peuple debout , calme dans ses conquêtes ,
L'ami de Washington, un souverain voté,
Et les dominant tous , immortel , sur nos têtes ,
Le Soleil de la liberté !
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166 LA LYRE
Des ouvriers vainqueurs imitons la noblesse.
Point de divisions , Français , ni de faiblesse !
Qu'un prince élu du peuple exécute les lois ;
La république admira ses exploits.
À Nervinde , à Jemmape il conduisait nos braves.
Jamais par lui nous ne serons esclaves.
Que l'Europe s'étonne à tant de fermeté ;
Elle ne viendra plus troubler nos destinées.
L'oserait-elle... Alors verse-nous ta clarté ;
Ob ! brille , brille encor comme dans ces journées,
Beau Soleil de la liberté !
Soit au cœur des: hivers , soit dans les jours d'orage ,
Aux champs couverts de neige et promis au carnage »
Si le canon tonnant menaçait nos foyers ,
Nos citoyens se lèveraient guerriers ,
Jurant tous de mourir plutôt que de se rendre.
C'est un serment , l'Europe doit l'entendre.
Il aura des échos dans la postérité :
Jurons-le ; pour garder nos libres destinées ,
Toujours en souvenir nous verrons la clarté
Qui nous guida sublime en tes grandes journées ,
Beau Soleil de la liberté.
Gustave Drouiwbàu.
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NATIONALE. 167
LES FRANÇAIS PRECEPTEURS
.DE L'EUROPE.
10 AOUT 1830.
Airs La victoire, en chantant.
Sur l'Europe , où régnaient les profondes ténèbres ,
La France fit briller les arts.
Le jour luit , et l'erreur aux longs crêpes funèbres
Se dissipe de toutes parts j
Mais cette victoire première
Eveille les rois alarmés ,
Et soudain pâlit la lumière
Des flambeaux par elle allumés.
Peuples! votre cause est commune!
Cause sainte , la liberté !
Que votre volonté soit une :
La palme est à l'humanité.
Lutte horrible! les rois, au fond des noirs abymes,
Des peuples jettent les soutiens.
JLes peuples à leur tour arrachent les victimes ,
Et les soldats sont citoyens.
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168 LA LY*E
La Bastille aux tours menaçantes
Sur eux. vomit ses arsenaux ;
Mais tout cède à des mains puissantes :
Le sol engloutit ses crénaux.
Peuples ! votre cause , etc.
Eh quoi! l'Europe entière !... Effroyables tempêtes !
Tous les rois ligués contre nous !...
Mais la France est debout, et ses foudres sont prêtes.
Les rois tombent à ses genoux.
Voyez-là , triomphante et libre ,
Au monde elle dicte des lois ,
Et du Rhin jusqu'aux bords du Tibre ,
Vos yeux en vain cherchent des rois.
Peuples ! votre cause , etc.
De sa gloire éblouis , Portugais et Bataves ,
Ibères et Napolitains
Se lèvent... Vains efforts... ils retombent esclaves;
France 9 à toi les brillans destins !
Du Tage à l'Elbe , à Parthenope ,
Rendus aux maux qu'ils ont soufferts ,
Les peuples de la vieille Europe
De nouveau dorment dans les fers.
Peuples 1 votre cause , etc.
Ciel!... que vois-je? A la France, à la belle patrie,
On prépare le même affront;
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NATiejïALfi. 169
Sous un joug odieux une caste flétrie
Prétend courber son noble front.
Derrière une ligue infernale
Elle mûrit ses noirs desseins ,
Et déjà l'hydre féodale
Du glaive arme les assassins.
Peuples ! votre cause , etc.
. L'airain gronde... 6 terreur ! incroyables spectacles,
Des enfans sont nos généraux.
La liberté partout prodigue ses miracles.
Paris enfante des héros !
Drame enivrant des trois journées !
Riches couleurs de ces beaux jours !
Oui, vous fixez nos destinées!
Les tyrans ont fui pour toujours.
Peuples ! votre cause , etc.
Peuple auguste , à Français i libérateurs du monde ï
Entends-tu les peuples divers P
« Ta vaillance à jamais , en exemples féconde ,
Va régénérer F univers !
Applaudissant à ta victoire ,
Tous ils s'élancent sur tes pas ,
Et dans ce noble assaut de gloire
Briguent un sublime trépas, 9
Peuples ! notre cause , etc.
BoNVAtOT.
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170 LA LYRE
LES SERMENS.
HOMMAGE AUX TROIS ECOLES.
il AOUT 1850.
O mémorable exemple , ô vain serment d'un roi !
Accueilli par l'espoir et dicté par la foi ;
Discours de loyauté qu'un vil flatteur altère ;
Serment qu'on peut trahir en se croyant sincère ;
Charles t'a prononcé jadis avec ferveur
Sur le livre divin , sur la croix du Sauveur ;
J'ai redit le serment de ce roi légitime ;
Prophétique alcyon , j'ai chanté sur l'abyme.
En vain ma faible voix a voulu l'avertir :
Comme la vérité l'erreur eut son martyr.
Des traîtres , de son ame égarant la noblesse ,
Ont su changer en crime une heure de faiblesse !
Accordez votre luth , poètes , mes rivaux ,
Chantez un nouveau règne et des sermenè nouveaux ;
Pour moi, je tremble encor des récentes alarmes,
Et sur la royauté je n'ai plus que des larmes.
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NATIONALE. 171
Je sais que le monarque en nos murs proclamé ,
Aux plus saintes vertus se montre accoutumé ,
Qu'il chérit la justice et prodigue l'aumône ;
Mais l'ombre et les écueils environnent le trône...
Tout voile peut servir aux desseins corrupteurs ,
Toutes les faussetés n'ont pas été proscrites ;
Le peuple aussi peut avoir ses flatteurs,
La liberté ses hypocrites !
Mais vous, jeunes Français, notre honneur, notre espoir,
Vous à qui ce grand peuple est fier de tout devoir,
Héros encor parés des grâces de l'enfance ,
Qu'il vit en un seul jour grandir pour sa défense ,
Vous n'avez rien promis , ni foi , ni dévoûment ;
Votre sang répandu... Voilà votre serment !
Vous ne trahirez point la promesse sublime ,
Vous qui le commandiez ce peuple magnanime ,
Conquérant sans orgueil et vengeur sans excès ,
Réduit par le malheur à vaincre des Français,
Qui sut , de son outrage écartant la mémoire ,
S'arrêter de lui-même au seul cri de victoire !
Et , maître , dédaignant des triomphes nouveaux ,
Retourner en silence à ses humbles travaux.
Tel un lion , atteint d'une flèche perfide ,
S'apprête à dévorer le sauvage intrépide ;
Armé par la douleur , la rage le conduit : '
Il rugit et l'on tremble ; il s'avance et l'on fuit.
Il peut saisir sa proie et d'un seul pas l'atteindre ;
Mais il sait épargner ce qu'il n'a plus à craindre ;
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m IAsVYBB
Le froid dédain succède au courroux menaçant.
Il regagne son antre en léchant sa blessure ,
Rejoint ses lionceaux , les garde , les rassure ,
Et s'endort en les caressant.
Honneur , honneur à toi , savante et jeune France !
Ta première action est notre délivrance ;
Tu puisas la sagesse en l'étude des lois >
Et sans les dépasser tu maintiendras nos droits.
Tu n'as pat à dompter dans ton ame innocente
L'hydre des souvenirs sans cesse renaissante;
Ignorant les revers d'un orgueil insensé ,
Tu ne déploies point les rêves du passé ;
Tu ifas point partagé L'anarchtquc délire ;
Tu n'as pas encensé les tribuns et l'empire ;
Ta vie est sans remords , sans outrage à i f B flti ;
Tu n'étais qu'au berceau quand vainquit f étranger !
Vers ton bel avenir marche avec confiance ;
La lumière du siècle est ton expérience ;
Les torches , les flambeaux ne servent que la nuit ,
Qu'importe un guide à l'œil que le soleil conduit.
Marche , France nouvelle , accomplis ton ouvrage ;
Les peuples à l'envi t'apportent leur suéfage.
Ma lyre devant toi s'incline avec respect ;
Son hommage n'est pas un éloge suspect :
De tout parti haineux je brave la colère ,
Chantre de vérité , je m'attends à déplaire ;
Il est certain courroux qu'on est fier d'inspirer ;
Mais en parlant de toi je ne sais qu'admirer.
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NATHmLE. 175
Crois à ma voix sincère , écho de la patrie ,
Ter exploits me r veilleu x passent la flatterie :
Ces miracles d'un jour, ces sublimes efforts,
Pour retentir au loin n'ont pas fcesok* d'accords ;
Leur plus simple récit est un hymne de gloire ,
L'idéal du poète est vaincu par l'histoire !
M«lle. Delphine Gat.
i5.
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174 LA LYRE
LAFAYETTE A PARIS.
La reconnaissante Amérique
Fêta le soldat citoyen
Qui , dans une guerre héroïque >
Fut son héroïque soutien !
A son tour la France s'apprête
A couronner tant de vertus ;
Paris invoque Lafayette ,
Il lui donne un laurier de plus !
Cité que la Seine féconde ,
Venge des forfaits inouis ,
Ton courage étonne le monde ,
Et tous nos droits sont reconquis.
Noble terre de l'industrie
Terre de l'hospitalité !
Que je suis fier de ma patrie !
Elle adore la liberté !
Qu'on est heureux d'être auprès d'elle !
Mais sa gloire s'étend au loin ;
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NATIONALE. 17»
Notre victoire est solennelle ,
Elle a l'univers pour témoin !
Cité , etc.
Quel brillant cortège s'avance !
Que d'innombrables citoyens
Accueillent le fils de la France !
Que de regards cherchent les siens !
Du peuple la garde s'empresse
Autour de son char triomphal ;
On entend ce cri d'allégresse :
Vive le digne général !
Cité , etc.
Quelle est la troupe menaçante
Qui voudrait arrêter leurs pas ?
Des insensés , rage impuissante ,
Lafayette ne vous craint pas !
Il parle, on se tait, il proclame
Les éternelles vérités ;
Et les sons que rend sa grande ame
Seront a jamais répétés.
Cité , etc.
Accourez, députés fidèles,
De nos droits premiers défenseurs ï
Et que vos hymnes fraternelles,
Peignent les transports de vos cœurs !
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17* LA LYRE
Bardes ! chantres de k patrie ,
Commencez des aceords pieux t
Versez des flots de poésie ;
L'homme libre est aimé des dieux.
Cité, etc.
Ce frère embrassé par des frères ,
Ces élans du peuple français
Sous les tricolores bannières
Nos mythologiques succès ,
Voilà le prix de la constance !
Lafayette l'a mérité !
Et sur son front brille d'avance
Le rayon d'immortalité.
Cité , etc.
HottVlNSItlS ni Sj.i*t-àlh*.
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NATIONALE. 177
LA LIBERTE SOUS L'EKNBE
DES LOIS.
Gloria patrie.
Mes peuples, me* sujets , mes esclave»,, peut-être !
(Ainsi parle un tyrmn qui se croit mette maton.)
Ma volonté , dit-il, plut forte que les lois,
Supprime la pensée , et du peuple les droites.
Dans le conseil des sept y où la voix du mystère
A mes sujets trompés a esche ma colère ,
Fut forgé le marteau qui brise le pouvoir
D'un peuple trop longtemps oublieux du devoir;
Qui , né pour Y esclavage , ose avec insolence
Raisonner sur les droits de ma toute-puissance.
Qu'il rampe , ou bien qu'il serve avec humilité ,
Qu'il étouffe en son cesur le cri de liberté ,
Et , s'il assit jamais s'attirer ma vengeance ,
J'en appelle aux soldats pour combattre la France.
(Un prélat écoutait ce discours éloquent.)
— C'est bien, dit le béat , qui parle en ce moment;
Je reconnais en vous cet accent du prophète ;
Vous êtes de David une image parfaite ,
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178 LA LYRE
Sire, priez encore ! et s'il fallait du sang...
Songez que vous devez défendre votre rang.
C'est la grâce de Dieu qui donne la couronne ;
Vos ministres sont prêts... Mais le clairon résonne :
La victoire est à vous... La coupable cité
Va trembler à la fin sous votre majesté.
Le choc des élémens , Tonde usurpant la terre ,
Et le monde assourdi par le bruit du tonnerre ,
Auraient moins étonné le peuple épouvanté ,
Que cet arrêt du trône et de l'iniquité...
Le silence d'abord... puis la terreur publique...
Le peuple en un moment fut une république
Où chaque citoyen devenait un Brutus :
Il avait son courage, il avait ses vertus.
Là , le fils et le père , et l'enfant jeune encore t
Se sentant consumer d'un feu qui les dévore ,
Demandent à grands cris la chute des tyrans...
Un autre Charles-Neuf vient frapper ses enfans ,
Et le pacte des lois est brisé par la foudre.
Tartufe sanguinaire à genoux dans la poudre ,
Charles à ses soldats vient d'ordonner la mort !
Sa puissance est un songe et sa vie un transport;
Il cherche sur son front à placer sa couronne ;
L'hydre du fanatisme autrement en ordonne.
Il commande au transfuge un vaste assassinat ,
JEt lui seul abandonne et le trône et l'état.
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NATIONALE. 179
De palais en palais poursuivi par la haine ,
Il aperçoit sa fin dans la loi souveraine...
Le prélat le console en regardant les cieux.
Toujours prêt à trahir sa patrie et ses dieux ,
Raguse commandait aux troupes. consternées
De se voir sous un traître à servir condamnées...
Enfin il est vaincu î... Va recevoir le prix
Que Ton peut attacher à tes lauriers flétris.
Remets-la cette épée aux mains de d'Àngoulême ,
Rampe encore une fois auprès du diadème.
Pour payer l'infamie il n'est plus de trésor:
Va dans la Germanie , il t'y revient de l'or.
D'un premier déshonneur on a payé l'audace *
Tu peux partir , Raguse , ici n'est plus ta place.
Cependant dans Paris le peuple consterné ,
A l'absolu pouvoir se voyait condamné ,
Et préférant la mort à cette ignominie ,
Un sentiment d'honneur inspira son génie...
Un combat de trois jours, riche de tant d'exploits,
Raffermit pour jamais l'empire de ses droits.
L'on ne peut oublier que ces grandes journées,
Ont du peuple français fixé les destinées...
Si quelqu'un parmi nous en était délateur,
La tribune publique aurait son orateur...
Le peuple se réveille au bruit de la parole...
On parle d'étranger... Cette crainte est frivole.
L'étranger, comme nous, aime la liberté.
Des grandes nations respectant le traité ,
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180 LALÏBE
Nous saurons conserver les droits de 1a défense ,
Pour l'exemple du monde et l'honneur de la France.
Quel spectacle nouveau... D'où sortent ces héros
Qui , cachés tout à l'heure et riches en bons mots ,
Ont après le danger cet excès de courage P
Ils osent du vainqueur réclamer l'héritage.
Ces valets de Vétat et non pas son soutien 9
Lâches, pour qui la guerre est la source du bien ;
Aussitôt au pouvoir, leur active insolence,
D'un brave infortuné repoussant l'indigence ,
Osent interroger des vertus qu'ils n'ont pas.
De ces calamités arrêtons les éclats ;
Que désormais l'honneur ou le savoir utile
Dans les emplois publics trouve un constant asile.
Mandataires du peuple , et vous, grands citoyens,
De la France en ce jour les plus nobles soutiens,
Achevé» les travaux d'un peuple formidable ,
H a conquis sa force , il est impérissable !
Son sang a résolu ses titres aujourd'hui ,
Et dans ses députés il attend un appui.
N'allez pas des partis rappeler les cohortes ;
Du temple de Janus il faut fermer les portes.
La liberté n'est pas complice du pouvoir,
C'est le sceptre du peuple , il connaît son devoir.
Ah ! si le souverain trahissait ses promesses ,
On lui rappelerait ce* momens d'allégresses,
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NATIONALE* 181
Ce cri de liberté , ce chant triomphateur ,
Qui du peuple français fit un peuple vainqueur.
Réfléchissez ses droits; qu'une loi solennelle
Assure à la patrie une paix éternelle.
Quel que soit le monarque ou l'état adopté ,
Le peuple a reconnu sa légitimité :
Inconstant autrefois , même dans son courage ,
Il crut changer de sort en changeant d'esclavage ;
Mais ces temps ne sont plus , il a conquis ses droits ;
Il veut la liberté sous l'empire des lois.
Soumis avec respect au trône héréditaire ,
Il en veut protéger le pouvoir salutaire.
A l'oeuvre de son choix fidèle avec excès ,
Un roi peut , quand il veut , compter sur les Français ;
Mais la foi du serment doit être révérée :
De l'autel de Vesta c'est la flamme sacrée.
Au temple de la Paix il nous faut parvenir.
Par le choix d'un enfant nous perdons l'avenir.
L'état républicain amènerait l'empire ;
Cette noble pensée est un heureux délire !
Il est un autre choix que la France a dicté ,
Que Rome aurait aimé dans sa prospérité ;
Son nom est dans les cœurs ainsi que sa puissance ;
Il a livré sa vie en héros à la France.
Entouré de ses fils, dans les jours du danger,
II a volé vers nous... et non à l'étranger...
16
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18* MJbTU
Son nom, qui dans no* ccfeurs a feorté l'espérance ,
De nos malheurs passés va consoler la France ;
Et ce grand citoyen , par nos vœu* proclamé *
Est Roi de la patrie et Prince bien-iimé !
Que ne puis-je citer tous ces noms héroïques*
Méritant du Forum les couronnes civiques !
Il n'en faut pas nommer... il faut les nommer tous.
Que de noms généreux sont venus jusqu'à noué !
Que de noms inconnus méritent nos hommagel !
Et comment signaler tous ces jettnes courages,
Cette école exaltée, et ces rangs de l'honneur?
Ce soldat indigné dé sa triste valeur ?...
Enfin comment parler de cette autre vaillance
Qui finit de sauver et de venger ht France?
Ces riches citoyens , protecteurs éclairés,
Que je n'ose nommer, mais qui sont révérés?
Comment parler encor de ces vertus fécondes ,
De ce grand citoyen, du héros des deux mondes?
Philosophe intrépide , il arrête le temps ,
Et rajeunit pour nous ses lauriers éclatans*
Ah ! combien est heureux un pays dont la gloire
De ces célébrités enrichit son histoire.
Français , n'oubliez pas ce triomphe indompté ;
Qu'il soit celui des lois et de la liberté.
Vous avez reconquis le drapeau tricolore ;
De ces nobles couleurs votre sein se décore ,
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NàVfQRA&È. **
Et nos vaisseaux bientôt, an bout de l'univers,
Pourront avec orgueil, an bruit de leurs concerts,
Montrer ce pavillon , ce tribut de Ja gloire ,
J>ont l'aigle d'un béros consacra la mémoire :
Relevé pour la paix et pour lu liberté ,
Peut-il être souillé par l'infidélité.
Redites quelquefois cette utile parole :
La roche tarpéiettne est près du C apitoie.
Lb Ch«. A. Philpiu.
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184 LA LYRE
A BERANGER,
▲PRES LES JOURNEES DE JUILLET.
12 AOUT 1830»
La liberté nous convoque à sa fête :
Tous ses enfans embrassent ses drapeaux ;
O Béranger ! toi notre vrai poète ,
Reprends ton luth : sors d'un trop long repos.
Tes refrains seuls nous disent notre histoire ,
Et, même après les plus nobles combats,
Nous douterions, je crois, de notre gloire ,
Si Béranger ne la célébrait pas.
Les fiers accens de notre Marseillaise
Du peuple encore ont ranimé la voix ;
Mais il demande à ta muse française
y Des chants nouveaux pour de nouveaux exploita.
Entends , entends la France qui te prie !
Quel citoyen , au sein de nos débats ,
Reconnaîtrait l'appel de la patrie ,
Si Béranger ne lui répondait pas ?
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:;
NATIONALE, tf*
Peins-nous surtout ce peuple magnanime
. Par notre orgueil trop long-temps outragé* -_ :
En nous sauvant , son dévoûment sublime
De nos dédains Ta dignement vengé.
Mais que 4e sang a coflté 4a victoire î * ; % : - £' ï
Veuves, enfans, pleurant d'affreux trépas, ,f
De ce grand jour maudiraient la mémoire,
Si Béranger ne les consolait pas.
D'un vers sanglant poursuis , sans faire grâce ,
Ces rois déchus, Ces courtisans pervers; r :> '^
Va, ne crains pâk d'Outragëflcfur disgrâce :
Là vertu seule ennoblit les revers.
Ces vils tyran* , dans lenr ruitè lointaine, t: a w
Par ftoftS sauvés, malgré leurs attentats, " *"• • ^
Croiraient, grands dieux! avoir presèrlf leur peine*,
Si Béranger ne les flétrissait pas. ' ,(,,} < ***' "
En d'autres temps , si ta muse attendrie
Nous fit pleurer l'oubli des trois couleurs. , . If
En revoyant sa bannière chérie ,
Le vieux soldat vient de sécher ses pleurs.
Quand tous les cœurs s'ouvrent à l'espérance,
Le monde entier, qui vers nous t^nd les bras,
Méconnaîtrait le drapeau de la France ,
Si Béranger ne le saluait pas. • »->•■ : f->n
. , . . EuGENl jDûRIEU. . .
■ • ' '» W-il, ,! ijn> l «| xi«>7
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m XâMM
L>AVENEM3WT 9B fimm f.
4 AOfJT 1650»
Frappé de cet esprit de démence soudaine
(^ dans Vabyme a pouss? tan* 4e rois,
Charle avait dit; « J* fraise est 9>« 4omawe*
« Dieu fit mon $rôno et n'a pas fait *c# loi» î
«Vos lois!.., i£navej^Y0US? Cette cfcartaépWmtoe,
« .Que fymis, pour tromper l'erigepee des temps f
« Jeta, comme un hochet, * Foignflil popaki»...
« H la donna ; je la reprends ! »
Roi malheureux ! ainsi s'abusait ta puissance s
Et ta cour, en espoir, déjà rivait nos fers.
Tu consultas des ministres pervers : .
Avais-tu consulté la France ?
Honte ! honte éternelle à /fui le conseilla !
Tu n'étais <ju'égaré , l'on t'a voulu coupable.
Alors , sous tes lambris , une voix formidable ,
Voix par qui le destin souvent se révéla ,
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NMMMIff. lit
La voix du peuple , en sursaut t'éveilla !
Contre la liberté tes garde* accoururent j
Le peuple fit un pas et tes gardes moururent ,
Et ton trône croula.
Qu'il fat digne de sa victoire ,
Ce peuple généreux que tu ne compris pas !
Debout, le fer en main , sous les yeux de f Histoire ,
Il accomplit eu toit java de combats
Assez de faits pour trois siècles de gloire !
La grande nation a reconquis ses droits :
Notre sang , qui coula sur les marches du trône ,
N'a que trop effacé nos serment d'autrefois /
Libres, c'est notre ampur qui 4ie*e notre cfcoix...
O vertueux Philippe , accepte la f&mm& l
Elle est long-temps sur la tête «Je* toi* ,
Quand c'est un peuple $ftfe donne.
Aoout.
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1*S <LALYRE
HYMNE NATIONAL
■■•. • s' " ' t r.
EN L'HONNEUR DES MORTS ET DES HLESSeV
DES GRANDES JOURNEES DE JUILLET.
Lu «a Théâtre-Français le x5 août i83o.
En avant ! marchons , camarades !
Et s'ils ont soif de nôtre sang ,
Qu'il coule sur nos barricadés !
Rendons-leur le pavé glissant?
Voici le drapeau tricolore !
Si nous tombons , qu'il brille encore
Sur nos cadavres foudroyés !
Ses nobles flammes nous éclairent !
Ses plis ondoyans régénèrent
Nos fronts long-temps humiliés l
Citoyens , respect à nos frères!
Gloire à la cendre des héros !
Enfans , les tombeaux de vos pères
' Ont des lauriers pour vos berceaux !
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NATIONALE. 189
Le canon gronde , et d'heure en heure ,
On voit , calme et silencieux ,
Paraître au seuil de sa demeure ,
Un brave , au vêtement poudreux.
Le peuple l'entoure ; il vénère
Cet habit de paix et de guerre
Qu'il n'a pas vu depuis long-temps !
C'est notre garde qui s'avance ,
Et qui s'éveille au cri de France
Etouffé depuis quatorze ans !
Citoyens, respect a nos frères ! etc.
Ah ! dans les jours de leur puissance ,
S'ils avaient désarmé vos bras !....
Qu'aurait fait leur vaine insolence !....
Les coeurs ne se -désarment pas.
Ils avaient brisé vos cohortes ,
Et faisaient briller à leurs portes
Le fer des soldats étrangers !
Mais vos drapeaux , votre colère ,
Vos fusils couverts de poussière ,
Tout revient au jour des dangers \
Citoyens , respect à nos frères 1 etc.
■ , >*
Salut , héroïques élèves , '
Espoir des cités et des camps >
Qui sortiez , agitant vos glaives,
Et guidiez au feu nos enfans !
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Salut, PW^riew magnanimes,
Qui vous présentiez en victimes ,
N'ayant qu'une pierre à la main J
Voua disiez : « Amis , poipt Calâmes ,
Car nos ennemi* ont 4*s arme» !
C'est nous qui les auront demain ! a*
Citoyens , respect à nos frèeeal etc.
J'ai vu i^es enfant pleins d'audace ,
D'une ardeur sublime animés !
Contre l'airain qui les menace
Ils lèvent leurs bras désarmés !
Sous Jes fusils et la wUwltp
Ils marchaient «aiment eu bataille ,
Et le «oir rentrant au foyer ,
Ils disaient : « Me voici, ma mète ! »
Et celle-ci , trempante et fièfe ,
Couvrait de pleurs l'enfant guerrier.
Citoyens, respect a nos frères 1 etc.
Noble élan J cité fraternelle !
Et vous tons qui, montant de faim ,
Aux palais où For étincelle ,
Ne preniez qu'un sabre et du pain !
Chants de bonheur, cris funéraires.
Blessés joyau* , modestes bières
Que portaient des bras mutilés i
Jours de sang, d'ivresse et de gloire,
dby Google
Que vous effacez la mémoire
Des grands jours que vous rappelé* !
Citoyens , respect à nos frères ! etc.
Le petite à vengé son injure ;
De ses droits il veut le maintien ;
Et brisant un sceptre parjure ,
Il couronne un roi-citoyen.
Celui-là , sous notre bannière ,
Pour défendre notre frontière ,
Fut debout au premier signal;
Et sa bouche toute française
Chantait hier la Marseillaise
Du haut de son balcon royal.
Citoyens , respect à nos frères !
Gloire à la cendre des héros !
Enfans, les tombeaux de vos pères
Ont des lauriers pour vos berceaux.
Léon Halsvy.
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§92 LA LYRE
LA REVOLUTION DE PARIS.
At& : Dis-moi, mon vieux, t'en sourient «ta?
De l'héroïsme , après quarante années ,
Le feu sacré couvait au fond des cœurs :
La tyrannie expire en trois journées ,
Les citoyens sont libres et vainqueurs.
La Liberté plus belle vient d'éclore ,
Et Lafayette assiste à ce réveil...
Voici flotter le drapeau tricolore :
Champs d'AusterUtz , voilà votre soleil !
Ce Charles-Dix , dont l'ame déloyale
Contre la France arma de noirs projets,
Voulut se faire une pourpre royale
Teinte deux fois du sang de ses sujets.
Coupable roi qu'à jamais environne
De Charles-Neuf le souvenir hideux :
Pleurant ton crime et ton front sans couronne ,
Traîne en exil le froc de Jacques-Deux !
Ils ont osé , ces ministres infâmes,
Du vieux tyran caresser les desseins ,
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NATIONALE. 195
Assassiner et noslils et nos femmes,
Et de notre or payer les assassins !
Mais la justice à nos cris légitimes
Promet vengeance , et grande il nous la faut :
Le sang versé. de. dix mille victimes
Marque la place où dresser l'échafaud.
Ce fat soudain un complot magnanime !...
Sauvons la charte !... Et pour la secourir,
On s'arme , on court... La Marseillaise anime
Un peuple entier qui s'empresse à mourir.
Sur les canons , cette foule invincible ,
Se débordant comme un fleuve en fureur ,
Semblait toujours suivre un chef invisible...
Marche devant , ombre de l'empereur !
Victoire au peuple ! et le pavé des rues ,
Du haut des toits foudroyait l'ennemi.
Troupes de sang , vous êtes disparues,
Et vos blessés ont un hospice ami.
Le peuple va , dans ses fureurs premières ,
D'un pouvoir mort écraser les valets...
Ils ont brûlé , les lâches ! ses chaumières ,
Mais lui , clément , fait grâce à leurs palais.
Salut, honneur à la vaillante école ;
Oui , des enfans furent des généraux !
*7
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194 LALYBZ
Tel préludant aux triomphes d'Aréole*
Le Gone était à Brienne un héros.
Jeunes rivaux des braves de la Loire »
Avec respect , vous que nous admirons ,
Recommencez à poursuivre la gloire :
Vous avez tout gagné Vos éperons 1
Paul Lacroix.
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LA LIBERTÉ CONQUISE*
ODE DEDIEE AUX BftAYES QUI OVT COMBATTU
LES 27 , î8 ET 29 JUILLET.
Ne croyez pas , 6 filles de Mémoire !
Dans le transport qui me saisit soudain ,
Encore ému d'une grande 'victoire ,
Que j'aille à tous , une lyre à la mam ,
Vous demander des accords pour l'histoire.
Apollon même est pour moi sans secours :
De son pouvoir je méconnais l'empire.
Seule, aujourd'hui, la liberté m'inspire:
Je vais chanter les plus beaux de nos jours 1
Après trente ans d'une gloire immortelle ,
Un peuple brave avait en rallier
Ses anciens rois à la France nouvelle ;
Et le passé qu'on voulait oublier
Semblait finir une triste querelle.
Enfin , un pacte , eneor bien qa'miparfait ,
Etait pour tous l'autre atone d'alliance c
Us l'ont brisé ceux-là dont Youklimncc
N'aspirait plus qu'à ce lâche forfait.
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196 LA LTBE
Ils Vont brisé ; leur téméraire audace
En arracha tous les ans un lambeau ,
Et tous les ans quelque loi le remplace ,
Qui de nos droits vient creuser le tombeau ,
Et nous ramène un passé qui s'efface.
Oui , le conseil de quelques souverains
Livra la charte à leurs mains sacrilèges ;
Et , les berçant de leurs vieux privilèges ,
Associa la mitre à leurs desseins.
Comblés d'honneurs , gorgés d'or, leur ivresse
Ne connaît plus les bornes du pouvoir :
Incessamment leur tête se redresse
Plus menaçante; et pourtant quel espoir!...
Ils imputaient notre calme à faiblesse ,
Quand de la fourbe , assise à leur côté,
Prenant le masque et la double figure ,
Ils invoquaient la fraude et le parjure.
Pour conquérir la popularité.
Mais c'est en vain: pour eux l'heure fatale
Avait sonné !... Malgré ses oppresseurs , ,
La France parle , et l'urne électorale
A ramené ses nombreux défenseurs :
Eux sont déçus. Dans leur fureur brutale,
N'écoutant plus même leurs vieux amis ,
Ils ont juré de venger leur défaite ;
Leur cri de guerre est un cri de retraite
Et leur champ-clos„. Interrogez Paris ! ! •
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Ils avaient dit dans leur rage impuissante :
Versons le sang d'un peuple mutiné ;
Sur des monceaux de leur chair palpitante, j
Que son orgueil à jamais enchaîné •
Livre en tombant sa liberté mourante* ■
Celui qui veille aux destins des humains,
Pour renverser leurs plans libertieides,
D'un peuple entier fait de nouveaux Alcide»
Exécuteurs des travaux de ses mains. .,..-, <
Tremblez irtyrans, qui. pesez sur la terre !
Le Ciel sur vous va tancer ses carreaux.
Tremblex ! un peuple , « l'égal du tonnerre ,
Vient abaisser vos orgueilleux faisceaux ,
Et sous ses pieds les briser comme verre.
Opposez-lui vos prêUes , vos soldats ,
Des saintes lois franchissant la barrière :
Il les disperse , et , comme la poussière y
Votre pouvoir croule et vole, en éclats. :: -
Ainsi périt, au milieu des tempêtes,
Le despotisme et ses lâches supports*
La foudre gronde t .et , sillonnant leurs têtes ,
Arrête ainsi leugs coupantes efforts»? v
La liberté va consacrer 4 e« fête* ^ ;,•:—: F :
Et pour remplir notre atfe^/flfcfiQs veaux, ' :
Un prince auguste, espoir dcJfepaifie',
N'écoute plus que la voix qui lui* eue :
Je suis Français î... Vivre Ûfte edmme eux \
17.
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tés la t/rra •
A cet élan qui V élève et l'honore ,
Nos cœurs émus lui livrent en secret
Notre avenir, le sceptre , et plus encore,
L'amour de tous ! bonheur le plus parlait.
Salut, dit-il, au drapeau trieolore,
Gage sincère et bien digne a la fois '
D'un noble ceeur , d'un soldat dé Jémmapé 1
Son so uv e ni r le ravit et le frappe ,
Et ses couleurs rappellent «es exploits.
Mais quel spectacle I en tous lieux quelle ivresse !
J'entends dans fair nulle cris -élancés : ' ■•■-'-•*•
C'est d'Orléans* qtfon entoure , qu*bn presse ;
C'est notre roi l nos voeux sont exaucés.
Roi des Français^ ton titre est sa sagesse.
Il peut prét«i*4re au* destins des Césars » '
Fort de l'appui du peuple et de l' armée , ' '
Il régnera , ter de sa renommée, :) ' "'- - -
Sans redouter d'autres ides de Mars.
Il régnera pour le bien de <la France ,
Chéri de tous , son épouse avec loi.
Un fils, objet de lent douce espérance ,
D'un noble éclat déjà twilk èujourdliui ,
Et des vertus noue oflre Paasurauce.
Que l'étranger , opprimé p ar *e sort ,
Vienne goûter itefcn^eraés publiques;
Qu'il trouve ou verts nos loyers domestique*.
Où soit écrit : Mus d* fers eu Sa mort !
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Jeunes héros ! citoyens de tout âge 1
l ibé r ateurs Ae fa -patrie en deuil ;
Mânes chéris ! victimes d'un courage
Que l'univers aâawt avep *rgue 0,, ;
Puissent mes chants , dont je vous fais hommage.
Saisir vos cœurs fcs transports Je» plus doux ,
Et, rappelant vos plus belles journées,
Marcher ensemble avec les destinées
Que l'avenir déroule devant vous !
ftoziKB,
. • :r: - )
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900 LA LYRE/
ILS L'ONT VOIJfcU l
Ai» : J*«i sn mourir.
Ils l'ont voulu !: sur le bord de l'abymp
La nation a reconquis ses droits ;
Depuis quinze ans un peuple magnanime
Souffrait en paix et réclamait des lois;
De la patrie ils ont comblé l'injure ,
Par leurs forfaits notre pacte est rompu...
Le châtiment a suivi le parjure !
Ils Font voulu !
Ils l'ont voulu ! des milliers de victimes
Jonchent nos quais et nos foyers fumans...
Mais leurs bourreaux , les agens de leurs crimes ,
Les ont couverts de leurs membres sanglant*
Osez paraître , ennemis de la France t
Tous ces enfans, qui pour elle ont vaincu ,
Ont mesuré sa force et sa puissance !
Ils Font voulu !
Ils l'ont voulu ! ces prélats hypocrites,
D'un saint manteau couvrant leurs cruautés ,
dby Google
NATIONALE. SOI
Qui de nos dons gorgeaient leurs satellites
Et conspiraient contre nos libertés !
De folle erreur on traitait nos alarmes ,
Mais dans leur cœur nous avions trop Bien lu ! *
Et leurs poignards nous ont fourni des armes.
Ils l'ont voulu !
Ils Font voulu ! quand on ouvre l'histoire ,
En consultant ses sinistres feuillets,
On voit des rois sans vertus et sans gloire ,
Qui de leurs mains égorgeaient leurs sujets...
Mais leurs complots, mais leur fureur efface
Tout souvenir et tout forfait connu...
Néron , Tibère a nos yeux trouvent grâce...
Ils Vont voulu ! ^
Ils Font voulu ! Comme de vils atomes ,
Ces nains chétifs qui se croyaient si grands ,
Ils sont tombés , et leurs pâles fantômes
Iront partout effrayer les tyrans ;
Chassés , maudits sur la terre ennemie ,
Derniers débris du pouvoir absolu ,
Ils traîneront l'opprobre de leur vie.. .
Ils l'ont voulu f
Ils l'ont voulu ! des bras de la patrie
La Liberté descendit au cercueil...
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On la crutniorte, et dans ** lé&argi* ,
Son vieux drapeau Uni servit 4e linceul s
Hais, ô prodige ! un lambeau tôcolore
Au leîn de* aur» avec elle apparu ,
Au champ d'honneur vu nou§ guider encore.
Ils Font voulu !
Alexis Baurièrk.
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NATteflAli*. ftg
L» WLlPEAtJ TMCOLORË-
Les voilà , $es couleurs peintes dans ma mémoire *
Qui flottaient dans l'air libre autour de mon berceau !
Le voilà , ce doux prisme où j'ai vu tant de gloire !
Ralliez-vous , Français ! voilà votre drapeau.
On le brise , on le brûle ; on ne saurait l'éteindre :
Il renaît de sa cendre , il se rallume au jour.
O grand peuple 1 il t'ombrage ; et c'est pour mieux l'étreindre
Qu'il est tombé du ciel dans son réveil d'amour.
Voyez, c'est l'arc sauveur qui brille après l'orage :
Voyez ! de toutes parts il cerne l'horizon.
Phare long-temps voilé , guide ardent du courage,
Aimé !... comme un ami qui sort de sa prison.
Le voilà, ce trésor, linceul de tant de braves,
Qu'on l'étende sur eux ; c'est pour lui qu'ils sont morts.
Qu'il est grand dans les airs, sorti de ses entraves :
Qu'il est beau dans vos bras , dans vos rangs sans remords !
Sentez-vous palpiter la tombe fraîche , immense,
De nos jeunes héros P Français , que vos couleurs
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2Q4 LA LYRE
Se baignent dans leur gloire , où la nôtre commence ;
Baptisez le drapeau par le sang et no* pleurs !
Et Dieu le répandra comme un sillon d# flamme ,
Des montagnes sur Tonde , et du Ciel au vallon :
Liberté ! Liberté ! vœu du cœur, cri de Famé »
Le monde a des échos pour répéter' ton nom. ,: "
Mad. Desbordes Vàl moue.
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NATIONALE. 90*
LA REVOLUTION DE 1850.
Sur les ailes du temps m'élevant dans l'espace
Des siècles écoulés j'interrogeais la trace ;
Et les peuples passaient tels que de vils troupeaux
Flétris par le malheur, courbés sous les entraves
Du silence stupide où dorment les esclaves ,
Dans le silence des tombeaux.
L'œil humide de pleurs, vers la céleste voûte
Je tournais un regard où se peignait le doute ,
Le doute injurieux à la divinité ;
Mais mon ame échappait à cette erreur coupable ,
Alors que des humains la race misérable
Jetait un cri de liberté.
La puissance des lois encor mal affermie ,
Les héros qui jadis frappaient la tyrannie ,
Souvent dans leur triomphe allaient s'ensevelir ;
Et ce que n'avait pu l'ardeur républicaine.
Qui brûlait dans le sein et de Rome et d'Athène ,
Lutèce vient de l'accomplir.
•s
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90* tA L1È&
L'Europe dès long-temps est un vaste théâtre
On le peuple français, de ht gloire idolâtre i,
Etonne les mortels que son exemple instruit,
Tel qu'un phare élevé sur l'ooèoi de* âge) ,
Ou qu'un astre éclatant qui, vainqueur des orages,
Dissipe une trop longue nuit.
Ce drame où notre nom jusques aux cieux s'élève ,
Que Mirabeau commence et que Philippe achève ,
De vingt siècles étale à nos yeux les exploits,
Drame où le monde assiste , où le monde unanime
Vient de s'associer par un élan sublime
A la conquête de nos droits.
De combien dehéroi cette scène- est reniptie !
Combien de citoyens vendeurs de fer patrie
Illustrent leur génie ou sâgnaidnt leur» bras !
Le colosse de Ross» armé de son tonnerre
Une seconde fois doit4l brève* fca terre
Sous le char sanglant des combats P
Oui , César se réveillé et son glaive étincelle ;
Son glaive ambitieux <f une gloire nouvelle ,
Qui de là Gàûle fcncor Va maîtrise* te fort ,
Tandis que , s'éfevttît sur ses allé* rapide*
Des sdmmét* dlfelvttie à ceux des Pyramides,
L'aigle déjà prend soft essor.
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Partout autour de \xd l'airain bruyant j
Partout des étendards que la foudre environne ;
Des cris tumultueux , des armes, des soldats ;
Des mères gémissant , des guerriers qui succombent ;
Partout des bataillons qui se heurtent , qui tombent
Dans les abymes 4u trépas.
Et quoi ! ce fier vainqueur nous imposant sa gloire ,
De l'amour d'un grand peuple jsple la victoire !
Déjà la liberté subit plus d'un auront ;
Déjà tombe brisé le faisceau consulaire ;
Fils de la république , jl déchire sa mère ,
Un diadème sur le front !
Malheur à toi , malheur , victime couronné* !
Proscrite par les rois, ta haute destinée
Au sein 4$? yastes mers a trouvé son. écueil.
Je vois la ^tt>$rté muette , {Usojtée ,
Apparaître à tes yeux sur la roche isolée
Où déjà s'ouvre ton cercueil.
31}e te survivra !.. . Plus d'un astre infidèle
De la voûte des deux est tombé devant elle.
Qu'êtes-vous devenus farouches dictateurs
Qui , vendus trop souvent à l'aveugle fortune ,
Egorgiez les Français du haut de la tribune ,
Impitoyables orateurs !
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508 LA LYRE
Gonquérans et tribuns , rots , ministres perfides
Contre la liberté vos complots parricides
Par de justes revers sont toujours expiés ;
Et lorsque vous croyez rabattre sous le glaive ,
Son colosse vengeur tout-à-coup se relève ,
Et vous écrase sous ses pieds.
Le lion populaire , enchaînant son courage ,
Attend, pour le briser, le joug de l'esclavage ;
filais les faibles appuis d'un pouvoir odieux
Ne s'aperçoivent pas , en flattant sa crinière ,
Que sous les plis mouvans de sa sombre paupière
L'éclair s'échappe de ses yeux.
Près de se voir ravir sa noble indépendance ,
Il se dresse sondain , il frémit , s'élance :
Tremblez , malheureux roi ! conseillers imprudens !
Terrible en son courroux , dans la pourpre il se roule ,
Et sur les vains débris d'un trône qui s'écroule
Il menace encor les tyrans.
Quels flots de sang ! ô ciel ! et quels tristes décombres !
Victimes de juillet , gloire à vous , saintes ombres !
Gloire à vous , citoyens , vous qui , brisant nos fers ,
Et vous précipitant sur des hordes serviles ,
Plus grands que les héros' gardiens des Thermopyles
Avez affranchi l'univers !
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NATIONALE. 16*
Vengeance ! a dit le peuple en sauvant la patrie ,
Frappons le*~oppresseurs qui Taraient asservie ;
Qu'ils tombent sous nos coups ; Vengeance 1... tien, pitié!
Pitié pour le malheur , pitié pour la faiblesse ,
Alors qu'un grand proscrit que le remords oppresse
Courbe son front humilié»
Plus de vœux inhumains ! Plus de sang et d'alarmes !
L'altiere déité que défendent nos armes
Demande des soutiens et non pas des bourreaux ;
Ah ! quand nous punissons ou l'erreur ou le crime ,
Aux horreurs du trépas dérobons la victime ;
Plus de meurtres ! Plus d'échafauds !
Voyez-vous ce guerrier à qui dans les batailles
Le destin refusa d'illustres funérailles? ,
Cet intrépide Ney , qui d'un plomb vil atteint , . .
Seul et bravant la mort , sans glaive , sans armure ,
En appelle à sa gloire ; et dont la voix murmure
Contre un jugement assassin !
•\
Rejetons loin de nous le poignard politique ;
Il a trahi l'espoir de notre république.
De ce fer abhorré préservons notre bras :
Le prince qui s'élève et que la France adore ,
Comme le roi qui tombe , hélas ! gémit encore
Sur ses horribles attentats.
18.
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*|0 LA MHS
Sous ce {***<$ &Ww te *a**<» ?e^v» ;
L'anarchie **t aux fers , le despotisme expire ;
)U»ç>arte sjmpatfeise wp& la yérité.
Cbangemew* «Ouï I merveille inattendue !
Le ti&te est sur l'autel eu siège ta statue ,
Reine des rois, o liberté J
Naguère l'horizon concert jje, sombres, ypi)es
Nous dérobait l'azur çtincelant (J'étoijies » • <
Tandis qu'à la lueur de livides épl^jrs ?
Des spectres s f e çlissajjent; à Jrayers les tépèb^s.
Hideux et s'appert avec des cris, funèbres ,
Conjme les monstres des enfers,
Fuyez , fantômes vains , qui dans la nuit profonde
D'un immense réseau «ouvrez déjà le monde ;
La France pour jamais a rompu ses Be&s ;
Et le dernier soleil des trois jours héroïques^
Ressuscitant la gloire; et les vertus antiques ,
tftéctafe* que des citoyens.
Thkodobe Abadie,
% ru,'
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NAHQWftl. lil
Ml COQ FRANÇAIS
CHAUT NATIONAL.
Musique de Carafa.
EXÉCUTÉ SUR LB,T««4flMI *HW . ÏWHfVJftàBtfis.
'.'::■::■■■*
Oiseau sacré de la patrie , •■! r ' ;
Toi l'idole de nos aïeux , - • i . • '
Reprends une nouvelle vie ;
Viens te présenter à ne* veux.' *
A ton noble aspect que ne4re unie • ■ •
Se couvre ^ la sér#iité f :
Ecoutez ! Français ! il proclame
L'aurore de la liberté.
Jadis aux champs de la victoire , €
À travers le feu des combats ,
L'aigle , symbole de la gloire ,
Brillait au front de nos soldats ;
Mais , fiers de ses destins prospères ,
Confiant en sa majesté ,
De ses trop redoutables serres
Il étouffait la liberté. " . „,
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ait LA LYRE
Le coq , au radieux plumage ,
Moins cruel, et vaillant comme lui ,
Va présider au nouvel âge
Qui pour nous commence aujourd'hui.
De l'aigle il garde l'assurance ,
Et la noblesse et la fierté ;
Désormais qu'il soit pour la France
L'emblème de la liberté.
Français, si jamais l'arbitraire
Osait , par l'erreur aveuglé ,
Porter une main téméraire
Au droit que le sang a scellé ,
Avant le retour de l'aurore >
Eveillant notre activité ,
Le chant du coq serait encore
Le signal de la liberté,
Gustave de Lalamce.
M *
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NATIONALE. 215
LE TRIOMPHE NATIONAL.
ODE EH HOMMAGE AUX CITOYENS DE PARIS.
Luc à la fiance de Y Académie Française le a5 août >83o.
Que m'a révélé la nature ?
« La liberté de l'homme est un décret de Dieu. »
Peuple , cette vérité pure ,
Tu Tas par mille exploits gravée en traits de feu.
Toi seul tu sauvas la patrie
Atteinte en son honneur follement attaqué ;
Et la verbeuse théorie
N'a rien dit qu'en trois jours ton bras n'ait pratiqué.
Oui , seul , t'élançant dans Tarène ,
Et courageux athlète ayant levé le front ,
Le premier -tu brisas la chaîne
Dont la molle prudence eût prolongé l'affront
Oui, quand ta vaillance intrépide <
Chercha dans le péril quelques chefs décorés, • '
Nul ne se déclara ton guide ,
Et tes fils courraient vaincre ou périr ignorés.
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A l'ombre de toits pacifiques ,
Ta constan ce , yguie aux labeurs journaliers ,
Sans bruit , des richesses publiques
Cultivait tous les fruits nés de tes ateliers.
Tu formais tes fils et tes filles
A rehausser nos »#• par \e% secret* AfWSeau* ;
Le pain acquis à tes familles
Contentait ta vertu , souriant aux /travaux. ,
Les lois dont l'égide te couvre
Rassuraient ta raison contre de noirs projets ;
Tu marchais calme autour du Louvre ,
D'où Charles-Neuf, maudit , foudroya ses sujets.
Nulle discorde en nos murailles
N'attirait des combats l'appareil menaçant.
D'où part ce signal des batailles?
Qui trouble en tes foyers ton repos innocent?
Sont-ce 4es hprdei é^aogères
Accourant, de Je^ rage, ensanglanter Paris?
Non , les panais £e te* frère*
T'annonc<u# {Je* Caïn> que repoussent tes c*i*„
Suppôts de la foi paqùhée ,
Gardiens AfH destructeurs du pacte social ,
C'est sur la chaste fLichkée
Qu'ils plantent feur duapcau lâchement martial.
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Le courroux , plu* que les alarmes,
Te saisit, peuple fier, dans tes droits outragé.
« Aux armes !... i Mais tu n'as point (farines ,
Toi , qui jettes ce cri , toi , d'horreurs assiégé !
Que dis-je ?... Ta colère activé
En trouve , en forge , eu livré à tous les bris vaafetts.
De la ville qu'on croit captive ,
Tout le sein se hérissé aux yeux des assaillais.
Ces beaux arbres de cent années ,
Qui n'avaient point encor vu de tels attentats,
De leurs souches déracinées t
Te forment des remparts , ïa terreur des soldats*.
Leur foudre éclate, et ton 4 Sang COtflé...
Tuiles, grès et débrïà pîéûvéht partout su* eux.
Fougueux torrent, la masse roule,
Et déborde leur troupe à flots tumultueux.
Tes miraculeuses tranchées
D'homicides pavés arment des héros nus ,
Par qui déjà sont arrachées
Les lances èeë bômreafux par le fer soutenus.
A leur complicité Vèiïduè ,
Plus d'un bravé indigné refuse son concourt.
Grâce à la ligné Soit rendue !
Sa neutralité sage est l'espoir 1 d'Un secours.
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£16 LA LYRE
C'en est fait!... Le canon qui tonne
Dénonce des tyrans les féroces désirs. ;
Et l'airain des temples qui sonne
Appelle la patrie à venger ses martyrs.
Est-il d'invincibles sicaires?
Frappez-les ; écrasons leur servile fureur.
Jamais les pâles mercenaires
De libres citoyens n'ont l'unanime ardeur.
Sache donc , parti fanatique ,
Qui vomit du dédain le mot le plus grossier,
Comment la canaille héroïque
Punit à'insolens chefs bordés d'or et d'acier.
Vois-tu cette élite chérie ,
L'école de Thémis , le gymnase guerrier»
Guidant la civique furie
Dont s'enflamme le cœur du plus humble ouvrier.
Moi-même , au fort de la tempête ,
Des vengeurs fraternels je suis tous les hasards;
Je cours leur dévouer ma tête ,
Et mon nom publié la signale aux poignards»
Mais tous brûlent de notre ivresse.
La mort , volant partont , ne peut faire pâlir
Le jeune âge , ni la vieillesse ,
Ni ce sexe adoré qu'amour fait tressaillir.
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NATIONALE. 217
Voyez à travers les ruines ,
Versant à leur époux un breuvage vermeil ,
Ces femmes , groupes d'héroïnes ,
Sous l'éclair des mousquets , sous le feu du soleil,
Cet astre du dieu de mémoire ,
A l'éclat des hauts faits prodiguant ses rayons ,
Paraît fier d'éclairer la gloire
De si grands coups portés à d'épais bataillons.
Du Louvre forçant les barrières ,
Peuple victorieux , fonds sur tes assassins...
Toi, Charles-Neuf, en tes prière»,
Plains le Suisse appuyant ton émule et des saints.
Mais du haut des monts d'Helvétie
Guillaume Tell réprouve un si coupable effort ;
Il tend son arc , plane et s'écrie :
« Se vendre à l'injustice est mériter la mort. »
Roi proscriptettr, la foule gronde...
Va , fuis ; tes lis sont morts , tes châteaux investis.
Paris voit au sang qui l'inonde
D'un parjure agresseur les titres engloutis.
Quoi ! notre illustre capitale ,
Qu'un czar, vengeant Moscou , n'osa «acrrtter ;
Poussé de démence fatale ,
Un roi Français la livré au bronze meurtrier !
i9
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218 LA LYRE
O ministère sacrilège ,
Dont la fourbe imposait un catholique frein ;
Flatteur du divin privilège ,
Ton sanguinaire orgueil perdit ton souverain.
Hélas ! cette Electre vivante ,
Par la fatalité qui combla ses malheurs, *
Sur les mers orpheline errante ,
Charles d'un triple exil lui coûte encor les pleurs.
A-t-il quelques droits légitimes
Qu'un sophisme imposteur fasse encor vénérer ?
La légitimité des crimes ,
Est-ce un dogme légal qu'on veuille consacrer?
C'est un autre roi que réclame
La France souveraine ; et , libre de son choix ,
J'entends Paris qui le proclame ;
Jemmape et ses vertus l'élèvent au pavois.
L'ame de Washington réside
Dans, le cœur d'un Français, héros américain,
Unie au chef qui nous préside ,
Sur un trône appuyé du vœu républicain.
* France , que l'Europe contemple ,
Ne crains des nations aucuns ressentimens ;
La terre admire ton exemple , '
Qui rassied les états sur la foi des sermens.
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NATIONAUE. 219
Tel qu'Océan, calmant ses ondes,
Rentre , après la tourmente , au sein accoutumé ;
Ton peuple à l'ordre que tu fondes ,
O sagesse ! revient paisible et désarmé.
Ce peuple brave et charitable
A l'ennemi défait tend un bras généreux,
Et d'une tête inviolable
Protège le salut contre un choc désastreux.
O Lutèce ! immortelle aînée
Des cités dont la force abat les oppresseurs ,
Sans orgueil de ta destinée ,
Joins ta palmé au faisceau des lauriers de tes sœurs.
Sur les victimes de ta cause
Pleure , et vote un antel à leur commun cercueil ;
Sans nom leur dépouille y repose.
Du plus pur dévoûment leur seul prix est ton deuil.
Ah ! brisons la règle homicide
D'un pouvoir militaire aveugle à l'équité ;
Malheur au glaive parricide
Que lève le soldat sur sa propre cité !
Des cours , instrument déplorable ,
Vaincu , triste , de tous il fuit l'inimitié , •
Et le repentir qui l'accable
Touche son vainqueur même , et surprend sa pitié.
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2Î0 LA LYRE
Courbe 1* majesté pompeuse
Qui d'esclaves armés environne les rois !
Que , plus auguste et non trompeuse ,
Règne en nos mors sauvés la majesté des lois.
Périsse l'espoir tyrannique
De rallier l'état, sorti de ses dangers ,
A l'hérédité chimérique
De deux berceaux flottant aux mains des étrangers.
A la tige d'aucun despote
N'attachons les couleurs de l'étendart français.
Seul , d'un monarque patriote ,
Le sceptre populaire est garant de la paix.
Est-il besoin qu'on vain délire
De votre enthousiasme exalte les transports ?
Muses , célébrez sur la lyre
Le plus digne sujet de vos plus beaux accords.
Transmis par vos voix solennelles r
Les vers législateurs instruisent l'avenir;
Chantez , et des cours criminelles ,
Par de graves leçons , frappez le souvenir.
Que de ce même sanctuaire
S'élèvent des beaux arts les accens irrités.
Par les coups du royal tonnerre
Les forfaits sont inscrits sur vos murs insultés.
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NATIONALE. 221
Chantez la lutte vengeresse
Bn paisible artisan tout-a-coup belliqueux ;
Et la magnanime jeunesse.
Marchant, ardente etforte, aux combats comme aux jeux .
Chantez les enfans d'Hippocrate ,
Défendant nos blessés à la mort disputés;
Chantez la splendeur dont éclate
L'iris de nos drapeaux ; libres , Muses , chantez.
Chantez ces jours qu'Athène et Borne
Dans leurs siècles brillans nous avaient enviés ,
Paris levé comme un seul homme ,
Et l'altier despotisme expirant à ses pieds.
Gloire à l'héroïsme sublime
Qui détruit l'esclavage , exécrable en tout Heu !
Triomphe , éternelle maxime ,
« La liberté' de l'homme est un décret de Dieu ! •
NÉroMTJcziue L. Lbhkhcibr.
«9-
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2*2 LA LYRE
, LES TROIS COULEURS.
CHANT PATRIOTIQUE
EXECUTE SUR LE THBÀTRK DES NOUVEAUTES.
Musique de M. Adolphe Vogel.
liberté sainte , après trente ans d'absence ,
Reviens , reviens , leur trône est renversé ;
Ds ont voulu trop asservir la France ,
Et dans leurs mains leur sceptre s'est brisé.
Tu reverras -cette noble bannière
Qu'en cent climats portaient tes fils vainqueurs :
Ils ont enfin secoué la poussière ,
Qui ternissait ses brillantes couleurs.
Au bon plaisir , à la grâce divine
Va succéder , pour la leçon des rois ,
Un droit plus vrai , tirant son origine
Des droits du peuple et restreint par les lois.
La charte en main , la France , libre et fière ,
Pour l'avenir peut essuyer ses pleurs.
?
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NATIONALE. 225
Le drapeau blanc roule dans la poussière
Qui ternissait nos brillantes couleurs.
Soldats , enfans de la même patrie ,
Un vain serment ; un devoir mal compris,
Vous fit défendre une race flétrie ,
Qui mendia son sceptre aux ennemis.
Venez à npus , plus de sanglantes guerres ;
Nous pardonnons, malgré tous nos malheurs:
Oui , désormais tous les Français sont frères ;
Car la colonne a repris ses couleurs.
Et vous, Français, dignes fels de la gloire ,
Qui maintenant dormez dans le cercueil ,
Si nous chantons après votre victoire ,
Ah ! dans nos cœurs nous portons votre deuil.
De ce trépas que votre ame soit fière ,
Car dans le temple , ouvert en^rotre honneur ,
La Liberté dcploîra la bannière
Dont votre sang retrempa la couleur.
Adolphe Blakc.
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21* LA LYRE
LA CONQUETE DE LA LIBERTE.
STANCES.
France , entends-tu ces cris d'alarmes ?
Quel deuil affreux dans nos remparts !
On égorge un peuple sans armes ,
La mort vole de toutes parts.
Des soldats, défenseurs naguère
De nos lois et de l'équité ,
Méconnaissent jusqu'à leur père
Qui mourait pour la liberté.
Berceau des arts , cité charmante ,
Tu n'offres plus qu'un champ de morts :
Mais la tyrannie impuissante
Succombera sous tes efforts.
Aux armes!.... Ciel! le tocsin sonne.
Marchons !.... de l'intrépidité....
Nous combattons pour la couronne
Des arts et de la liberté.
Déjà triomphent nos cohortes ,
Et l'ennemi fuit à grands pas >
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NATIONALE. 2ttf
Du Louvre ou a brisé les portes ,
Et nous suspendons le trépas.
Français , vous comblez votre gloire
Par cet acte d'humanité....
Telle est la pins belle victoire
Des amis de la liberté.
Honneur à l'Ecole fidèle ,
Aux devoirs du concitoyen ;
Honneur à la garde immortelle
- Dont le rallîment est le bien.
Salut aux mânes de ces braves ,
Victimes d'un joug détesté.
Nous, disaient-ils , vivre en esclaves ! ! !
Non... La mort ou la liberté.
Dormez en paix sous cette terre
Qu'arrosa votre noble sang ;
Chacun de nous sera le père ,
Le protecteur de votre enfant.
Veuves , dissipez vos alarmes ;
Ils auront l'immortalité
Ne pleurez plus , séchez vos larmes »
Ils sont morts pour la liberté.
Arche sacrée , auguste charte ,
Sanctuaire du souverain ,
Lorsqu'un roi de tes lois s'écarte ,
Le Ciel l'abandonne soudain.
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226 LA LYRE
Peut-il protéger le parjure ,
Qui frappe de stérilité
Les droits que donna la nature
Au peuple de la liberté ?
Députés , sauveurs de la France ,
Elite d'un peuple héros ,
Vous surpassez notre espérance...
Devant eux baissons nos drapeaux.
Muse, qui préside à l'histoire,
Célèbre leur fidélité ,
Inscris au temple de Mémoire
Leurs noms près de la Liberté.
Un jour plus pur vient de paraître ;
Il éclaire un sublime choix.
Amis , nous n'avons plus de maître ,
Nous avons le plus grand des rois.
Oh ! France ! oh ! ma belle patrie ,
Qu'aujourd'hui la sécurité ,
L'Union , les Arts , le Génie ,
Renaissent de la Liberté.
A. Lit aïs.
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NATIONALE. 227
LA COGAHBE TRICOLORE.
Ai» : Do prince Eugène.
Bourbons , qui régniez sur la- France,
Grâce aux secours de vingt peuples divers ,
Et qui , malgré notre souffrance ,
Au lieu de lois nous donniez des fers ;
De ces guerriers dont la France s'honore ,
Puisque les droits par vous sont oubliés,
Votre cocarde est foulée à mes pieds ,
Et je reprends la tricolore.
Salut , 6 ma noble cocarde !
Chère aux guerriers d'Ulm et de Friedland ;
Sur le front de la vieille garde
Tu viens enfin de reprendre ton rang.
Sous la blanc e qu'on portait encore ,
Le moindre prince est au-dessus de nous ;
L'Europe entière était à nos genoux ,
Quand nous portions la tricolore.
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228 LALYR£
Quand , protégé par des cohortes ,
Louis parut pour la seconde fois ,
Nous voulions , en ouvrant nos portes ,
Qu'il conservât l'emblème de nos droits.
S'il rejeta ce signal qu'il abhorre ,
Peuple français, n'en sois pas mécontent;
Il a bien fait : il eût , en l'adoptant ,
Déshonoré la tricolore.
Sous le poignard et sous la hache ,
En mille lieux témoins fte leurs forfaits ,
Des assassins au blanc panache
Ont fait cent fois couler le sang français.
S'il est tombé , du couchant à l'aurore ,
Tant de guerriers par nos glaives soumis ,
C'était du moins le sang des ennemis
Qu'on versait sous la tricolore.
Tôt ou tard le peuple triomphe ,
Et nous voyons , malgré l'orgueil des rois ,
En ce jour, sous des arcs de triomphe ,
Rentrer enfin nos guerriers et nos droits.
Sous les débris du drapeau qu'on arbore,
Oui , nous plantons l'arbre de liberté ,
Et , relevant nos fronts avec fierté ,
Nous reprenons la tricolore.
ElttLfe DfcB&ftAtJ*.
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NATIONALE. 239
UNE SEMAINE DE PARIS.
AUX FRANÇAIS.
Debout , mânes sacrés de mes concitoyens !
Venez, inspirez-les» ces vers où je vous chante.
Debout, morts immortels, héroïques soutiens
De la liberté triomphante !
Brûlant , désordonné , sans frein dans son essor ,
Gomme un peuple en courroux qu'un même cri soulève,
Que cet hymne vers vous s'élève
De votre sang qui fume encor !
Quels sont donc les malheurs que ce jour nous apporte ?
— Ceux que nous présageaient ses ministres et lui.
— Quoi, malgré ses sermens! — Il les rompt aujourd'hui.
— Le Ciel les a reçus. — Et le vent les emporte.
— Mais les élus du peuple?...— Il les a casséoÉous.
— Les lois qu'il doit défendre?. .—Esclaves comme nous.
— Et la pensée?— Aux fers*— Et la liberté?— Morte.
— Quel était notre crime? -^ Fn vain nous le cherchons.
— Pour mettre en interdit la patrie opprimée,
Son droit ?— C'est le pouvoir.— Sa raison ?— Une armée.
— La noire est un peuple : marchons.
ao
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330 LALTBE
Ils marchaient, ils couraient sans armes,
Ils n'avaient pas encor frappé ,
On les tue ; ils criaient : Le monarque est trompé !
On les tue... ô fureur ! Pour du sang, quoi ! des larmes ï
De vains cris pour du sang ! —Ils sont morts les premiers.
Vengeons-les ou mourons.— Des armes?— Où les prendre?
Dans les mains de leurs meurtriers :
A qui donne la mort , c'est la mort qu'il faut rendre.
Vengeance ! place au drapeau noir !
Passage , citoyens ! place aux débris funèbres
Qui reçoivent dans les ténèbres
Les sermens de leur désespoir !
Porté par leurs bras nus le cadavre s'avance.
Vengeance ! Tout un peuple a répété : Vengeance !
Restes inanimés , vous serez satisfaits !
Le peuple vous l'a dit , et sa parole est sûre ;
Ce n'est pas lui qui se parjure :
Il a tenu quinze ans les sermens qu'il a faits.
Il s'est levé : le tocsin sonne :
Aux appels bruyans des tambours ,
Aux éclats de l'obus qui tonne ,
Vieillards, enfans, cité, faubourgs,
Sous les haillons , sous l'épaulette ,
Armés , sans arme , unis , épars ,
Se roulent contre les remparts
Que le fèr de la baïonnette
Leur oppose de toutes parts.
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NATIONALE. 2*1
Us tombent ; mais dans Cette ville ,
Où sur chaque pavé sanglant
La mort enfante en immolant ,
Pour un qui tombe il en naît mille.
Ouvrez , ouvrez encor les grilles de Saint-Cloud !
Vomissez des soldats pour nous livrer bataille.
Le sabre est dans leurs mains ; dans leurs rangs, la mitraille ;
Mais de la liberté l'arsenal est partout.
Quel est-il ce guerrier suspendu dans les airs ?
De son drapeau qu'il tient encore,
Il roule autour de lui le linceul tricolore ,
Et disparaît au milieu des éclairs.
Viens recueillir sa dernière parole ,
Grande ombre de Napoléon ;
C'est à toi de graver son nom
Sur les piliers du pont d'Arcole.
Nuits lugubres ! tout meurt, lumière et mouvement.
De cette obscurité muette et sépulcrale
Quels bruits inattendus sortent par intervalle !
Le cliquetis du fer qui heurte pesamment ,
Des débris entassés la barrière inégale ,
Ces cris se répondant de moment en moment :
Qui vive? — Citoyens. — Garde à vous, sentinelles !
L'adieu de deux amis , dont un embrassement
Vient de confondre encor les âmes fraternelles ;
Les soupirs d'un blessé qui s'éteint lentement ,
Et sous l'arche plaintive un sourd frémissement ,
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«W LA MUE
Quand Tonde en tournoyant vient refermer la tombe
D'un cadavre qui tombe...
Au Louvre , amis ; voici le jour !
Battez la charge ! au Louvre » au Louvre !
Balayé par le plomb qui se croise et les couvre ,
Chacun , pour mourir à son tour ,
Vient remplir le rang qui s'entr'ouvre.
Le bataillon grossit sous ce feu dévorant.
Son chef dans la poussière en vain roule expirant :
Il saisit la victime , il l'enlève , il l'emporte ,
Il s'élance , il triomphe , il entre... Quel tableau !
Dieu juste , la voilà victorieuse et morte
Sur le trône de son bourreau !
Allez , volez, tombez dans la Seine écumante,
D'un pouvoir parricide emblèmes abolis !
Allez, chiffres brisés ; allez , pourpre fumante ;
Allez , drapeaux déchus que le meurtre a salis !
Dépouilles des vaincus , par le fleuve entraînées ;
Dépouilles des martyrs que je pleure aujourd'hui ,
Allez , et sur les flots , à Saint-Cloud , portez-lui
Le bulletin des trois journées !
Victoire ! embrassons-nous. -J- Tu vis ! — Je te revoi !
Le fer de l'étranger m'épargna comme toi.
Quel triomphe!— En trois jours. —Honneur à ton courage!
— Gloire au tien !— C'est ton nom qu'on cite le premier.
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NATIONALE. 2S5
—N'en citons qu'un.— Lequel?-Celui d'un peuple entier.
Hier , qu'il était brave ! aujourd'hui , qu'il est «âge !
— Du trépas, en mourant , un d'eux m'a préservé.
— Mais ton sang coule encor ! — Ma blessure est légère.
—Et ton frère ? — Il n'est plus. — L'assassin de ton frère,
Tu l'as puni? — Je l'ai sauvé.
Mais lui , que sans l'abattre ont jadis éprouvé
Le despotisme et la licence ,
Que la vieillesse a retrouvé
Ce qu'il fut dans l'adolescence ,
Entourons-le d'amour ! Français , Américains ,
De baisers et de pleurs couvrons ses vieilles mains ;
La popularité , si souvent infidèle,
Est fille de la terre et meurt en peu d'instans.
La sienne , plus jeune et plus belle ,
A traversé les mers , a triomphé du temps :
C'était à la vertu d'en faire une immortelle.
O toi , roi-citoyen , qu'il presse dans ses bras ,
Aux cris d'uto peuple entier dont les transports sont justes,
Tu fus mon bienfaiteur , je ne te lotirai pas :
Les poètes des rois sont leurs actes augustes.
Que ton règne te chante , et qu'on dise après nous :
Monarque , il fut sacré par la raison publique ;
Sa force fut la loi ; l'honneur, sa politique ;
Son droit divin , l'amour de tous.
ao.
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254 LA LYBB -
Pour toi , peuple affranchi, dont le bonheur commence.
Tu peux croiser les bras devant ton œuvre immense ;
Purs de tous les excès , huit jours Font enfanté.
Ils ont conquis les lois , chassé la tyrannie ,
Et couronné la liberté :
Peuple , repose-toi ; ta semaine est finie !
Casimir Dilavigpck.
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NATIONALE. 9*»
LETTRE D'UN PAIR DE FRANGE
A CHARLES X.
Aie : Ailes vous-en , gen? de la noce.
Gomme vous j'étais à la chasse
Lorsque le peuple fut vainqueur.
Autant que moi , nul homme en place
N'a déploré notre malheur.
Sur la carte on m'a vu conduire
Pas à pas Votre Majesté ;
Pour ma santé ,
Je suis resté :
Portez-vous bien , et surtout , sire !
Comptez sur ma fidélité.
L'étendard de la république
Flottait noblement dans les airs ,
BTûnmolant à la paix publique ,
Je quittai des signes bien chers ;
Pour les trois couleurs de l'empire ,
Je mis la vôtre de côté :
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85 « LA &YUE
En vérité ,
Ça m'a coûté ;
J'espère les reprendre... sire !
Comptez sur ma fidélité.
Un instant, près de Lafâyette
Je parus en le condamnant.
Un peu plus tard , mais sans courbette ,
Je fis la cour au lieutenant;
De tous les deux j'osais médire
(Quand je n'étais pas écouté).
Ma loyauté ,
Sans lâcheté,
Se calque sur la vôtre... sire !
Comptes sur ma fidélité.
Partout s'agitait l'anarchie ;
Dans ce pénible désarrois
On brisa votre monarchie
En couronnant un autre roi.
Tout haut , j'ai voté pour l'élire ;
Mais sur la légitimité,
En à parte ,
J'ai protesté.
Escobar est mon patron... sire !
Comptez sur ma fidélité.
Au nouveau pacte , au nouveau maître ,
Je jurais de vous immoler;
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NATIONALE. 257
Je jouais le rôle de traître
Qui feint pour mieux dissimuler.
Dans de saints écrits j'ai su lire
Comment l'homme de qualité
Rompt un traité ;
Serment prêté
N'engage que des nigauds. . sire !
Comptez sur ma fidélité.
Mes sentimens pour votre race ,
Sont dans mon sein ensevelis...
Afin d'en effacer la trace ,
De mon collet j'ôtai les lys ;
Dans ce c Aur , où tous pouvez lire ,
Est gravé votre autorité ,
Votre bonté ,
Votre équité.
Je me tais en public ; mais... sire !
Comptez sur ma fidélité.
Je vous dois ma noble existence ,
Cordons , faveurs , titres , château ;
Dans le milliard pris à la France ,
J'eus aussi ma part du gâteau ;
Je prévois qu'il faudra maudire
Le cumul et l'indemnité ,
L'hérédité ,
L'avidité.
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258 LA LYRE
Je ferai tout cela; mais... sire !
Comptez sur ma fidélité.
Tâchez d'armer la terre et Fonde
Contre ces maudits factieux ;
D'ici je prie , et vous seconde
De la voix , du geste et des yeux.
Jusque là , cessez de m'écrire ;
Un mot est vite intercepté...
Et mon comté
Peut m'être ôté...
Un jour , si vous revenez , sire !
Comptez sur ma fidélité.
Anonyme.
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NATIONALE. 2S9
FOY ET MANUEL AU PANTHEON (i).
Ainsi, lorsqu' Israël à son Dieu seul soumise ,
A travers le désert vers la terre promise
S'avançait , confiante au Dieu qui la conduit ,
Illuminant au loin sa course chancelante ,
Une gerbe de feu , colonne étincelante ,
La guidait au sein de la nuit.
Nous aussi , quand parfois le danger les réclame ,
Nous avons au désert nos colonnes de flamme ,
Nos phares protecteurs élevés par un Dieu ;
Fanaux resplendissans qui s'allument dans l'ombre ,
Plus éclatans encor quand la nuit est plus sombre,
Ame de lumière et de feu !
Voyez-les , quand l'effroi , quand la tempête augmente,
Guider l'état qui flotte au gré de la tourmente ;
Voyez-les > sur nos fronts lorsqu'un orage a lui ,
Opposer leurs clartés à ses éclairs funèbres ,
Ou quand un siècle éteint lutte dans les ténèbres ,
Porter leur flambeau devant lui !
(i) Cette pièce devait être lue , le jour de la translation des buste»,
par M. Eric-Bernard , l'un des commissaires.
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240 LA LYRE
La foule suit de loin leur trace tutélaire :
Puis voilà tout-a-coup que l'horizon s'éclaire !
Le monde ranimé s'élancje du tombeau :
Et s'éveillant aux feux qui s'empressent d'éclore ,
Cherche si la tferté dont le Ciel se colore
Est le soleil ou leur flambeau.
C'est ainsi qu'ils étaient , les héros de ces fêtes :
Des jours d'indépendance et martyrs et prophètes ,
Ils récréaient la France à leurs accens vainqueurs :
Leur front pur s'entourait de vives auréoles ;
Et leur bouche éloquente. avait de ces paroles
Qui fesaient échos dans les coeurs.
Ah ! lorsque la patrie , honorant ses victimes ,
Restitue un vieux temple à ses dieux légitimes f
Quand aux grands hommes morts elle rend leurs autels,
Pourquoi dans le trépas fuyez-vous nos hommages ?
Pourquoi ne pouvons-nous porter que vos images
Au rendez-vous des immortels P
Car vous l'aviez prédit le siècle qui commence :
Mais auriez-vous pensé qu'avec tant de clémence ,
Levant son front courbé par un dernier forfait ,
Le peuple aux tyrans seuls aurait dit anathèmc ,
Et que plus d'un esclave , heureux malgré lui-même ,
Aurait sa part dans le bienfait ?
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NATIONALE. *«
Oui , semblable en ta force à l'architecte habile
Qui , sur des pilotis , fondement immobile ,
Elève un fort , des eaux vainement combattu ,
O France , en bâtissant l'édifice , tu fondes ,
Comme pour l'affermir sur des l^ses profondes ,
La Liberté sur la vertu !
Qui ne se rallîrait à aa cause sublime?
Qui ne l'admirerait , rebelle magnanime ,
Calme comme le juge assis au tribunal ,
Elle qu'on vit long-temps esclave débonnaire ,
Comme le canonnier couché sur son tonnerre ,
Attendre qu'on donnât le signal?
Us l'ont donné ! soudain , plus prompt que la tempête ,
Comme s'il entendait retentir la trompette
Qui doit au jour fatal couvoquer l'univers ,
Le volcan populaire épanche au loin sa lave :
On hasardait les mots d'esclavage , et l'esclave
Se défendit avec ses fers !
C'est qu'on n'abolit pas les titres d'un etnpire ,
Mêlés à l'air des cieux , au jour que l'on respire !
Il faut ponr les courber tout un Napoléon !
Et l'on n'eflace pas un juste privilège,
Ainsi qu'on -vit naguère une main sacrilège
Débaptiser le Panthéon l
ai
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242 LA LYRE
Comme le trait léger , monument périssable ,
Que la main d'un enfant a tracé sur le sable , ,
Cède au fleuve inquiet qui le ronge en passant ,
Les flots du temps rongeaient leur puissance suprême ,
Et , minés tout-a-couj> , les droits du diadème
Ont fait naufrage dans le sang.
Eux-mêmes les premiers ont rompu l'alliance :
De nos besoins nouveaux dédaignant la science
Leur pouvoir hasardeux a croulé sous le faix :
Pardonnons à leur chute en plaignant leur folie :
Mais elle était un crime , et le crime délie
Les sermens que nous avions faits.
Français! qui retrouvons nos âmes retrempées
Dans le feu des canons et l'éclair des épées ,
Marchons avec transport vers l'avenir nouveau :
Le passé se confond dans la même espérance :
Pe nos nombreux partis il ne reste que : France !
Nos couleurs n'ont fait qu'un drapeau !
Foy ! Manuefî venez admirer votre ouvrage :
Depuis long-temps , unis par un double courage ,
Vous avez combattu , parlé , souffert pour nous :
La jeune Liberté , si pure à sa naissance ,
Plus séduisante encore avec son innocence ,
Vient vous rendre grâce à genoux.
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NATIONALE. 145
Vous avez accompli votre immense carrière
Par la valeur civique et la valeur guerrière ,
Le cri de la tribune et la voix du canon :
Et d'une double lutte échauffant notre histoire ,
L'arène politique et les champs de victoire
Sont encor pleins de votre nom.
Qu'il résonne en ces lieux redit par cent mille âmes !
Que du sein des enfans , des vieillards et des femmes,
Succède à d'autres chants cet hymne solennel !
Que cet hommage monte au Ciel qui nous contemple,
Gomme un encens pieux plus digne de ce temple ,
Et plus digne de l'Eternel !
Qu'il se j oigne au grand nom du héros des Deux-Mondes !
Tel que le Dieu puissant , roi fabuleux des ondes ,
Qui franchit l'univers avec trois pas géans.
Planant de notre Europe à la jeune Amérique ,
Colosse protecteur, il pose un pied magique
Sur le bord des deux océans !
Accueillez donc d'ici nos prières publiques ï
Si le sol envieux garde encor vos reliques ,
De ce grand sanctuaire écoutez les mortels !
Dans la France à genoux qui vous nomme ses maîtres ,
Dieux de la Liberté ! jamais, jamais les prêtres 49
Ne manqueront à vos autels !
J. Lxsguillon.
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244 LA lYRB
ESCLAVAGE ET LIBERTE.
Aift : De la robe et les bottes.
Un rossignol au doux ramage ,
Qu'Apollon lui-même inspirait ,
Enchantait tout son voisinage ,
Hors les tyrans de la forêt ;
Les méchans le mirent en cage...
Mais , sans perdre de sa gaîté ,
Sitôt qu'il fut dans X esclavage,
Son seul refrain fut liberté!
Opposant le rire à ses peines ,
Le Français , dans tous ses malheurs ,
Supporta de bien lourdes chaînes
Tant qu'il s'y mêla quelques fleurs...
Mais toujours un honteux servage
Indigna sa juste fierté ;
Et plus il est dans X esclavage >
<p Plus il chérit la liberté.
On a vu les chefs de la France ,
Trahissant la foi des sermens ,
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NATIONALE. *4tf
Nous ôter jusqu'à l'espérance ,
Et se rire de nos tourmens.
Oui , ces despotes sans courage ,
N'écoutant rien qu'un délire effronté ,
En cimentant notre esclavage
Parlaient encor de liberté»
Mais un jour cette cour parjuré
Nomme un peuple entier factieux ,
Et scelle de sa signature
L'édit le plus audacieux.
Par ce funeste et perfide message
Tout bon Français fut invité ,
Sur les terres de Vesclavage ,
Au convoi de la liberté;
Aux outrages de la couronne .
On frémit ! et dès ce moment
Entre les Français et le trône
Il n'était plus de mot de rallîmeot.
Trop fidèle aux mœurs d'un autre âge ,
Rêvant la féodalité ,
Saint-Gloud nous criait : Esclavage!
Paris répondit : Liberté!
Soudain , au signal d'un bon père
Dont on méconnut les desseins ,
Notre sang inonde la terre...
Et nulle arme n'est dans nos nftÔMl'
ar.
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846 LA LYRE
Mais chacun , le cœur plein de rage ,
Trouve , en son intrépidité ,
Dans les fers de son esclavage
Des armes pour lajiberté.
Victimes d'affreux artifices
Qu'en vain nous fesions remarquer,
Pour marcher sur des précipices
La lumière allait nous manquer.
Mais Dieu , servant notre courage ,
Fit sortir, brillant.de clarté ,
Des ténèbres de V esclavage
Le soleil de la liberté.
Sous les coups de la tyrannie ,
Par la trahison calculés ,
O France ! 6 ma chère patrie !
Tes enfans furent immolés !...
Mais est- il plus noble partage
Et plus sûre célébrité !
Pour fuir à jamais Y esclavage,
Ils sont morts pour la liberté 1 .
O nobles martyrs de la gloire !
Tous vos noms sur un fond d'azur
Doivent , au temple de Mémoire ,
Briller de l'éclat le plus pur !...
Paris , dira-t-on d'âge en âge ,
Bravant un pouvoir détesté ,
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NATIONALE. 247
Sut, en brisant son esclavage,
Mettre unjrein a la liberté.
Charle ! on te savait inhabile ,
Tu viens de te montrer cruel...
Et le sceptre, à ta main débile,
Est ravi par Tordre du Ciel.
D'un peuple que ta haine outrage
Connais enfin la magnanimité :
Tu nous destinais Y esclavage...
Nous te donnons la liberté.
Loin de partager ton délire ,
Et de songer à te venger,
L'Europe tremble, et nous admire...
Mais si paraissait l'étranger !
La France brave , libre et sage ,
Opposerait encore avec fierté ,
Aux bannières de ï esclavage,
Le drapeau de la liberté.
BarrUri aîné.
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348 LA LYRK
LA CUREE (0-
ÛMBES.
Septembre, i83o-
Ah ! lorsqu'un lourd soleil chauffait les grandes dalles
Des ponts et de nos quais déserts ,
Que les cloches hurlaient , que la grêle des balles
Sifflait et pleuvait par les airs ;
Que dans Paris entier, comme la mer qui monte ,
Le peuple soulevé grondait ,
Et qu'au lugubre accent des vieux canons de fonte
La Marseillaise répondait;"
Certe, on ne voyait pas, comme au jour où nous sommes,
Tant d'uniformes à la fois. *
C'était sous des haillons que battaient les cœurs d'hommes ,
C'étaient alors de sales doigts
Qui chargeaient les mousquets et renvoyaient la foudre ;
C'était la bouche aux vils jurons
Qui mâchait la cartouche , et qui , noire de poudre ,
Criait aux citoyens : « Mourons ! »
(t ) Cette pièce est une satyre virulente contre les homme» du
lendemain. Facit indignatio yersum. Heureusement la liberté hi-
deuse de 1-793 n'est pas celle de i83o.
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NATIONALE. S40
Quant à tous ces beaux fils aux tricolores flammes ,
Au beau linge , au frac élégant ,
Ces bommes en corset , ces visages de femmes ,
Héros du boulevard de Gand ,
Que fesaient-ils , tandis qu'à travers la mitraille ,
Et sous le sabre détesté ,
ta grande populace et la sainte canaille
Se ruaient à l'immortalité P
Tandis que tout Paris se jonchait de merveilles ,
Ces messieurs tremblaient dans leur peau ,
Pâles , suant la peur, et , la main aux oreilles,
Accroupis derrière un rideau.
C'est que la liberté n'est pas une comtesse
Du noble faubourg Saint-Germain ;
Une femme qu'un cri fait tomber en faiblesse ,
Qui met du blanc et du carmin ;
C'est une forte femme aux puissantes mamelles ,
A la voix rauque , aux durs appas ,
Qui , du brun sur la peau , du feu dans les prunelles ,
'Agile et marchant à grands pas ,
Se plaît aux cris du peuple , aux sanglantes mêlées ,
Aux longs roulemens des tambours,
A l'odeur de la poudre , aux lointaines volées
Des cloches et des canons sourds;
Qui ne prend ses amours que dans la populace ,
Qui ne prête son large flanc
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280 LA LYBK
Qu'à des gens faits comme elle, et qui veut qu'on l'embrasse
Avec des bras rouges de sang.
C'est la vierge fougueuse , enfant de la Bastille ,
Qui jadis, lorsqu'elle apparut
Avec son air hardi , ses allures de fille ,
Cinq ans mit tout le peuple en rut ;
Qui , plus tard , entonnant une marche guerrière ,
Lasse de ses premiers amans,
Jeta là son bonnet , et devint vivandière
D'un capitaine de vingt ans 5
C'est cette femme enfin qui, toujours belle et nue,
Avec Técharpe aux trois couleurs,
Dans nos murs mitraillés tout d'un coup revenue ,
Vient de sécher nos yeux en pleurs,
De remettre en trois jours une haute couronne
Aux mains des Français soulevés ,
D'écraser une armée , et de broyer un trône
Avec quelques tas de pavés.
Mais , 6 honte ! Paris , si beau dans sa colère ,
Paris , si plein de majesté
Dans ce jour de tempête où le vent populaire
Déracina la royauté ;
Paris , si magnifique avec ses funérailles ,
Ses débris d'hommes , ses tombeaux ,
Ses chemins dépavés et ses pans de murailles
Troués comme de vieux drapeaux ;
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NATIONALE. 2*1
Paris , cette cité de lauriers toute ceinte ,
Dont le monde entier est jaloux ,
Que les peuples émus appellent tous la sainte ,
Et qu'ils ne nomment qu'à genoux ;
Paris n'est maintenant qu'une sentine impure ,
Un égoût sordide et boueux ,
Où mille noirs courans de limon et d'ordure
Viennent traîner leurs flots honteux ,
Un taudis regorgeant de faquins sans courage ,
D'effrontés coureurs de salons ,
Qui vont , de porte en porte , et d'étage en étage ,
Gueusant quelques bouts de galons ;
Une halle cynique aux clameurs insolentes ,
Où chacun cherche à déchirer
Un misérable coin des guenilles sanglantes
Du pouvoir qui vient d'expirer.
Ainsi quand dans sa bauge aride et solitaire
Le sanglier, frappé de mort ,
Est là , tout palpitant , étendu sur la terre ,
Et sous le soleil qui le mord ;
Lorsque , blanchi de bave et la langue tirée ,
Ne bougeant plus en ses liens ,
Il meurt , et que la trompe a sonné la curée
A toute la meute des chiens ;
Toute la meute alors , comme une vague immense ,
Bondit; alors chaque matin
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**2 VA XYftE
Hurle en signe de joie , et prépare d'avance
Ses larges crocs pour le festin ;
Et puis vient la cohue , et les abois féroces
Roulent de vallons en vallons ;
Chiens courans et limiers, et dogues et molosses ,
Tout se lance , et tout crie : Allons !
Quand le sanglier tombe et roule sur l'arène ,
Allons , allons , les chiens sont rois ,
Le cadavre est à nous , payons-nous notre peine ,
Nos coups de dents et nos abois.
Allons , nous n'avons plus de valet qui nous fouaille
Et qui se pende à notre cou ;
Du sang chaud , de la chair, allons , faisons ripaille ,
Et gorgeons-nous tout notre soûl.
Et tous , comme ouvriers que l'on met à la tâche ,
Fouillent ses flancs à plein museau ,
Et de l'ongle et des dents travaillent sans relâche ,
Car chacun en veut un morceau ;
Car il faut au chenil que chacun d'eux revienne
Avec un os demi-rongé ,
Et que , trouvant au seuil son orgueilleuse chienne
Jalouse et le poil alongé ,
11 lui montre sa gueule encor rouge , et qui grogne ,
Son os dans les dents arrêté ,
Et lui crie , et jetant son quartier de charogne ,
« Voici ma part de royauté. »
Augi'ste Barbier.
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NATIONALE. 1*5
LES TOASTS.
An : Deg frelons bravant la piqûre.
Buvons aux libertés fécondes ?
Ce cri, gage de tous nos droits,
Trouve un écho dans les Deux-Mondes,
Et devient la leçon des rois.
Versez donc le jus de la treille ,
Chargez la coupe et l'emplissez...
Ah ! pour une santé pareille ,
Pouvons-nous jamais (bis) boire assez? (fer.)
Buvons à ce peuple sublime
Par l'arbitraire soulevé ,
Qui , dans son courroux légitime ,
Brise un sceptre à coups de pavé !
Versez donc , etc.
Buvons au monarque honnête homme !
Ce roi , par le peuple adopté ,
N'attend pas les ordres de Rome :
La charte est une vérité.
Versez donc , etc.
32
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2*4 LA LYRE
Que Von défonce une feuillette ;
Allons , amis , verre en avant...
Buvons , buvons à Lafaybtte ,
Des libertés drapeau vivant.
Versez donc , etc.
A la milice citoyenne ,
Offrons en chœur notre tribut ;
De Mordre fidèle gardienne ,
Elle est notre ancre de salut.
Versez donc , etc.
Buvons au drapeau tricolore !..
Entendez-vous le coq gaulois ,
Saluant sa naissante aurore ,
Proclamer le régne des lois ?
Versez donc , etc.
Buvons au sort de la patrie ,
A son glorieux avenir !
Et que les rois , dans leur furie ,
Se gardent bien d'intervenir !
< Tarissons toutes nos bouteilles »
Versez , versez ,
Et remplissez!...
Amis , pour des santés pareilles !
Pouvons-nous jamais {bis) boire assez? (fer.)
Edmond d'Ocagke.
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NATIONALE. US*
ODE A LA COLONNE (i).
Oh ! quand il bâtissait , de sa main colossale ,
Pour son trône appuyé sur l'Europe vassale ,
Ce pilier souverain ,
Colonne , devant qui tout n'est que poudre et sable ,
Sublime monument , deux fois impérissable ,
Fait de gloire et d'airain ;
Quand il le bâtissait pour qu'un jour dans la ville
Ou la guerre étrangère ou la guerre civile
Y brisassent leur char,
Et pour qu'il fît pâlir sur nos places publiques ,
Les frêles héritiers de vos noms magnifiques ,
Alexandre et César !
C'était un beau spectacle ! —Il parcourait la terre
Avec ses vétérans , nation militaire
Dont il savait les noms ;
Les rois fuyaient ; les rois n'étaient pas de sa taille , .
Et vainqueur , il allait par les champs de bataille
Glanant tous leurs canons.
(1) Chambre des députés du a octobre i83o. — Rapport «ar une
pétition qvi demande la translation en France des cendres de Napo -
l«on. — Ordre du jour !
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2tf* UlfBE
Et puis , il revenait avec la grande armée t
Encombrant de butin sa France bien-aimée
Qu'il faisait de granit ;
Et les Parisjens jetaient des cris de joie
Comme font les aiglons , alors qu'avec sa proie
L'aigle rentre à son nid l
Et lui, poussant du pied tout ce métal sonore,
Il courait à la cuve où bouillonnait encore
Le monument promis;
Le moule en était fait d'une de ses pensées.
Dans la fournaise ardente il jetait k brassées
Les canons ennemis.
Puis il s'en retournait gagner quelque bataille ;
Il dépouillait encore , à travers la mitraille,
Maints affûts dispersés ,
Et rapportant ce bronze à la Rome française ,
Il disait aux fondeurs, penché sur la fournaise :
« En avez-vous assez ! »
Citait son oeuvre à lui ! — Les feux du polygone
Et la bombe et le sabre et l'or de la dragonne ,
Furent ses premiers jeux ;
Général , pour hochets il prit les Pyramides ;
Empereur, il voulut, dans ses vœux moins timides.
Quelque chose de mieux !
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NATIONALE. 9OT
Il fit cette colonne ! — Avec sa main romaine
Il tordit et mêla dans l'œuvre surhumaine
Tout un siècle fameux >
Les Alpes se courbant sous sa marche tonnante ,
Le Nil , le Rhin , le Tibre , Austerlitz rayonnante ,
Eylau froid et brumeux !
Car c'est lui qui , pareil à l'antique Encelade
Du trône universel essaya l'escalade ;
Qui , vingt ans , entassa ,
Remuant terre et cieux avec une parole ,
Wagrani sur Marengo , Champ- Aubert sur Arcole ,
Pélion sur Ossa !
Oh ! quand, par un beau jour , sur la place Vendôme ,
Homme dont tout un peuple adorait le fantôme ,
Tu vins , grave et serein ,
Et que tu découvris ton œuvre magnifique ,
Tranquille et contenant d'un geste pacifique
Tes quatre aigles d'airain ;
A cette heure où les tiens t'entouraient par cent mille ,
Où , comme se pressaient autour de Paul-Emile
Tous les petits-Romains ,
Nous , enfans de huit ans , rangés sur ton passage ,
Cherchant dans ton cortège un père au fier visage ,
Nous te battions des mains ;
aa.
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2*8 LA LYftE
Oh ! qui t'eût dit alors , à ce faîte sublime ,
Tandis que tu rêvais sur le trophée opime
Un avenir si beau ,
Qu'un jour à cet affront il te faudrait descendre ,
Que trois cents avocats oseraient à ta cendre
Chicaner ce tombeau !
Attendez-donc , jeunesse folle ,
Nous n'avons pas le temps encor.
Que vient-il nous parler d'Arcole ,
Et de Wagram et du Thabor ?
Pour avoir commandé peut-être
Quelque armée et s'être fait maître
De quelque ville dans son temps ,
Croyez-vous que l'Europe tombe
S'il n'ameute autour de sa tombe
Les Démosthènes halctans ?
D'ailleurs > le Ciel n'est pas tranquille ;
Les soucis ne leur manquent pas :
L'inégal pavé de la ville
Fait encor trébucher leurs pas.
Et pourquoi ces honneurs suprêmes ?
Ont-ils des monumens' eux-mêmes?
Quel temple leur a-t-on dressé ?
Etrange peuple que nous sommes !
Laissez passer tous ces grands hommes ,
Napoléon est bien pressé.
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NATIONALE. 2tt»
Toute haine est-elle étouffée P
Nous songerons à l'immortel
Quand ils auront tous leur trophée ,
Quand ils auront tous leur autel !
Attendons , attendons , mes frères ;
Attendez , restes funéraires ,
Dépouille de Napoléon »
Que leur courage se rassure ,
Et qu'ils aient donné leur mesure
Au fossoyeur du Panthéon !
Ainsi , cent villes assiégées ,
Memphis , Milan , Cadix , Berlin ,
Soixante batailles rangées ,
L'univers d'un seul homme plein ;
N'avoir rien laissé dans le monde ,
Dans la tombe la plus profonde
Qu'il n'ait dompté , qu'il n'ait atteint ;
Avoir , dans sa course guerrière ,
Ravi le Kremlin au czar Pierre ,
L'Escurial à Charle- Quint ;
Ainsi , ce souvenir qui pèse
Sur nos ennemis effarés ,
Ainsi , dans une cage anglaise ,
Tant de pleurs amers dévorés ;
Cette incomparable fortune ,
Cette gloire aux rois importune ,
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ttO LAITUE
Ce nom si grand , si vite acquis ,
Sceptre unique , exil solitaire ,
Ne valent pas six pieds de terre
Sous les canons qu'il a conquis !
ni.
Encor si c'était crainte austère ,
Si c'était l'âpre liberté
Qui d'une cendre militaire
N'ose ensemencer la cité !
Si c'était la vierge stoïque
Qui proscrit un nom héroïque
Fait pour régner et conquérir ,
Qui se rappelle Sparte et Rome ,
Et craint que l'ombre d'un, grand homme
N'empêche son fruit de mûrir !
Mais non , la liberté sait aujourd'hui sa force ;
Un trône est sous sa main comme un gui sur l'écorce ,
Quand les races de rois manquent au droit juré ;
Nous avons parmi nous vu passer, 6 merveille !
La plus nouvelle et la plus vieille ;
Ce siècle avant trente ans avait tout dévoré.
ta France guerrière et paisible
A deux filles du même sang :
L'une fait l'armée invincible ,
L'autre fait le peuple puissant.
La gloire , qui n'est pas l'aînée ,
N'est plus armée et couronnée ,
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N^TWVAXE. SGI
Ni pavois ni sceptre oppresseur !
La gloire n'est plus décevante ,
Et n'a plus rien dont s'épouvante
La liberté , sa grande sœur.
Non, s'ils ont repoussé la relique immortelle,
C'est qu'ils en sont jaloux, qu'ils tremblent devant elle,
Qu'ils en sont tous pâlis :
C'est qu'ils ont peur d'avoir l'empereur sur leur tête
Et de voir s'éclipser leurs lampions de fête
Au soleil d'Austerlitz.
Pourtant c'eût été beau , lorsque sous la colonne
On eût senti présens dans notre Babylone
Les ossemens vainqueurs.
Qui pourrait dire , au jour d'une guerre civile ,
Ce qu'une si grande ombre, hôtesse de la ville ,
Eût mis dans tous les cœurs !
Si jamais l'étranger , ô cité souveraine ,
Eût ramené brouter les chevaux de l'Ukraine
Sur ton sol bien-aimé ,
Enfantant des soldats dans ton enceinte émue ,
Sans doute qu'à travers ton pavé qui remue ,
Ces os eussent germé !...
Et toi , colonne ! un jour , descendu sous ta base ,
I<e pèlerin pensif contemplant en extase
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Ses LALYKE
Ce débris surhumain ,
Serait venu peser, à genoux sur la pierre ,
Ce qu'un Napoléon peut laisser de poussière
Dans le creux de la main.
O merveille î ô néant ! tenir cette dépouille !
Compter et mesurer les os que de sa rouille
Rongea le flot marin ,
Ce genou qui jamais n'a plié sous la crainte ,
Ce pouce de géant dont tu portes l'empreinte
Partout sur ton airain ;
Contempler le bras fort , la poitrine féconde ,
Le talon qui , douze ans , éperonna le monde >
Et , d'un œil filial ,
L'orbite du regard qui fascinait la foule ,
Ce front prodigieux , ce crâne fait au moule
Du globe impérial !...
Et croire entendre , en haut , dans tes noires entrailles,
Sortir du cliquetis des confuses batailles ,
Des bouches du canon ,
Des chevaux bennissans , des villes crénelées ,
Des clairons , des tambours , du souffle des mêlées,
Ce bruit : Napoléon !
Rhéteurs embarrassés dans votre toge neuve ,
Vous n'avez pas voulu consoler c#te veuve
Vénérable aux partis !
Tout en vous partageant l'empire d'Alexandre ,
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NATIONALE. 265
Vous avez peur d'une ombre et peur d'un peu de cendre . . .
Oh ! vous êtes petits !...
v.
Hélas ! — hélas ! garde ta tombe !...
Garde ton rocher écumant,
Ou , t'abattant comme la bombe ,
Tu vins tomber tiède et fumant !
Garde ton âpre Sainte-Hélène ,
Où de ta fortune hautaine
L'œil ébloui voit le revers ;
Garde l'ombre où tu te recueilles ,
Ton saule sacré dont les feuilles
S'éparpillent dans l'univers.
Là, du moins , tu dors sans outrage ;
Souvent tu t'y sens réveillé
Par les pleurs d'amour et de rage
D'un soldat rouge agenouillé.
Là , si par fois tu te rélèves ,
Tu peux voir , du haut de ces grèves ,
Sur le globe azuré des eaux ,
Courir vers ton roc solitaire
Gomme au vrai centre de la terre ,
, Toutes les voiles des vaisseaux.
Dors, nous t'irons chercher. —Un jour viendra peut-être,
Car nous t'avons pour Dieu sans t'avoir eu pour maître,
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264 LA LYRE
Car notre œil s'est mouillé de ton destin fatal ;
Et sous les trois couleurs comme sous l'oriflamme ,
Nous ne nous pendons pas à cette corde infâme
Qui t'arrache à ton piédestal !
Oh va ! nous te ferons de belles funérailles;
Nous aurons bien aussi peut-être nos batailles,
Nous en ombragerons ton cercueil respecté ;
Nous y convîrons tout , Europe, Afrique , Asie ,
Et nous t'amènerons la jeune poésie
Chantant la jeune liberté !
' Tu seras bien chez nous ; couché sous la colonne ,
Dans ce puissant Paris qui fermente et bouillonne ,
Sous ce ciel tant de fois d'orages obscurci ,
Sous ces pavés vivans qui grondent et s'amassent ,
Où roulent les canons , où les légions passent ;
Le peuple est une mer aussi !
S'il ne garde aux tyrans qu'abyme et que tonnerre ,
Il a pour le tombeau profond et centenaire ,
( La seule majesté dont il soit courtisan ) ,
Un long gémissement > infini , doux et sombre ,
Qui ne laissera pas regretter à ton ombre
Le murmure de l'Océan.
Victor Hugo.
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NATIONALE. 263
BILLET DE GARDE (i).
A SA MAJESTE LE ROI DES FRANÇAIS.
Sire , la poésie admet quelque licence ,
Et traite avec les rois de puissance à puissance.
Jusqu'en votre palais , fidèle à mon devoir ,
Je dois faire des lois respecter le pouvoir ,
Sans prétendre affecter une morgue hautaine.
C'est pour les maintenir qu'on m'a fait capitaine ,
Et Télu de la France à l'élu du quartier ,
Voudra bien pardonner d'avoir fait son métier,
Surtout quand il s'agit d'une auguste recrue :
Vous ne pouvez nier avoir pignon sur rue ,
Et ceux qui près de vous ont eu long-temps accès
Assurent que toujours vous fûtes bon Français.
Vous êtes électeur , vous êtes éligible ;
Vous payez même plus que le cens exigible.
(i) Le jour ou les officiera de la deuxième légion rendirent leur
visite an Roi , Sa Majesté leur ayant fait remarquer qu'il faisait par
tie de cette légion, le capitaine de la troisième compagnie du pre-
mier bataillon, M. £. Dupaty, eut l'honneur d'adresser à Philippe I
le billet de garde ci-dessus.
a3
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266 LA LYRE
Séparé du palais par un mur mitoyen ,
Je connais vos vertus ; vous êtes citoyen.
Or de quatre-vingt-onze une loi salutaire ,
Veut que tout citoyen soit soldat volontaire.
Vous , notabilité de l'arrondissement ,
Puis-je vous oublier dans mou recensement?
Je dois , faisant monter chacun à tour de rôle ,
D'un recensé royal enrichir mon contrôle.
On se plaint qu'avec vous j'ai mis trop de délais ;
On dit que je respecte un peu trop les palais ;
Qu'à tort entre les rangs j'admets des différences;
On m'accuse d'avoir pour vous des préférences ,
Quoiqu'il soit bien permis d'en avoir pour les rois ,
Qui sur l'amour du peuple ont fondé tous leurs droits.
De votre bouche enfin cette phrase est sortie :
« De votre légion, messieurs, je fais partie. »
Sire , vos moindres mots , recueillis dans les cœurs ,
Du temps et de l'oubli sont aisément vainqueurs.
Je vous prends donc au mot , l'équité le demande ,
Vous commandez à tous ; mais la loi vous commande :
Souffrez que votre nom, cher à vos défenseurs,
Soit gravé sur la liste où j'inscris mes chasseurs.
Gomme ils défileront fièrement la parade !
Heureux d'avoir conquis leur roi pour camarade.
Nous vous rendrons d'ailleurs le service léger ,
Et de tours j'aurai soin de ne pas vous charger.
Lorsque , d'un peuple brave allégeant la souffrance ,
Vous serez nécessaire au bonheur de la France ,
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NATIONALE. 267
Quand vous viendrez au poste on vous y bénira ;
Quand vous n'y viendrez pas on vous regrettera.
Nous pourrons exempter, cet emploi me regarde f
Un roi qui pour son peuple est tous les jours de garde ;
Nous vous dispenserons même d'un remplaçant ;
Lorsque Ton est ainsi Von n'est jamais absent.
Le premier grenadier d'une époque guerrière ,
D'Auvergne , après sa mort comptait sous la bannière ;
Et quand viendra l'appel , le plus brave de nous
Dira pour vous : « présent !.. » du moins au cœur de tous.
Voulez-vous cependant que ce mot se prononce ,
Sans que la compagnie à son espoir renonce ?
Joinville (i) dans nos rangs peut remplir ce devoir :
Il répondra pour vous , et nous croirons vous voir
Dans ce fils , qui promet de nous être prospère ,
Si l'image grandit ressemblant à son père.
Emmanuel Dcpàtt.
(i) Sa Majesté a daigné se rendre an rœo exprimé par le capitaine:
le prince de Joinville a été porté, en qualité de chasseur, sur les con-
trôles de la troisième compagnie.
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268 LA LYRE
AU PEUPLE DE PARIS.
18 octobre x83o, « h. du soir.
Citoyens de Paris , vous , dont le bras naguère
Contre le roi-parjure improvisant la guerre ,
Fracassant en trois jours le sceptre des tyrans ,
D'une page inouïe a décoré l'histoire ;
Vous que dans le combat , vous qu'après la victoire
Nos yeux ont contemplés si grands.
Toi , toi , foule héroïque et peuple magnanime ,
Est-ce aujourd'hui le Ciel ou l'enfer qui t'anime ?
Est-ce la Liberté qui te dit : lève-toi?
En mettant dans vos mains la bannière immortelle,
Comme aux jours de juillet , ô Français ! vous dit-elle :
Marchez et ressuscitez-moi ?
Non! ... celui qui , fuyant les foyers domestiques
Témoins de son repos , de ses vertus antiques ,
Reconnut , adopta vos drapeaux triomphans ,
Que vous avez doté du trône héréditaire ,
Des soucis du pouvoir esclave volontaire ,
Vous a tous nommés ses enfans !
dby Google
NATIONALE. 269
Frères, il n'a qu'un but , qu'un vœu , qu'une espérance !
Il travaille sans cesse au bonheur de la France !
Ses mots vrais et touchans font seuls couler les pleurs !
Plus belle , resplendit la charte ranimée !
Le bronze , monument de notre grande armée ,
Se couronne des trois couleurs !
Nos envoyés, portant l'alliance jurée ,
Arrivent du Volga , de Naples , de la Sprée ,
Du Danube, de Londre et du Saint-Vatican!
Frères, que voulez-vous ? pourquoi ces cris de rage ?
Pourquoi vous soulever comme une mer d'orage ?
Pourquoi gronder comme un volcan ?
Mais j'entends.... vous criez anathème aux ministres
Qui voulaient nous courber sons leurs plumes sinistres ,
Dont le plomb terrassa des braves , des héros ;
Et pour offrir aux morts un sanglant sacrifice ,
Avant le jugement , vous demandez l'office
Que la loi réserve aux bourreaux !
La loi! peuple ! la loi ! que nul ne la récuse !
La loi! Qu'ils soient jugés ceux que la France accuse !
Que l'infâme complot soit bientôt éclairci !
Vous , frères , dissipez ce menaçant cortège !
«Laissez , laissez régner la loi qui les protège ,
Car la loi vous protège aussi !
a3.
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270 LA LYRE
Non , ne déployez plus une enseigne mutine !
Etouffons à jamais de la guerre intestine
Le germe destructeur sous nos pas renaissant !
La jeune Liberté , pour vivre et croître à l'aise %
D'un sceau réprobateur frappant quatre-vingt-treize ,
Repousse un baptême de sang !
Ton père t'a parlé , ne lui sois pas rebelle !
O peuple de Paris , dont la gloire est si belle ,
Par un égarement ne va pas la ternir !
Frères , gardez vos bras pour un plus noble usage ;
Car troublant une paix , qu'aujourd'hui tout présage ,
Un jour l'étranger peut venir !
Si l'étranger venait , qu'un tocsin nous rassemble ;
Qu'alors à l'ennemi nous marchions tous ensemble !
Citoyens , du danger je réclame ma part ;
Et , devant le drapeau qui subjugua la terre ,
Vous me verrez , paré de l'habit militaire ,
Fêter d'un chant notre départ !
Edouard d'Angle m ont.
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NATIONALE. 271
LE GRAND ORIENT DE FRANGE
AU GENERAL LAFATETTE.
Salut, Nestor de la maçonnerie !
Salut au fondateur de notre liberté !
Salut homme de bien , dont le nom respecté
Devient l'appui , l'honneur, la foi de la patrie î
A l'aspect de tes cheveux blancs
Chacun de nous se dit avec ivresse !
« Oh qu'il est bien !... La faux du temps
« N'a point encor fané les fleurs de sa jeunesse.
« Son œil est plein de feu ; son geste, noble et prompt :
« À s'élancer au bien son ame est toujours prête ;
« Et les nombreux lauriers qui couronnent sa tête
« Ont empêché les ans de sillonner son front. »
Viens embellir notre vallée !
Ressaisis avec nous l'équerre , le compas ,
Et ce niveau sacré qu'en de lointains climats
Ta jeunesse bouillante et des cours exilée
Sut fonder, avec Washington ,
Dans les champs de Monmouth , aux plaines de Boston ;
De concert avec nous propage dans la France
La charité , la foi... la douce tolérance !
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272 LA LYRE
Partage les travaux actifs et bienfaisans
De cinq cents ateliers dont les représentais
Composent le sénat qu'un grand guerrier préside (i) ,
Et qu'il couvrit de son égide
Dans tous les lieux , dans tous les temps.
Aide-nous à bâtir pour le bonheur du monde ,
Toi , dont la sagesse profonde
Du peuple et du monarque a formé le lien ;
Toi , dont la fière indépendance
Prouve qu'on peut garder son rang de citoyen,
Tout en reconnaissant la suprême puissance.
Non , jamais tu ne fus plus grand
Que lorsque tu te fis le sujet, le garant
De ce prince modeste , affable , magnanime ,
Qui , fuyant des grandeurs l'insipide attirail ,
A Jemmape , à Valmy, du soldat eut l'estime ,
Et vécut dans l'exil de son noble travail.
Tu dis aux nations, par ce choix qui t'honore ,
Qu'on ne règne que par les lois ;
Et que le vrai sceptre des rois ,
C'est notre drapeau tricolore.
Si tout mon cœur vers toi s'élance en ce moment
Qui ne s'effacera jamais de ma mémoire ,
Et si j'éprouve un doux tressaillement ,
Ah ! n'en sois pas surpris : je suis , et j'en fais gloire r
(i) Le maréchal duc de Tarante.
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NATIONALE. 275
Un de ces vieux quatre-vingt-neuf,
Qui fronda les excès , la lisible insolence
De ces valets de l'œil de bœuf,
Que gonflait la sottise et qu'engraissait la France.
Toi-même alors , frappé de leurs travers ,
Tu voulus les tirer du plus honteux servage ,
Les éclairer, briser leurs fers.
Ils méconnurent ton langage ,
T'accqyrent de trahison ;
Tous ils étaient blessés de voir ton écusson
Porter ces mots : « Egalité!... Courage .'...
Les insensés ! ils ont osé bien plus :
Lorsque de l'anarchie , honorable victime ,
Tu gémissais dans le séjour du crime ,
Ils insultaient aux nobles fers d'Olmutz...
Ces grands héros de cour, que sont-ils devenus
Dans les trois fameuses journées
D'où dépendaient nos destinées ?
Quels furent leurs exploits?... Dédaignés et vaincus»
Ils se sont dissipés comme une ombre légère ;
Et pour les réduire en poussière ,
Qu'a fait le peuple?... Il a soufflé dessus.
Toi , debout sur ta renommée ,
De citoyens-soldats te fesant une armée ,
Tu n'as songé qu'à ton pays.
{On t'a vu tour à tour comprimer l'anarchie ;
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274 LA LYRE
Econduire les faux amis
De notre liberté que Ton craint , qu'on envie ;
Rappeler près de toi ces braves délaissés ,
Malgré leurs vieilles cicatrices ;
Consoler le malheur , visiter les blessés ,
De nos justes tributs leur offrir les prémices ;
Par la puissance de ton nom
Maintenir Tordre et la paix où nous sommes ,
Et te mériter le renom
Du plus grand citoyen et du meilleur des hommes.
Mais pour te bien connaître et pour t'ap'précier ,
Il faut te suivre au sein de ta famille.
Sur tout ce qui t'approche , oh ï quelle ivresse brille !
Qui n*envîrait ton paisible foyer ,
Lorsque Ton voit Pauline, Mélanie,
Clémentine, Jenny, Mathilde, Nathalie (ï) ,
Si fieres de ton nom , et si riches d'appas ,
Te contempler , suivre tes pas ,
Entourer à l'envi le siège où tu reposes ,
Des baisers de l'aïeul disputer le premier...
On croit voir un buisson de roses
Qu'agite le zéphir à l'ombre d'un laurier.
Poursuis long-temps encor ton heureuse carrière ,
Pour tous les francs-maçons si sacrée et si chère !
(i) Les six petites-filles du général Lafayette.
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NATIONALE. 27$
Reviens nous visiter souvent ,
Exciter nos transports et nos cris d'allégresse !
Viens raviver le feu de ta belle vieillesse
Aux rayons du Grand-Orient!
Le soleil donne aux fleurs la chaleur et la vie ,'
De l'univers il maintient l'harmonie ,
Fait aux frimats succéder le printemps :
Il prolongera l'existence
Du héros , l'honneur de la France ;
Il embellira les in3tans
D'un vieillard devenu la richesse publique ;
Ainsi que le chêne civique ,
La Fayette vivra cent ans...
Mais qu'ai-je dit? En vain l'impitoyable temps
Voudrait trancher ses jours; l'impartiale histoire
A l'instant même , au Temple de Mémoire ,
Burinerait ses vertus, ses hauts faits...
Un grand homme s'endort , mais il ne meurt jamais.
J. N. Bouillt.
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TABLE.
ABADIE (Th.).
La Révolution de i83o. ao5
AGOUB.
L'Avènement de Philippe I er . 186
ARAGO (Et.) et DUVERT.
La Parisienne. 161
BARBIER (Auc).
La Curée. 248
BARRIÈRE (aîné).
Esclavage et Liberté. *44
BARRIÈRE (Alex.).
Ils l'ont voulu. aoo
BARTHELEMY et MÉRY.
L'Insurrection. ifô
BELMONTET.
Le duc de Reischtadt à Schœnbrunn. 100
BÉRANGER (J.-P.).
Le Vieux Drapeau. 37
Les Vétérans. 5o
Le Sacre de Charles-le-Simple. 6a
La Démence de Charles x , (attribué) . 75
Vive la Charte , (attribué). , I0
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TABLE.
277
BLANC (Ad.).
Les Trois Couleurs.
111
BONVALOT.
Les Français Précepteurs de l'Europe.
.6,
BOUILLY (J.-N.).
Le Grand Orient au général Lafayette.
371
CABASSOL (J.).
Le Dindon et les Canards.
97
CHAPONIÈRË.
Laissez-le passer.
83
CHARLES-MALO.
Je renonce à la satire.
9*
CELNART (Mme. Elisabeth.)
Le Cri d'une Femme.
117
CHEMER.
L'Assemblée nationale.
i4
COLLACHE.
La France en 1816.
4<*
CORDELLIER-DELANOUE.
Ode.
»*4
D'ANGLEMONÎ (Ed.).
Au Peuple de Paris.
268
DARTHENAY (T.).
Lé Sacrilège.
78
DEBREAUX (E*ilb).
Là Colonne.
5a
Là Cocarde tricolore.
227
DELAVIGNE (Gâsimib).
La Parisienne.
11»
Une Semaine de Paris.
aag
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278 TABLE*
DESBORDES-VALMORE (M««.).
Le Drapeau tricolore. ao5
DESCHAMPS (Emile).
Sonnet. iao
DESESSARTS (Alfrbd).
Louis-Philippe I er . T
D'OCAGNE (Edmomd).
Les Toasts. a53
DROUINEAU (Gustave).
Le Soleil de la Liberté. l6 4
DUMAS (Albx.).
Le Siècle et la Poésie. ^
DUPATY (Emm.).
Billet de Garde au Roi. ^
DURIEU (Eue).
ABéranger. i»4
EUGENE (Ph.).
Hymne en l'honneur des Pavés. iai
GAY (Madem. Delphine).
Les Sennens. '^°
GINGUËNE.
8
Les Etats-Généraux.
HALEVY (Lion).
Hymne national. l
HUGO (Victor).
A la jeune France. l
Ode à la Colonne. %
LACROIX (Paul).
Le père Ange de Montrouge au général de l'Ordre. 66
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TABLE.
279
La Révolution de Paris.
19*
LALANGE (Gustave).
Le Coq Français.
211
LAMARQUE (Nestoe de).
Le Fils du Grand homme.
£9
Les Novembriseurs.
80
LATOUR.
Les Jésuites au Panthéon.
9i
LEBRUN (Ecoucdaed).
Les Rois.
t
Devoirs d'un Roi.
3a
LEFLAGUAIS (Alph.).
Aux Enfans de la France.
i35
LEMERGIER (Népomucbre).
Le Triomphe national.
ai3
LESGUILLON (J.).
Foy et Manuel au Panthéon.
*3g
LIT AIS (A.).
La Conquête de la Liberté.
aa4
MARTIN (H.).
Chant Funèbre.
i3a
MAUREL (Jules).
Le Réveil du Peuple.
i3o
MILON (E.).
Conseil d'un Jésuite à Charles x.
108
PHILPIN (le ch«).
La Liberté sous l'empire des lois.
177
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L
3*0 TABLE.
PICARD (de l'institut).
Le Club des Amfc fltf Privilège. a6
ROBERT (de Triel).
Souvenirs d'un; Français. 35
ROUGET DE L'ISLE.
Là Marseillaise. 3r
Kléber. fi
ROZIER.
La Liberté conquise. . 185.
SAINTINE (X.).
Le Soldat blessé. n5
SAINT-ALBIN (H.).
Lafayette à Paris. iy{ •
SAINT-CLAIRE.
€k«nt national. %$
YILLENAYE fils,
lafcyette. V„
WATRIN (E.)
Le Chant du Vieux Soldat. ia$
ANONYMES.
La liberté. w ,3
Le Salut de l'Empire. a<
Bertrand au tombeau de son général. - 55
Ayant, Pendant et Après. ^3
Lettre d'un Pair à Charles x. 335
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